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Actualités 2024 

Mercredi 24 avril 2024

La Méditerranée cartographie sa biodiversité littorale : Présentation des résultats le 22 mai

Pour préserver la biodiversité marine, encore faut-il en connaître sa nature et sa cartographie … Recenser la biodiversité marine consiste à identifier puis à dénombrer l’ensemble des espèces vivantes dans un écosystème donné. Cela permet de suivre les tendances temporelles, les réponses aux perturbations et de pouvoir agir en fonction de la présence d’espèces rares ou vulnérables. La présence et la propagation d’espèces invasives, potentiellement nuisibles aux écosystèmes, peuvent aussi être détectées grâce à un recensement régulier et exhaustif de la biodiversité marine. Le Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier) a mis en œuvre au sein d’un large consortium une méthodologie innovante développée par la société SpyGen utilisant le metabarcoding de l'ADN environnemental (ADNe), en collaboration avec le Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive de Montpellier. Cette ambitieuse Mission BioDivMed 2023 a vu le jour grâce au soutien de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. Nous avons travaillé en juillet dernier sous la direction scientifique du Professeur David Mouillot à l'occasion de la première Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée. Nous l'avons interviewé à bord du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. À lire ci-après avant qu'il ne présente les résultats de cette ambitieuse étude, le 22 mai prochain à Montpellier. Elle fait de la France un leader incontesté en ce domaine scientifique prometteur…

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Dans le cadre de la première Mission BioDivMed, l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 a recueilli

104 échantillons en 52 Stations de Menton à Gruissan durant le mois de juillet. Pendant ce temps, la société Andromède Océanologie faisait de même autour de la Corse. Carte Marbec - Université de Montpellier / OceanoScientific

Jusqu'à la Mission BioDivMed 2023, les méthodes déployées pour recenser la faune marine côtière étaient : soit destructives et incomplètes (pêche / retours de pêche) ; soit limitées en profondeur et en surface (comptage visuel en plongée) ; soit nécessitant un matériel complexe et onéreux à déployer avec de nombreuses heures d’analyses (caméras de vidéo sous-marine). Tous ces protocoles sont particulièrement invasifs. Ils peuvent aussi biaiser les recensements du fait d'une zone explorée par trop limitée (pêche / plongée), ou en raison de la fuite des animaux les plus méfiants, ou encore par non-détection des plus petits (poissons crypto-benthiques) et des plus rares (espèces invasives), etc. Mais le Professeur David Mouillot, à la tête d'un large consortium, a initié une autre méthode scientifique …beaucoup plus exhaustive et moins biaisée !

 

Basé à l'Université de Montpellier, David Mouillot est Professeur en Écologie des Systèmes Marins Côtiers au sein de l'Unité Mixte de Recherche (UMR) Marbec qui a quatre tutelles principales : l'Institut de Recherche pour le Développement - IRD, l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer - Ifremer, l'Université de Montpellier et le Centre National de Recherche Scientifique - CNRS, ainsi qu'une tutelle secondaire : l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'alimentation et l'Environnement - INRAE. 

 

David Mouillot : "L’ADN environnemental, ce sont les fragments d’ADN que tous les organismes relâchent dans leur environnement, en milieu terrestre comme en milieu marin. Il a d’abord permis d’étudier la biodiversité en milieu lacustre, terrestre, fluvial. Ce n’est qu’il y a une dizaine d’années qu’on a commencé à s’intéresser à cet ADN dans l’Océan. Au départ on pensait qu’on allait chercher quelque chose d’impossible à filtrer, à récupérer. En fait, depuis quelques années on s’aperçoit que tous les organismes marins laissent beaucoup d’ADN dans l’eau. Désormais, nous arrivons finalement à bien le récupérer, à l’analyser et à détecter de nombