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Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2024

Mercredi 17 avril 2024

Les éponges au service de l'Humanité

Nous avons évoqué dans notre newsletter du 10 avril l'immense patrimoine corallien français de 58.000 kilomètres carrés, disséminé dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique, sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Nous avons également mis en évidence que cette fantastique richesse nationale n'est pas exploitée comme elle devrait l'être logiquement, notamment au profit de la jeunesse française et des entrepreneurs de notre territoire. Nous avons aussi démontré qu'aujourd'hui ces ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers (Blasiak et al. 2018), sans que les sites d'origine des organismes marins qui génèrent les molécules d'intérêt à usage de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement ne bénéficient du moindre euro réalisé par ces exploitants sous pavillons étrangers. Nous sommes à l'initiative du Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, fruit de plus de trois années de travail. Nous proposons une démarche simple et efficace de SOUVERAINETÉ NATIONALE qui conjugue : exploitation vertueuse, préservation de la biodiversité et réel partage des avantages. Tout ce que le Protocole de Nagoya est censé mettre en œuvre, sans aucun succès. Pour le moins pas en France. Explication à suivre…

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Grâce à la génétique, sans tuer ni blesser les éponges, apparues sur la Planète il y aurait 650 millions, voire 750 millions d'années, il va être possible d'en extraire les précieuses molécules d'intérêt au service de l'Humanité : Santé, Bien-être, Services à l'Environnement. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)

Concepteur du projet REFRACOR 2030, Yvan Griboval explique : "Lorsque je suis revenu de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2026-2017, qui fut la première campagne de collecte de données scientifiques à l'interface Air-Mer - à la voile et en solitaire de surcroît - dans le Courant Circumpolaire Antarctique sous les trois grands cap continentaux et que je partageais mon expérience au gré de conférences ou devant des élèves du primaire (CM1-CM2), j'ai pris conscience qu'évoquer les données collectées qui n'avaient aucune valeur marchande ne mobilisait absolument pas mes auditeurs. Cela ne les incitait pas à préserver l'Océan. Je passais donc complètement à côté de la cible. Simplement parce qu'en général ce qui n'a pas de valeur : marchande, affective, personnelle…,  ne justifie pas d'être respecté, préservé. Puisque cela ne vaut rien. Pourquoi diable étais-je allé si loin au péril de ma vie collecter ces données physico-chimiques, bien que de qualité, pour lesquelles seul un groupe restreint de scientifiques avait un intérêt. Un faible intérêt puisque n'engageant aucun euro pour se les procurer…"

 

"Alors, je me suis documenté pour savoir ce qui pourrait avoir de la valeur dans l'Océan au point de générer un intérêt assez fort du plus large public pour qu'il ait envie de le protéger. Car ma démarche était et demeure de mobiliser les Terriens à préserver la Mer et sa biodiversité. Sans aller bien loin, la littérature scientifique étant abondante, je me suis documenté au sujet des récifs coralliens. Pas de doute, les organismes qui y sont nichés recèlent des ressources quasiment infinies pour des usages au profit de l'Humanité. Tous les scientifiques consultés, dont, en priorité, Denis Allemand, Directeur Scientifique du Centre Scientifique de Monaco, réputé pour y étudier et élever des coraux depuis la fin des années 80, ont confirmé le bien-fondé de ce choix."

 

"Encore fallait-il se décider à se concentrer sur un organisme marin en particulier, tellement la richesse de la biodiversité de ces sites coralliens est immense. Les scientifiques s'accordent à estimer qu'ils accumulent environ 25% des organismes marins de l'Océan qui représente lui-même 71% de la Planète. Premier réflexe : s'intéresser au corail. Jusqu'au moment où une conversation à Brest en marge du One Ocean Summit, le 10 février 2022, avec l'éminent biologiste Gilles Bœuf - avec qui je m'étais entretenu pour la première fois à son bureau lorsqu'il était Président du Muséum National d'Histoire Naturelle - m'orienta définitivement vers les spongiaires (éponges) : "Des animaux extraordinaires qui méritent de s'y intéresser car ils peuvent apporter beaucoup aux êtres humains", selon Gilles. Ensuite, la rencontre avec Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE au sein de la Station Marine d’Endoume (Marseille) et sûrement le plus grand spongiologue français en activité à ce jour, disciple lui-même de Jean Vacelet, me convainquit de concentrer les efforts des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens et du Projet REFRACOR 2030 sur le thème des éponges."

 

"Mais en creusant le sujet, j'ai découvert que pour extraire les précieuses molécules, ces principes actifs à usage de la santé des êtres humains, il était nécessaire de disposer d'immenses quantités d'organismes vivants. J'en veux pour preuve la découverte en 1969 par le Professeur Kenneth L. Rinehart (1929-2005) de l'Université de l'Illinois (États-Unis) selon laquelle un extrait d'une ascidie (Ecteinascidia tubinata) de la Mer des Caraïbes recélait des molécules actives anticancéreuses (Ecteinascidin 743). Cette molécule a été purifiée en 1984 au sein de l'Université de l'Illinois. Mais son possible usage à des fins d'anticancéreux n'a été publié qu'en 1996 par le Professeur Elias James Corey, chimiste au sein de l'Université de Harvard (États-Unis) et Prix Nobel de Chimie 1990. Le brevet d'usage de cette molécule, commercialisée aujourd'hui par l'entreprise espagnole PharmaMar, a été déposé par Harvard. Mais revenons à l'essentiel : il a été nécessaire de tuer une tonne d'ascidies pour obtenir un gramme de principe actif. Or, il faut au moins cinq grammes pour un essai clinique !"

 

"Bref, je découvrais avec stupeur que mettre en évidence la richesse moléculaire des organismes marins des récifs coralliens ne pouvait qu'encourager le pillage et la destruction des précieux récifs, l'appauvrissement de leur fantastique biodiversité. Tout l'opposé de ma démarche initiale !"

 

"Que de nuits blanches à ressasser ce paradoxe… Jusqu'à la rencontre avec le Professeur Christian Siatka, Généticien devenu depuis vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens. "Si je te prends un cheveu, un morceau d'ongle, je ne te fais pas mal et j'obtiens ton ADN", m'expliqua-t-il fort simplement. "Et si tu fais de même avec de minuscules morceaux d'éponges, tu obtiendras leur ADN. Il sera possible d'y rechercher des molécules d'intérêt par des travaux de bio-informatique sans avoir besoin, ni de tuer, ni de blesser la moindre éponge et encore moins de retourner la déranger sur son récif".

 

"Dans ces conditions, il devenait possible de valoriser le patrimoine récifal français en s'intéressant aux éponges, réputées pour leurs propriétés exceptionnelles. Il s'avérait surtout possible également de préserver les précieuses données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction, elle-même en phase d'accélération du fait du dérèglement climatique. Voici donc comment se bâtirent les fondamentaux du Projet REFRACOR 2030."     

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Les récifs coralliens français sont aujourd'hui un spectacle naturel (magique !) pour les touristes et le terrain

d'exploration de la recherche scientifique fondamentale. Ils sont aussi une réserve infinie de molécules d'intérêt

à usage des êtres humains. Un patrimoine national à préserver. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches

CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)

Nous avons déterminé trois grands objectifs au Projet REFRACOR 2030 :                      

       

Premier objectif : Préserver le fantastique patrimoine des REssources FRAnçaises CORalliennes de : Méditerranée - Océan Atlantique / Mer des Caraïbes - Océan Indien - Océan Pacifique et d'en permettre l'usage vertueux grâce à un traitement génétique (numérique) qui ne tue ni ne blesse les organismes marins. 

 

Deuxième objectif : Garantir au territoire d'origine des échantillons prélevés un profit significatif généré par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle - incluant le dépôt de brevets pour une protection renforcée - relative à l'usage de molécules d'intérêt issues d'organismes marins. Pour cela il est nécessaire d'établir une parfaite traçabilité des échantillons, puis des données numériques qui en sont issues. La blockchain nous le permet.

 

Troisième objectif : Permettre la création de nouveaux métiers de l'Économie Bleue par le traitement génétique (numérique) des ressources françaises coralliennes au profit des lycéens et des jeunes étudiants jusqu'à BAC + 3, prioritairement à ceux originaires des sites de prélèvement des échantillons d'organismes marins. Par exemple, former prioritairement les jeunes Guadeloupéennes et Guadeloupéens à la génétique appliquée aux organismes marins du Parc national de la Guadeloupe en collaboration avec les filières pédagogiques locales. L'Intelligence Artificielle (IA) aidera à établir un pont entre le travail des étudiants, d'une part et l'univers français des start-ups et celui des industries concernées, d'autre part. 

 

À moyen terme, l'objectif est de mettre au point le texte d'un cadre réglementaire applicable à TOUTES les ressources françaises coralliennes et de le présenter à la communauté internationale en guise de document fondateur d'une future réglementation internationale pour renforcer le Protocole de Nagoya, afin de préserver aussi bien le vivant que les données génétiques (numériques) qui en sont issues. Une innovation majeure !

 

À plus long terme, l'objectif est de participer ainsi au financement de la mise en œuvre d'Aires Marines Protégées et de Réserves Naturelles Nationales en compensant la diminution des recettes d'exploitation touristique des récifs coralliens - qui menace leur biodiversité - par des profits financiers garantis par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle relative à l'usage de molécules d'intérêt issues des organismes marins des sites concernés.

 

FINALITÉ DU PROJET REFRACOR 2030                         

       

En résumé, la finalité du projet de souveraineté nationale REFRACOR 2030 est de : Protéger efficacement et valoriser vertueusement le patrimoine des fantastiques ressources sous-marines françaises ; Créer des filières d'excellence pour les jeunes en collaboration durable avec nos Outre-mer ; Développer l'Économie Bleue de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement conformément à l'Objectif 7 de France 2030 : "Produire en France au minimum 20 biomédicaments, en particulier contre les cancers, les maladies rares, les maladies chroniques, dont celles liées à l'âge".

 

Désormais, nous réalisons la phase-test du Projet REFRACOR 2030 au gré de la mise en œuvre des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens, à la voile en autonomie totale sans émission de CO2 avec notre Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, intégralement équipé en plateforme de recherche océanographique, grâce au soutien de nos partenaires et mécènes, mais également d'industriels qui mesurent l'intérêt d'une exploitation vertueuse des ressources coralliennes pour en préserver la biodiversité. Une démarche dans l'intérêt des populations des sites coralliens concernés, car ce seront les premiers gardiens du trésor national !

 

Parallèlement, nous proposons au gouvernement français une ébauche de convention de préservation de notre patrimoine récifal national. Nous espérons qu'elle sera reprise par l'ensemble des pays réunis au sein des Nations Unies. Cela tombe bien : leurs représentants seront à Nice du 5 au 15 juin 2025 à l'invitation du Président de la République Emmanuel Macron dans le cadre de la troisième Conférence pour l'Océan - UNOC Nice 25…

Mercredi 10 avril 2024

Au pays où le soleil ne se couche jamais…

La France est présente dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique. Sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Il est donc légitime de déclarer que le soleil ne se couche jamais sur notre pays. Il est doté du deuxième espace maritime au Monde (Zone Économique Exclusive - ZEE) avec 11.035.000 km² derrière les États-Unis (11.351.000 km²) et largement devant les Australiens (8.505.348 km²). La France dispose surtout du plus grand domaine sous-maritime au Monde (11.614.000 km²), soit un patrimoine inestimé …et inestimable. Surtout, un patrimoine inexploité ! Ou, pour le moins, dont les ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers. Explication ci-après…

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Cette carte de la France et de ses départements et régions d'outre-mer ainsi que de ses collectivités d'outre-mer

- DROM-COM précédemment dénommés DOM-TOM - met en évidence que le soleil brille toujours quelque part

sur son territoire. Il est donc juste d'affirmer que "la France est le pays où le soleil ne se couche jamais".

Carte Superbenjamin d'après BlankMap World

Selon le Ministère de la transition écologique et de de la cohésion des territoires en 2021 : "La France compte 58.000 km2 de récifs coralliens et leurs lagons, soit près de 10% des récifs mondiaux derrière l'Australie, l'Indonésie et les Philippines".

 

Or, de ces quatre pays, c'est probablement la France qui dispose de la plus grande puissance de recherche scientifique au service de l'étude des récifs coralliens et de leur biodiversité sous toutes ses formes. Un leadership en la matière acquis grâce au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), à l'Institut Français de Recherche pour le Développement (IRD) et à l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), pour ne citer que les quatre instituts emblématiques qui font la fierté de notre pays. Il faut y adjoindre les nombreuses Unités Mixtes de Recherche (UMR) adossées à des facultés dotées de professeurs internationalement réputés par la qualité de leurs travaux.

 

C'est ainsi que les Français publient de nombreuses études scientifiques de grande valeur. Des trésors qui tombent dans le domaine public dès leur parution. Ou comment dilapider le patrimoine récifal français au profit des grands pôles industriels étrangers. Une étude de l'Université de Stockholm l'a mis en évidence en juin 2018, au gré d'un travail réalisé par cinq chercheurs dont le Français Jean-Baptiste Jouffray : Corporate control and global governance of marine genetic resources - 06 June 2018 - Robert Blasiak, Jean-Baptiste Jouffray, Colette C. C. Wabnitz, Emma Sundstrom, Henrik Österblom.

 

Selon cette étude, les Big Six de la chimie : BASF, Bayer, Dow Chemical, DuPont, Monsanto et Syngenta détenaient à la fin de l'année 2017 un total de 84% des brevets relatifs aux ressources génétiques issues d'organismes marins. À elle seule, la société allemande BASF, leader mondial de la chimie, en détenait 47%, dont un bon nombre relatif à des organismes coralliens. Pourtant, l'Allemagne ne dispose d'aucun récif corallien tropical. À moins que cela ne nous ait échappé… Mais l'Allemagne, comme une majorité de nations, bénéficie également du sacro-saint partage gratuit des données entre instituts scientifiques. Dont, évidemment, les résultats de la performante recherche fondamentale française effectuée sur des organismes prélevés dans notre patrimoine corallien !

 

Ainsi, les industriels étrangers accèdent aux fantastiques ressources récifales patrimoniales de la France sans bourse délier, sans contribuer à la formation scolaire et universitaire française, sans favoriser le développement de startups de biotech, sans financer la healthtech tricolore. Leurs produits manufacturés issus des ressources récifales tricolores peuvent donc menacer notre souveraineté industrielle dans des secteurs à forte valeur ajoutée, sans enfreindre aucune loi, sans risquer une seule sanction. Avouez qu'ils auraient tort de se priver, ne les en blâmons pas.

 

Car aucune règlementation internationale, ni même française, n'existe à ce jour pour protéger efficacement les ressources génétiques (données numériques) d'organismes vivants, terrestres ou marins.

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Observez bien ces superbes organismes marins photographiés sur les récifs coralliens du Parc national de la Guadeloupe. Au-delà de leurs couleurs exceptionnelles, ils recèlent probablement des molécules d'intérêt à usage de la Santé. Photo Claude Lefebvre avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe

D'aucuns et ils sont nombreux, argueront que le Protocole de Nagoya - adopté en 2010 et entré en vigueur en France le 12 octobre 2014 - protège le Vivant et qu'il prévoit le "partage des avantages" potentiellement acquis. C'était probablement le vœu pieux qui animait ses créateurs. Il n'en est rien.

 

Force est de constater que ce texte, contraignant administrativement, ne protège pas les données génétiques (données numériques issues du Vivant) pour de multiples raisons. Ce sont presque exclusivement des chercheurs et chercheuses d'instituts d'État qui collectent le vivant à destination d'études scientifiques fondamentales. Mais ce sont des sociétés privées sans lien avec eux qui en font un usage commercial plusieurs années ou dizaines d'années plus tard, grâce aux publications scientifiques tombées dans le domaine public. Or, les premiers ne sont liés d'aucune manière aux industriels qui interviennent en bout de chaîne. Car aucune traçabilité n'est établie entre l'échantillon issu du récif corallien (français) et la molécule d'intérêt qui en est issue à des fins d'exploitation commerciale. 

 

En effet, les autorisations de collecte d'échantillons du vivant n'imposent pas d'engagement formel de restitution d'une part des avantages acquis tant que l'usage commercial n'est pas précisément identifié. Dans le meilleur des cas, cet usage commercial ne peut parfois être confirmé qu'environ dix à quinze ans après la collecte de l'échantillon de vivant : Cinq à sept ans d'études fondamentales et de publication ; au moins cinq ans, si ce ne sont dix de plus, de recherche appliquée ; puis trois ans de démarches pour une mise sur le marché. Nous avons donc l'habitude de comparer ce Protocole de Nagoya à une raquette de tennis sans cordage. Ce n'est pas l'idéal pour jouer à armes égales avec nos homologues industriels…

 

Les brevets déposés ne concernent pas les données génétiques elles-mêmes, car le Vivant est inaliénable. Il appartient indéfiniment à la Nature. Seul son usage est brevetable. Or, il suffit à un industriel disposant, comme les géants de la Chimie, d'un pool de juristes spécialisés dans la protection de la propriété industrielle, pour breveter une fonctionnalité simple de la molécule en question, dans le but que personne d'autre n'en étudie d'autres propriétés. C'est une habile manière de "verrouiller" la molécule à son profit, sans pour autant enfreindre quelque loi que ce soit. Dissuasif !

 

Jusqu'à maintenant le travail de recherche relatif à des molécules d'intérêt issues d'organismes marins, dont l'étude approfondie de son innocuité et de sa capacité à soigner telle ou telle maladie, était long et fastidieux. Extrêmement coûteux, surtout ! Désormais, l'apport de l'Intelligence Artificielle (IA) ouvre des horizons qui semblaient inatteignables il y a encore deux ou trois ans. De ce fait, l'extraordinaire, le fantastique, l'inestimable patrimoine récifal français s'avère une source de richesse insoupçonnée, le vecteur de développement de métiers émergents de l'Économie Bleue. Sous réserve de ne pas s'endormir dans l'illusion soporifique de l'application du Protocole de Nagoya, qui est à la jeunesse et à l'économie française un rempart aussi "efficace" que le furent les 108 ouvrages et les 750 kilomètres de la Ligne Maginot au printemps 1940.

 

Heureusement, nous avons une solution efficace à proposer pour que la France exploite vertueusement ses innombrables richesses coralliennes, en veillant à ce que chaque territoire d'origine des échantillons d'organismes marins étudiés soit assuré contractuellement de profiter effectivement des avantages acquis, même très longtemps après que les échantillons aient été collectés. Pas seulement des chimères du Protocole de Nagoya ! Pour cela, nous mettons en œuvre une protection inviolable des connaissances accumulées au profit de la France, des jeunes Françaises et Français, car c'est bien de leur Avenir dont il est question. C'est le Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030. À découvrir mercredi 17 avril dans la Newsletter hebdomadaire titrée : Les éponges au service de l'Humanité…

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L'îlet Fajou - ou îlet à Fajou - est une petite île inhabitée au cœur du Grand Cul-de-sac marin dans le Parc national

de la Guadeloupe. Cernée par les récifs coralliens, elle est presque entièrement couverte de mangrove et n'émerge

que de quelques mètres. Photo Céline Lesponne avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe 

Mercredi 3 avril 2024

Kerkennah, sentinelle de Méditerranée

À la mi-avril, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN mettra le cap sur la Tunisie et plus particulièrement sur l'archipel des îles Kerkennah, situé face au port de Sfax au nord du Golfe de Gabès, pour y mener l'Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024, avant de se rendre à Bizerte pour réaliser des actions communes avec la fondation La Saison Bleue, présidée par Rym Benzina Bourguiba, par ailleurs Marraine du LOVE THE OCEAN. Kerkennah, site historique du commerce des éponges, est également le témoin des conséquences du dérèglement climatique qui frappe la Méditerranée. C'est une sentinelle de l'évolution de la biodiversité, comme de l'élévation du niveau de la mer qui impacte la qualité des terres arables et, par conséquent, les ressources terrestres, sources d'alimentation des populations littorales.

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Cette image de spongiaires représente ce qu'on aimerait découvrir lors de l'Expédition OceanoScientific

Récifs Coralliens Tunisie 2024 durant la seconde quinzaine du mois d'avril. Mais il se pourrait que la réalité des fonds

marins de Kerkennah soit toute autre… Photo Zerazi.com

Comme Soumaya Hmila l'a rappelé sur le site Blue Tunisia sous le titre : "Trésors engloutis de Kerkennah : Le déclin des éponges marines" : "Les éponges marines, familièrement appelées "Nchef" dans la région de Sfax, incarnent l’essence même de l’identité tunisienne. La Tunisie figurait en effet parmi les pionniers mondiaux de l’exportation de ce produit. Kerkennah se distinguait comme l’un des principaux producteurs à l’échelle nationale. Cependant, ce joyau maritime, autrefois si abondant, a quasiment disparu aujourd’hui pour des raisons multiples. La pollution, la surexploitation, la pêche illicite et les ravages du changement climatique ont conjointement épuisé les stocks d’éponges à Kerkennah, témoignant ainsi de la fragilité de cet héritage marin qui fut autrefois une fierté nationale". 

 

"En dépit de leur simplicité structurelle, ces organismes jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes marins. Agissant comme des filtres, les éponges peuvent purifier l’équivalent de leur propre volume d’eau en quelques secondes, contribuant ainsi à l’épuration de leur environnement aquatique en retenant les particules organiques fines".

 

"Faisant partie intégrante de l'héritage Tunisien depuis l'An 202 de notre ère, la commercialisation des éponges a sculpté des pans entiers de l’histoire de la Tunisie, générant emplois et prospérité au sein des communautés de pêcheurs".

 

Ce que Mohamed Hamdane confirme sur le site Culture & Patrimoine de Tunisie : "Les éponges étaient ramassées selon la nationalité des pêcheurs : soit au scaphandre pour les Grecs dont c'était la spécialité ; soit au trident pour les Tunisiens et les Italiens (Siciliens) ; soit avec un système de filet traîné sur les fonds et nommé "Gangave". La pêche étant malgré tout intensive, les fonds à éponges marquèrent dès la fin du XIXe Siècle et au début du XXe Siècle des signes d'appauvrissement. Pour tenter de trouver des solutions à ce problème, plusieurs chercheurs publièrent des études, dont la plus remarquée fut celle de Jean Servonnet et Fernand Lafitte en 1888". Rien n'y fit : la surpêche des éponges tunisiennes ne cessa de s'intensifier…

 

"Néanmoins, à Sfax, négociants et pêcheurs s'inquiétaient de cette situation. Ainsi, en 1903, le gouvernement tunisien décida d'installer au large du port de Sfax un petit laboratoire sur pilotis qui avait pour mission d'analyser les conditions de reproduction et de croissance des éponges. Il fut dirigé pendant trois années par Raphaël Dubois (1849-1929), pharmacien, médecin et professeur à la Faculté des Sciences de Lyon, lui-même assisté sur site par Antoine Allemand, dit Allemand-Martin (1876-1948)". Comme le Professeur Karim Ben Mustapha (Institut National des Sciences et Technologies de la Mer - INSTM) nous le rappelle : "Ce laboratoire de biologie marine in situ en Tunisie en 1903 fut le premier en Afrique et dans le monde arabe pour l'étude des spongiaires et de la spongiculture".  

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À environ un mille nautique du port de Sfax (Tunisie), le laboratoire sur pilotis des professeurs Raphaël Dubois et Antoine Allemand a probablement été, en 1903, le premier en Afrique et dans le monde arabe pour l'étude des spongiaires et de la spongiculture. Photo d'archives Antoine Allemand transmise par Karim Ben Mustapha (INSTM)

Paul Gourret (1859-1903), qui fût en 1893 Directeur-adjoint de la Station Biologique d'Endoume (Marseille) - dont sont issus également les célèbres spongiologues français Jean Vacelet et Thierry Pérez - a d'ailleurs travaillé aux côtés du Professeur Allemand-Martin, qui disait de ce laboratoire unique en son genre : "Ce n'est pas un laboratoire ouvert aux personnes qui se proposent d'étudier les diverses branches de la biologie marine et encore moins un laboratoire pédagogique ou d'enseignement biologique. Il est situé à 1 500 mètres au large du port de Sfax. Cet emplacement a été choisi pour avoir toujours des eaux vives, exemptes des souillures du littoral. C'est une maisonnette en bois construite sur pilotis d'une surface de neuf mètres par cinq, émergeant de la mer comme un îlot. Son gardien est un kerkennien. C'est un des meilleurs plongeurs à nu de la contrée et il s'entend à merveille pour soigner les cultures sous l'eau et les surveiller"

 

"En 1906, Antoine Allemand-Martin publiait d'ailleurs les résultats de son travail qui permettaient enfin de mieux connaître la vie des éponges, mais aussi leur mode de culture. Sa recommandation étant, une fois de plus déjà à cette époque, de protéger les herbiers de posidonie et les hauts-fonds, en particulier du Golfe de Gabès, au Nord duquel se situe l'archipel des îles Kerkennah".

 

Si les Tunisiens exploitèrent leurs propres éponges, il ne faut pas sous-estimer l'impact des pêcheurs grecs et, surtout, siciliens sur la ressource des spongiaires des récifs coralliens de Tunisie. Comme souvent, le pillage du patrimoine maritime de la rive Sud de la Méditerranée par la rive Nord fit la richesse des Nordistes.

 

Alfonso Campisi le rappelait dans les colonnes du magazine La Presse en février 2021 en se référant à l'histoire de l'exploitation des éponges : "Difficile d’établir avec certitude quand a débuté l’aventure du commerce des éponges en Méditerranée. Une chose est sûre, leur usage remonte à plus de 2 700 ans. Le poète Homère (VIIIe Siècle avant J.-C)décrivait d'ailleurs Pénélope utilisant les éponges pour laver ses plats. Et la légende évoque Héphaïstos, dieu grec du feu et maître des arts de la forge et du travail des métaux, s’en servant pour nettoyer ses glorieuses créations. Au milieu du XXe Siècle, après la Seconde Guerre Mondiale, les villes de Trapani en Sicile et de Sfax en Tunisie, ont été liées par une activité économique importante fondée sur la pêche au corail et aux éponges".

 

"La période de pêche à l’éponge, ou "sponsi" en sicilien, s’effectuait entre février et novembre. Jusqu’en 1956-1957, une flotte de plus de soixante petites embarcations a été utilisée pour la pêche à l’éponge. Une expédition depuis les côtes siciliennes pouvait durer trois mois. La navigation de Trapani à la côte africaine durait un peu plus d’une journée. Les pêcheurs d’éponges, qui composaient l’équipage, appartenaient presque toujours à une même famille. La pêche commençait toujours par le rite de la prière. Les pêcheurs invoquaient Dieu et tous les saints protecteurs avant même de sortir du port !"

 

"La présence à Sfax et dans le Golfe de Gabès des pêcheurs de Trapani a également été attestée en 1869 dans l’Annuaire scientifique et industriel, qui décrivait la pêche aux coraux et aux éponges sur la côte tunisienne comme une "pêche italienne" (!) qui employait environ 7 000 marins siciliens et tunisiens pendant la saison estivale".

 

"Il était difficile de ramasser des éponges en apnée, sachant que les plus belles étaient aussi les plus profondes. Les récits oraux, transmis d'une génération à l'autre, prêtent aux premiers plongeurs pêcheurs d'éponges des capacités hors du commun. Selon les textes anciens, ils descendaient nus à près de soixante mètres de profondeur pendant plus de cinq minutes pour collecter les précieuses créatures. Ceux qui ont réussi cet exploit sont devenus de véritables héros. Au retour dans leur village d'origine, ils se vantaient de leurs exploits et du fait qu'ils aient survécu aux terribles tempêtes, aux vagues et aux dures conditions de vie à bord".

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La Société Tunisienne d’Exportation des Produits Maritimes et Agricoles (STEPMA Éponges) est spécialisée

dans le traitement et l’exportation des éponges naturelles de la Mer Méditerranée depuis sa fondation en 1963,

suite à la reprise de la société Colettis Frères crée en 1946. Le tri des éponges, ici au début des années 60,

était une phase importante de leur exploitation. Photo d'archives STEPMA Éponges

Si la ressource des spongiaires a fortement diminué tout au long du XXe Siècle et plus particulièrement à partir des années soixante, bon nombre d'actions sont engagées pour que les éponges renaissent sur les récifs du Golfe de Gabès.

 

Cependant, une autre menace pèse sur Kerkennah, comme Lucile Étienne (Université Paris Diderot) l'a exposé dès 2014 dans sa thèse : "Accentuation récente de la vulnérabilité liée à la mobilité du trait de côte et à la salinisation des sols de l'archipel de Kerkennah".

 

Lucile Étienne explique ainsi que "l’archipel de Kerkennah est constitué de petites îles et d’îlots dont l’altitude maximale est de seulement treize mètres. La transition entre la terre et la mer est le plus souvent très douce. Cela implique que de vastes espaces sont impactés par une salinité élevée. Les espaces les plus bas, où la nappe est parfois affleurante, sont composés de "sebkhas" qui sont des terres salées et spécifiques des milieux semi‑arides. À Kerkennah, ces sebkhas représentent 45% de la surface des îles. Elles sont dites littorales, car elles sont reliées à la mer par un exutoire. Les échanges d’eau entre terre et mer sont donc normaux et les sebkhas peuvent être inondées durant la période hivernale, puis sèches pendant l’été". La thèse de Lucile Étienne a donc porté sur : "La salinité des sols agricoles près du littoral et les problématiques qui y sont associées".

 

"Ces questions sont particulièrement importantes" souligne-t-elle, "en raison de trois facteurs qui touchent l’archipel : l’élévation du niveau de la mer ; l’évolution du climat vers l’aride ; l’évolution des pratiques culturales".

 

"Le Golfe de Gabès connait en effet une élévation du niveau de la mer particulièrement importante, au moins depuis les années 1950 (Saidani, 2007). Cela a pour conséquence le recul de la côte et donc la perte de terres potentiellement arables, mais aussi la salinisation de la nappe souterraine dont l’eau est utilisée pour l’irrigation".

 

"Le climat évolue vers l’aride depuis les années 1970, avec une élévation des températures et un allongement de la période estivale, ce qui entraine une évaporation et une évapotranspiration plus intenses. Il en résulte donc un stress hydrique plus important (Dahech, 2012)".

 

"L’évolution de ces facteurs naturels implique un stress sur la végétation, puisque les plantes ont besoin de plus d’eau et que l’eau disponible est de plus en plus salée. De surcroît, elle a conduit à l’extension parfois importante des sebkhas de l’archipel. Elles ont en effet gagné en moyenne 18% de leur surface initiale entre 1963 et 2010 (Étienne, 2014)".

 

"Associées aux sècheresses des années 1960 et 1980 (Hénia, in Arnould et Hotyat, 2003), les pratiques culturales ont évolué depuis les années 1960 avec la reconversion de parcelles de palmeraie en oliveraies, jusqu’à l’installation des périmètres irrigués et drainés des sites de Melitta et de Ramla en 1995. Or, l’eau utilisée pour l’irrigation est issue de deux puits profonds d’eau saumâtre. Cette eau saumâtre est utilisée dans les périmètres drainés, mais est aussi revendue illégalement en dehors de ces derniers. Cette situation a des conséquences non négligeables sur la qualité des sols. Les sècheresses fréquentes et l’installation des périmètres drainés ont malheureusement conduit au progressif abandon des pratiques agricoles anciennes".

 

"L’extension spatiale de la salinité est associée au phénomène naturel de l'extension spatiale des sebkhas. Mais celui-ci est décuplé par des causes anthropiques : de l'abandon des pratiques anciennes qui garantissaient un équilibre naturel, à la mauvaise gestion des eaux d’irrigation".

 

Plus que jamais, cette situation, conséquence de l'impact de l'Homme sur la Nature, est inquiétante, mais pas irréversible. Les efforts conjugués des scientifiques, notamment ceux de l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer - INSTM et des associations de protection de l'environnement marin, à l'image de La Saison Bleue, réussissent à mobiliser les pouvoirs publics sans lesquels, en Tunisie comme en France, aucune politique durable de régénération des zones naturelles sensibles ne serait possible.

Mercredi 27 mars 2024

Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024

À la mi-avril, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, basé au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed) de Port Saint Louis du Rhône, mettra le cap sur le Sud-Est du bassin méditerranéen occidental pour une courte Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024 dans l'archipel des îles Kerkennah, au niveau de la ville côtière de Sfax, puis à Bizerte, avant de pointer ses étraves vers Marseille. Ce sera l'occasion de réaliser des actions communes avec la fondation La Saison Bleue, présidée par Rym Benzina Bourguiba, par ailleurs Marraine, avec Theresa Zabell (Espagne) du LOVE THE OCEAN. Le choix des Kerkennah - sanctuaire important de conservation des oiseaux - est dicté par le fait qu'elles sont réputées pour leur importance historique dans la production d'éponges commerciales. Rappelons que près de 150 espèces d'éponges ont été répertoriées en Tunisie, dont cinq à vocation commerciale. La pêche aux éponges sur ce site remonte a priori à l'An 202 de notre ère. La pêche se pratiquait à pied ou en apnée par des fonds souvent inférieurs à trois mètres. Mais la ressource a diminué drastiquement du fait de la surpêche, de la pollution et de l'élévation de la température de l'eau mer. Or, il est question de recréer les conditions adéquates pour que la ressource de spongiaires se développe à nouveau... 

 

Cette navigation d'environ 1 300 milles nautiques (2 400 km) sera l'occasion de réaliser une phase de tests en navigation hauturière du boîtier OCEANO VOX, conçu et développé par Antoine Cousot dans le cadre du projet "Citizen into Science" supporté par la Fondation PURE OCEAN en collaboration avec l'Ifremer, à l'initiative de Lucie Cocquempot.

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Trajet de l'Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024 au départ de Port Saint Louis du Rhône à destination de l'archipel des Kerkennah, puis de Bizerte (Tunisie), avec retour en France, à Marseille. Carte Boatbookings.com

La Saison Bleue, créée en 2018, se consacre : à la valorisation du littoral tunisien et de ses multiples activités et ressources ; à des actions de protection et de connaissance des côtes et des écosystèmes marins, ainsi qu’au soutien d'initiatives des collectivités littorales et des acteurs du Maritime. C'est aussi l'organisatrice du Forum Mondial de la Mer-Bizerte, présidé par Pascal Lamy. La Tunisie, c'est trois mille ans de civilisation maritime depuis que les Phéniciens y ont établi un de leurs nombreux comptoirs, mille ans environ avant J.-C. Près de huit millions de Tunisiens vivent sur un littoral de 1 300 kilomètres, ou de 2 300 kilomètres si on ajoute îles et lagunes.

 

Quelques informations au sujet des spongiaires, nommés plus familièrement : éponges, grâce au résumé des publications des chercheurs français Eva Ternon et Olivier P. Thomas tel qu'il a été réalisé sur le site Planet Vie.

 

Les éponges sont des animaux marins non mobiles qui vivent fixés sur le sédiment. Ce sont donc des animaux benthiques. Leur répartition couvre l’ensemble des mers et des océans de la Planète. Si elles sont particulièrement présentes et étudiées en milieu océanique tropical, elles se développent aussi dans les zones tempérées, depuis les faibles profondeurs jusqu’à plus de 2 000 mètres de fond. On en trouve également en eaux douces et saumâtres.

 

Les plus vieux fossiles d’éponges marines trouvés sont datés de plus de 760 millions d’années, indiquant que les éponges ont survécu aux grandes extinctions du Cambrien et du Crétacé, aux périodes de glaciation et aux autres variations climatiques majeures.

 

Comment des animaux aussi vulnérables en apparence ont-ils pu traverser les âges ? La réponse réside dans la chimie de ces organismes marins exceptionnels. Au cours de leur longue évolution, les éponges ont développé au sein de leurs tissus un arsenal de composés organiques, appelés "métabolites spécialisés", qui présentent une toxicité plus ou moins marquée. Nous savons maintenant que ces métabolites sont utilisés par l’éponge pour lutter contre les infections et/ou l’invasion de bactéries et de champignons dans leurs tissus.

 

Ce bouclier chimique permet également à l’éponge de signaler sa présence dans un but de sa propre protection. En effet, les éponges marines sont soumises à plusieurs dangers du fait de leur immobilité. Elles ne peuvent pas fuir les prédateurs ; ne peuvent pas stopper les organismes envahissants et elles doivent lutter pour maintenir et conquérir un espace vital. 

 

Au cours de leur vie, les éponges encroûtantes - qui forment une sorte de pellicule sur le substrat sur lequel elles s'installent - tendent notamment à s’étaler sur le substrat sur lequel elles sont fixées. Elles dissuadent la fixation d’autres organismes sur ce même substrat en signalant leur présence à l’aide de leurs composés toxiques.

 

Les mécanismes derrière la biosynthèse de ces métabolites sont encore mal connus à ce jour. Toutefois, il semblerait que les bactéries symbiotes de l'éponge y participent activement. Ainsi, chaque espèce d’éponge développe une formidable "armoire à pharmacie" qui lui est propre. À ce jour, ce sont plus de 6 500 métabolites spécialisés qui ont été caractérisés parmi 8 000 espèces de spongiaires recensées.

 

Ces cinquante dernières années, cette "armoire à pharmacie" marine a été largement étudiée pour des applications humaines au profit de la santé. Cette science des produits naturels marins a conduit à la découverte de nombreuses molécules d'intérêt, originales et complexes, jusqu’alors jamais rencontrées dans la faune et la flore terrestres. La plupart de ces molécules bioactives sont testées contre des maladies humaines afin de déterminer leur efficacité potentielle en tant que médicament. Mais elles peuvent également être utilisées au profit du bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) comme des services à l'environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).

 

Notons que trois composés issus d’éponges marines ont été approuvés par la Food and Drug Administration américaine. Ils sont commercialisés comme anticancéreux (cancer du sein et leucémie) et antiviral (herpes) aux États-Unis comme dans certains pays européens, dont la France. Une quinzaine d'autres molécules candidates issues des éponges font actuellement l’objet de tests cliniques. Et les scientifiques s'accordent à considérer que les molécules d'intérêt recelées par les éponges sont innombrables...

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De dimensions réduites, facile à installer, le boitier OCEANO VOX est positionné en façade de la table à cartes

du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. Il communique avec la terre grâce à une constellation de nano satellites.

Sa vocation est d'équiper les bateaux de plaisance (voile & moteur) pour offrir un service innovant aux propriétaires comme aux compagnies d'assurances afin d'améliorer la sécurité en mer. Photo OceanoScientific

OCEANO VOX est une solution disruptive, imaginée par Antoine Cousot, d’acquisition de données en mer afin d’offrir à tous les plaisanciers la possibilité de s'impliquer dans l’amélioration de la sécurité en mer et pour une meilleure connaissance de l'Océan. Il s'agit de collecter automatiquement à bord des navires, dont les voiliers de plaisance, des données scientifiques essentielles pour parfaire les prévisions météorologiques en les transmettant automatiquement à terre grâce au réseau de nanosatellites Kinéis. Cet outil sera également utile aux compagnies d'assurances pour réduire les risques consécutifs aux phénomènes météorologiques extrêmes (cyclones) et exceptionnels.

 

Ce projet "Citizen into Science", coordonné par Lucie Cocquempot (Ifremer), a été lauréat de l'Appel à Projets 2023 de la fondation PURE OCEAN. Grâce à cela, un premier jeu de balises OCEANO VOX de la taille d’une grosse boite d'allumettes sera déployé en zone arctique pendant l’été 2024 au sein d’une flotte volontaire de voiliers de plaisance hauturière. Les données météo collectées seront mises à disposition de l’Ifremer, partenaire scientifique du projet.

Mercredi 13 mars 2024

Faux départ… et programme à rebâtir

Après la longue attente de trois semaines d'une fenêtre météo favorable, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN a quitté notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône, où il était amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed), mardi 12 mars en milieu de matinée. La veille, tout l'avitaillement - à 90% des produits Lyophilisé & Co sans lesquels nous n'envisageons pas de quitter le port ! - avait été réparti dans les coffres et placards, nombreux sur les catamarans Lagoon. Derniers arrivés, les produits de notre partenaire Conserverie La Belle-Iloise, issus d'une pêche responsable et qui égayent nos repas à terre comme en mer depuis plusieurs dizaines d'années, étaient stockés à bord à leur tour.

 

Enfin, nous pouvions déguster la joie de nous engager dans le Golfe du Lion avec une Tramontane de 25 à 30 nœuds de travers. LOVE THE OCEAN filait entre 9 et 10 nœuds sous deux ris et trinquette sur une mer raisonnablement agitée. Cependant, au premier croisement de cargo, il s'avéra que le système de positionnement AIS était inopérant. L'AIS (Automatic Identification System) permet d'identifier les navires croisés, leur type, leur cap et leur vitesse et d'être identifié soi-même de la même manière. Cet outil est destiné à éviter les abordages. Il est indispensable lorsqu'on navigue en Méditerranée, surtout pour se rapprocher puis pour emprunter le Détroit de Gibraltar. Conséquence : Retour au Ponton K de Nautismed mercredi 13 mars à 7h15, où Nicolas Escande (AD Nautic Port-Saint-Louis-du-Rhône) a remis l’émission/réception AIS en service en quelques minutes. Ce problème était causé par un fil partiellement débranché. L'électricien/électronicien l’identifie et reconnecte le câble en moins de temps qu'il ne faut pour l'expliquer. Mais le marin ne sait pas le résoudre dans la jungle des câbles entremêlés qui courent derrière la façade de la table à cartes. Désormais, la fenêtre météo s'est refermée. Il est donc nécessaire de rebâtir un programme en observant avec acuité les prévisions météo…

Grand soleil, Tramontane de 25 à 30 nœuds et mer raisonnablement agitée : LOVE THE OCEAN traverse le Golfe du Lion en galopant à 9-10 nœuds. Ce catamaran Lagoon 570 est particulièrement à l'aise dans ces conditions agitées.

Photo OceanoScientific

Joie d'avoir terminé l'ultime préparation au départ en Expédition OceanoScientific, de gauche à droite : Yvan Griboval (Skipper) ; Cécile d'Estais (Déléguée Générale de OceanoScientific - Coordinatrice de l'avitaillement des Expéditions OceanoScientific et de l'optimisation de la vie à bord) ; Clara Bayol (Ingénieure biologiste) ; Helena Nyhlén (ex-Propriétaire du Lagoon 570 DRAGOON devenu LOVE THE OCEAN). Selfie OceanoScientific

Sortie du chenal de Port-Saint-Louis-du-Rhône mardi 12 mars : Yvan Griboval (Skipper) à la barre, Clara Bayol (Ingénieure biologiste) sur le toit de la cabine et l'ancienne propriétaire suédoise du Lagoon 570, Helena Nyhlén, derrière le cagnard EXSYMOL Monaco. Photo OceanoScientific

Mercredi 6 mars 2024

Au bon vouloir d'Éole…

En attente d'une fenêtre météo favorable, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est toujours stationné à notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône, sous les rafales du Mistral au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Avec la précieuse assistance de Christian Dumard, notre routeur de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017, nous étudions sans discontinuer les modèles météo : GFS l'Américain, ECMWF l'Européen et, bien sûr, Arome le Français. Et nous multiplions les routages sur TZ Navigator, installé sur le PC de LOVE THE OCEAN et sur notre iPad par notre partenaire ROM-arrangé. L'objectif n'est pourtant pas compliqué : Éviter de partir sous les rafales d'un Mistral ou d'une Tramontane trop violentes dans le Golfe du Lion, puis éviter de s'opposer à un fort Sud-Ouest pour longer les côtes espagnoles, s'engager dans la mer d'Alboran - la partie la plus occidentale du bassin méditerranéen, entre le Maghreb (Algérie - Maroc) et l'Espagne - puis embouquer le Détroit de Gibraltar avec un vent portant, ou de face, mais faible. Or cela fait trois semaines que nous cherchons la fenêtre favorable …et l'attente continue. Avec espoir toutefois, car les dépressions qui courent d'Ouest en Est sur l'Atlantique ont tendance à remonter au gré du développement du fameux anticyclone des Açores et la situation devrait nous permettre d'appareiller sous peu. Enfin !

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Sous les rafales de Mistral, le pavillon OceanoScientific flotte fièrement sur le catamaran Lagoon 570 

LOVE THE OCEAN au Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Photo OceanoScientific

"La succession de très fortes dépressions en Atlantique qui ont impacté la situation météorologique en Méditerranée durant ce mois de février est exceptionnelle, mais nous l'avons déjà vécue durant l'hiver 2020-2021 par exemple", explique Christian Dumard. On serait tenté d'en déduire que c'est un marqueur du dérèglement climatique. Ce que Christian Dumard modère : "Il faut dissocier Météorologie et Climatologie. Si la Météorologie nous permet de disposer de prévisions et de constater des phénomènes dépressionnaires et anticycloniques, la Climatologie s'inscrit sur un temps long. Ce n'est que dans au moins une dizaine d'années, en étudiant l'évolution de la météorologie sur une longue période avec des outils identiques d'observation qu'il sera possible, ou pas, d'attribuer les phénomènes exceptionnels que nous vivons - il est vrai, de plus en plus fréquemment - à un dérèglement climatique. Avec peu de recul, il est impossible de tirer des conclusions fiables."

 

Christian Dumard, routeur réputé pour avoir contribué aux succès de nombreux coureurs océaniques en solitaire comme en équipage autour de la Planète, conseiller météo du Vendée Globe et de nombreuses courses au large, est également le cofondateur avec Basile Rochut de la jeune société Marine Weather Intelligence, qui décuple l'efficacité conjuguée de l'exceptionnelle expérience de Christian Dumard et des outils offerts par l'Intelligence Artificielle. De ce fait, il n'est plus seulement question d'apporter une assistance aux coureurs d'océans en compétition comme en exploration ou en plaisance. L'objectif est désormais d'effectuer des analyses météo et des routages maritimes pour le transport de marchandises à risques qui nécessitent des conditions de navigation spécifiques. Il est également question d'aider à diminuer l'impact environnemental de la navigation commerciale et des super yachts. Le but est de favoriser une réduction des émissions de CO2 par le choix de routes maritimes avec des vents et courants portants. Cela permettra d'éviter de contraindre le navire à pousser ses moteurs et à augmenter ses émissions de gaz toxiques pour faire face à des vents et courants contraires. Une route plus longue sur la carte, peut se révéler d'une durée équivalente à une route plus courte face à des éléments naturels qui ralentissent le navire et en augmentent le coût en carburant …et en émission de CO2 !

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Préparer une Expédition OceanoScientific, c'est envisager un maximum de situations et en prévenir les conséquences. C'est notamment constituer une pharmacie la plus complète qui soit, en intégrant les précieux compléments alimentaires de notre partenaire monégasque PhytoQuant. Photo OceanoScientific

Mercredi 28 février 2024

LOVE THE OCEAN : Catamaran de formation professionnelle

Quand le Golfe du Lion rugit avec des vents de plus de 40 nœuds - Force 9 / Fort coup de vent sur l'Échelle de Beaufort (photo ci-dessous) - mieux vaut laisser les amarres bien souquées à terre ! La minuscule fenêtre météo espérée ce lundi matin 26 février n'a pas permis de quitter notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est ainsi toujours amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed), fin prêt à mettre cap au Sud-Ouest pour la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030. La veille météo a donc repris. Une nouvelle fenêtre météo, plus fiable semble-t-il, se précise dans quelques jours. Hâte d'appareiller !

 

C'est l'occasion de faire progresser les objectifs de l'association OceanoScientific tels que nous les avons présentés dans les Newsletters des 17 et 24 janvier : Science & Humanité / Formation des jeunes & Économie Bleue. Le catamaran LOVE THE OCEAN a démarré sa carrière d'OceanoScientific Explorer l'an dernier comme Base Totem Navigante du programme FAçade Méditerranéenne EXemplaire - FAMEX 2030, dont est issu le Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. En ce début d'année 2024, cette plateforme devient un véritable catamaran de formation professionnelle, grâce à de multiples collaborations, dont celle, déterminante, avec l'École de l'ADN grâce au Professeur Christian Siatka, Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN - présidée par le Professeur Philippe Berta - mais également vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030.

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Si le violet était la couleur préférée de Florence Arthaud, c'est surtout celle redoutée des marins lorsqu'elle illustre

une carte météo. Elle met en évidence des vents de 40 nœuds (quatre barbules sur la hampe indiquant la direction

du vent), voire de 50 nœuds (flèche sur la hampe), sachant que les rafales peuvent atteindre une dizaine de nœuds supplémentaires ! Capture d'écran Windy.app du 27 février - 08h03 de la prévision météorologique

du 28 février à 11h00 (heure locale) dans le Golfe du Lion.

"Je rêve de permettre à nos étudiants de faire des travaux pratiques en mer à la voile avec vous, de sortir des salles de cours !" Lorsque le Président de l'Université de Toulon, Xavier Leroux, me transmet son souhait avec enthousiasme à l'occasion de mon premier rendez-vous avec lui et son adjoint Frédéric Guinneton mardi 12 octobre 2021 en fin de journée, cette idée se grave dans ma mémoire. Réaliser le rêve du Président Leroux devient une évidence. A force de volonté, nous y arrivons cette année", explique Yvan Griboval.

 

C'est le cas dès maintenant, en embarquant Clara Bayol pour une traversée de l'Atlantique et la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 programmée en Guadeloupe au mois d'avril. Puis nous enchaînerons en juillet sur notre deuxième Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée sous la direction du Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier). 

 

Clara Bayol mêle avec talent son statut d'étudiante en fin de troisième année de formation d'ingénieur ChemBiotech à Strasbourg avec un double cursus Chimie & Biotechnologies de l'École Supérieure de Biotechnologies et de l'École de Chimie, Polymères et Matériaux …et celui de double championne du Monde de match-racing - compétitions de voile en duels à la manière de l'America's Cup.

 

"En réalisant son stage de fin d'études au sein de l'association OceanoScientific, Clara va passer de la théorie à la pratique à bord du catamaran LOVE THE OCEAN - en autonomie énergétique et sans émission de CO2 - au service des innovations majeures que sont la préservation et la valorisation des données génétiques d'organismes marins récifaux menacés d'extinction, ainsi qu'à la collecte d'ADN environnemental (ADNe). La finalité dans ce second cas est, outre une réelle connaissance scientifique de la biodiversité littorale, d'aider à terme les pêcheurs côtiers à pratiquer une pêche durable pour une alimentation durable", précise Yvan Griboval. "Forte de cette expérience et des compétences acquises sur le terrain au contact des Professeur Christian Siatka ainsi que du Professeur David Mouillot et de son équipe, Clara sera en capacité de présenter aux lycéens les nombreux débouchés qu'offre l'usage de la génétique appliquée à la biodiversité marine". Il s'agit de ces fameux nouveaux métiers de l'Économie Bleue. Ils émergent grâce au rapide développement des connaissances scientifiques conjugué à l'usage de l'Intelligence Artificielle (IA). Les premiers lycéens à bénéficier des "Ateliers Biodiversité Marine" seront ceux de Port-Saint-Louis-du-Rhône, Ville Partenaire de l'association OceanoScientific.

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De gauche à droite : Clara Bayol, stagiaire de l'association OceanoScientific de fin d'études ChemBiotech d'ingénieur

en double cursus Chimie & Biotechnologies et Julien Verne, collaborateur de la société ROM-arrangé (Lorient & Mauguio) qui vient d'installer le boitier OCEANO VOX pour un test océanique financé partiellement par

la Fondation Pure Ocean dans le cadre d'un appel à projets remporté par "Citizen into Science", initiative coordonnée par Lucie Cocquempot (Ifremer). Photo OceanoScientific

La première mission de Clara Bayol a été d'assister Julien Verne (ROM-arrangé) lors de l'installation du boitier OCEANO VOX. Il s'agit d'une solution disruptive, imaginée par Antoine Cousot, d’acquisition de données en mer afin d’offrir à tous les plaisanciers la possibilité de s'impliquer dans l’amélioration de la sécurité en mer et une meilleure connaissance de l'Océan. Cet outil sera également utile aux compagnies d'assurances.

 

Ce projet "Citizen into Science", coordonné par Lucie Cocquempot (Ifremer), a été lauréat de l'Appel à Projets 2023 de la fondation PURE OCEAN. Grâce à cela, un premier jeu de balises OCEANO VOX de la taille d’une grosse boite d'allumettes sera déployé en zone arctique pendant l’été 2024 au sein d’une flotte volontaire de voiliers de plaisance hauturière. Les données météo collectées seront mises à disposition de l’Ifremer, partenaire scientifique du projet.

 

Pour fiabiliser cette solution innovante avant le déploiement arctique, la balise OCEANO VOX sera donc testée préalablement en conditions océaniques à bord du catamaran LOVE THE OCEAN au gré d'une double traversée de l'Atlantique Nord. Le petit boitier fixé en façade de la table à cartes transmettra automatiquement toutes les heures des données météorologiques in-situ vers la terre via une constellation de nano satellites. Cela impose une compression importante des données, mais permet en contrepartie de réduire drastiquement les coûts d’acquisition de ces données inédites.

 

Il s'agit en fait d'une déclinaison à l'usage des plaisanciers d'une des fonctions de l'OceanoScientific System (OSC System) conçu par Yvan Griboval dès 2006 grâce au concours de la regrettée Fabienne Gaillard, puis de Thierry Reynaud (Ifremer), de Gilles Reverdin (CNRS - INSU - LOCEAN), de Pierre Blouch et Jean-Baptiste Cohuet (Météo-France) et de Denis Diverrès (IRD Bretagne - IMAGO).

 

Rappelons que cet OSC System a été mis au point en trois ans (2006-2009), puis développé ensuite sur différents navires à voile sur tous les grands océans, de l'Arctique à l'Antarctique sur un trajet équivalent à deux fois le tour du Monde. Le logiciel OSC-Software est désormais développé par ROM-arrangé, après la première campagne océanographique réalisée à l'interface Air-Mer avec succès à la voile sans émission de CO2 sous le 40e Sud durant soixante jours sans escale sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn, au gré de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017 réalisée en solitaire par Yvan Griboval de Monaco à Monaco.

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De la taille d'une grosse boite d'allumettes, facile à installer, le boitier OCEANO VOX communique avec la terre

grâce à une constellation de nano satellites. Sa vocation est d'équiper les bateaux de plaisance (voile & moteur) pour offrir un service innovant aux propriétaires comme aux compagnies d'assurances afin d'améliorer la sécurité en mer. Photo OceanoScientific

Mercredi 21 février 2024

Port Navy Super Services

Il y a tout juste un an, la tâche était délicate lorsque nous avons dû sélectionner une base technique sur le littoral méditerranéen pour transformer notre catamaran Lagoon 570 de 2001, tout juste acquis, en une plateforme OceanoScientific Explorer dénommée LOVE THE OCEAN, puis nous engager à y effectuer les maintenances annuelles sur un cycle de huit ans. Nous n'avions alors aucune réelle connaissance des professionnels du secteur. Plus de 45 ans d'activités professionnelles sur les côtes de Manche et d'Atlantique avaient forgé de solides habitudes dans cette zone, notamment auprès de l'excellente base technique V1D2 Marine Services (Caen - Normandie). Après de nombreuses démarches, notre choix s'est porté sur Port Navy Service à Port-Saint-Louis-du-Rhône, où nous avons placé la préparation de notre Lagoon LOVE THE OCEAN sous la coordination de Frédéric Switala et de Benoît Gabriel (META Yachts Services). À quelques jours de larguer les amarres pour la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030, nous ne pouvons que nous féliciter d'avoir fait le bon choix. Nous apprécions la collaboration avec les élus de la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône, en particulier avec le Maire, Martial Alvarez et ses équipes du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Sur le site de Port Navy Service - escale officielle du Club Lagoon - nous avons bénéficié de la présence de spécialistes compétents pour une préparation de qualité en vue de navigations océaniques au long cours sereines. Désormais, il faut attendre que la tempête "Louis" et ses conséquences méditerranéennes aillent souffler ailleurs pour que le LOVE THE OCEAN mette le cap au Sud-Ouest...

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Le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN effectue sa manœuvre pour accoster au quai de Port Navy Service.

Photo de drone Maeve Fabre - Port Navy Service

Depuis mai dernier, Port Navy Service, dirigé par Philippe Froment, et le Club Lagoon ont marié leurs compétences pour offrir des avantages exclusifs aux propriétaires des catamarans produits par CNB (Groupe Bénéteau) membres du Club Lagoon. Cela garantit aussi bien une place au port de premier choix, que des remises exceptionnelles sur les services portuaires et bien d'autres privilèges encore. Ce partenariat est taillé sur mesure pour les amoureux des Lagoon, …comme nous ! D'ailleurs, LOVE THE OCEAN est un des Ambassadeurs du Club Lagoon. Cette communauté d'excellence offre à ses membres l'accès à un réseau de marinas prestigieuses dans de nombreux pays et des réductions exclusives sur la Boutique Lagoon en ligne.

 

Chez Port Navy Service, outre l'engagement multidisciplinaire de META Yachts Services - comparable à ce qui se pratique dans la préparation de voiliers de course océanique en Manche et Atlantique - nous avons bénéficié des services de la talentueuse et rigoureuse équipe de Christophe Ortin (Atelier Marine Services), qui est intervenue avec efficacité sur nos deux moteurs Yanmar, leurs saildrives et notre générateur Onan. Ils sont également en charge du suivi de la maintenance du moteur Suzuki qui équipe notre annexe Vanguard. Un tandem précieux à l'efficacité avérée pour réaliser les Expéditions OceanoScientific ADNe Méditerranée.

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Port Navy Service est une base technique de plus en plus réputée. Il est fréquent d'y rencontrer de célèbres marins comme Paul Meilhat qui y hiverne son catamaran personnel. Ou de célèbres navires, comme ici

la goélette TARA qui sort de sa campagne sur le Rhône et se prépare à retourner naviguer en mer.

Photo de drone Maeve Fabre - Port Navy Service

Tout le matériel Raymarine a été installé par Nicolas Escande (AD Nautic - The Wind Ship), qui a également contrôlé et remis en service l'éclairage intérieur, ainsi que quelques équipements électriques comme le guindeau, essentiel dans nos missions océanographiques. Quant aux travaux de sellerie, ils ont été réalisés par Stéphane Lebar (WBS Yacht Service - Global Nautic).

 

Deux entreprises extérieures sont intervenues à bord de LOVE THE OCEAN durant son séjour à Port-Saint-Louis-du-Rhône. ROM-arrangé, LA référence de la capitale de la course océanique mondiale (Lorient) en matière d'équipements informatiques et de liaisons satellitaires, grâce à son antenne de Mauguio (près de Montpellier), a équipé notre catamaran du meilleur matériel en ce domaine. YACHTELEC, société basée à La Ciotat, réputée dans le milieu du yachting de prestige et des super yachts, mais également unique représentant sur le littoral méditerranéen français des dessalinisateurs de la marque italienne Idromar, a remis en état cette garantie d'autonomie sans limite en matière d'eau douce. Un complément important à l'autonomie énergétique produite par les 2 000 watts des panneaux solaires. De quoi naviguer et explorer sans émission de CO2, même au cœur de sites maritimes sanctuarisés…

 

À l'heure où nous mettons en ligne, alors que la tempête "Louis" risque de ravager le Nord de nos côtes atlantique et celles de la Manche jusqu'à loin dans les terres, sa partie Sud va engendrer une grosse tempête de Sud-Ouest, pile face aux étraves du LOVE THE OCEAN. La Nature impose son rythme qu'il faut respecter. Résultat, nous allons devoir attendre la fenêtre du jeudi 29 février qui se profile à l'horizon météorologique pour larguer les amarres. Quelques jours à demeurer au Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône où nous n'escomptons pas revenir à notre base technique de Port Navy Service avant la seconde moitié du mois d'août. Nous y effectuerons la  maintenance annuelle avant d'entamer le Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. Un gros mois le long du littoral méditerranéen de Nice à La Grande Motte et nous rejoindrons Bordeaux à la mi-décembre. Ce sera l'occasion de participer à la célébration des 40 ans de la marque Lagoon (140 ans du Groupe Bénéteau) au ponton du chantier CNB, sur la rive droite de la Garonne.   

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Le Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône, spécialement conçu pour accueillir des catamarans, est exceptionnel douze mois sur douze, qu'il s'agisse d'hiverner face au Mistral ou de faire une escale au calme durant l'été, lorsque les marinas alentour débordent et sont excessivement bruyantes. Un site d'escale que nous recommandons !

Photo OceanoScientific

Mercredi 7 février 2024

Cap sur le Parc national de la Guadeloupe

Alors que la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 était programmée de longue date à destination de l'île Juan de Nova (Océan Indien - Iles Éparses - France - TAAF), le Conseil d'Administration de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific a entériné ce mardi 6 février la mise en adéquation de ses campagnes tropicales avec sa stratégie globale. En lieu et place de Juan de Nova, cette première mission se fera de l'autre côté de l'Atlantique, dans le Parc national de la Guadeloupe, en étroite collaboration avec la direction de ce site exceptionnel et avec ses propres partenaires scientifiques et pédagogiques. Comme l'explique ci-dessous Yvan Griboval, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, c'est un changement de cap en totale cohérence avec notre orientation stratégique : axer toutes nos actions à vocation scientifique pour "Guider les jeunes vers les nouveaux métiers de l'Économie Bleue". La préparation de notre plateforme océanographique innovante - se déplaçant à la voile en totale autonomie énergétique sans émission de CO2 - se termine actuellement à Port-Saint-Louis-du-Rhône sous la coordination de Frédéric Switala et de Benoît Gabriel (META Yachts Services).

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Le Parc national de la Guadeloupe, dans lequel se situe l'anse de Grand Cul-de-Sac Marin au Nord de l'île,

est un site d'exploration riche d'une grande biodiversité. Il subit, comme tout l'arc antillais, la conjonction des conséquences du dérèglement climatique et de la pression anthropique. Y recueillir par séquençage ADN in-situ les données génétiques d'organismes marins en voie de disparition du fait de la Sixième Extinction, est de première importance pour sauvegarder précieusement ce patrimoine de la Guadeloupe.

Photo Anne Chopin avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe

"Comme nous souhaitons réaliser des Expéditions OceanoScientific dont la finalité soit directement liée au profit de la jeunesse des territoires explorés, Juan de Nova, une des cinq îles éparses inhabitées, dont l’intérêt scientifique est inchangé, ne répondait plus à nos priorités", expliquait Yvan Griboval au sortir du Conseil d'Administration, mardi 6 février au soir. "Mais ne pas pouvoir emmener des lycéennes et des lycéens découvrir la génétique moléculaire à bord de notre catamaran de 17 mètres, n'est pas la seule raison de ce changement d’objectif.

 

En effet, malgré l'enthousiasme sincère des scientifiques très compétents des universités de Mayotte et de La Réunion avec lesquels nous démarrions une collaboration, aucun programme scientifique ne pouvait abriter notre Expédition OceanoScientific, du fait de son caractère extrêmement innovant, hors les standards océanographiques traditionnels. Personne n'imagine que réaliser du séquençage ADN in-situ est possible et, surtout, utile pour favoriser la préservation et la valorisation de données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction et la pression anthropique !

 

Autodidacte, je suis un instinctif. Alors, j'ai tenu à faire spécialement le déplacement à Saint-Pierre de La Réunion pour un entretien le 21 septembre dernier avec Madame la Préfète des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et avec ses responsables de départements. En 90 minutes d'entretien, j'ai perçu que l'accueil que nous réserverait l'Administration des TAAF ne serait pas à la hauteur de notre engagement. J'ai estimé que l'effort de nos mécènes et partenaires pour nous permettre de mener à bien cette mission d'exploration par des fonds de cinq à huit mètres pour préserver des données génétiques inconnues - ne serait pas récompensé par une collaboration constructive pour mener cette entreprise au succès. J'en ai déduit que les deux fois 80-90 jours de navigation avec incursion dans les Quarantièmes Rugissants sous le Cap de Bonne-Espérance devait être a minima reporté lorsque l'administration des TAAF comprendrait l’enjeu. L'enthousiasme du Bureau de l'Action de l'État en Mer (BAEM) de la zone de l'Océan Indien Sud-Ouest n'a pas suffi à contrebalancer cette position des TAAF. 

 

L'idée de travailler à la réalisation d'une "preuve de concept" en Guadeloupe, toujours aux mêmes dates que celles retenues pour Juan de Nova : lundi 8 au vendredi 19 avril inclus, s'est imposée comme une évidence. Le premier contact avec Valérie Séné, Directrice du Parc national de la Guadeloupe et avec sa collaboratrice Sophie Bédel, a confirmé cette évidence. Autre élément en faveur de ce choix d'une mission dans le lagon de Grand Cul-de-Sac Marin, L'École de l'ADN, présidée par les Professeurs Philippe Berta et Christian Siatka, est en cours d'implantation en Guadeloupe pour favoriser l'accès des jeunes aux métiers de la génétique. Christian Siatka, vice-Président de l'association OceanoScientific, est aussi notre généticien référent embarqué en son statut de Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030. Réaliser la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 dans cette île des Antilles Françaises accélèrera la mise en œuvre de ce projet au profit des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens.

 

Nous mettrons donc le cap sur la Guadeloupe fin février avec enthousiasme et ravis de pouvoir entamer une collaboration avec les équipes du Parc national de la Guadeloupe et avec ses partenaires scientifiques et pédagogiques".

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L'anse de Grand Cul-de-Sac Marin est un joyau de biodiversité marine du Parc national de la Guadeloupe,

au Nord de l'île. C'est probablement un des sites maritimes ultramarins français les plus contrôlés pour en assurer une préservation durable, grâce aux équipes qui le gèrent avec passion. Cependant, bon nombre de ses organismes sont encore méconnus, surtout en ce qui concerne leurs caractéristiques génétiques.

Carte publiée avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe

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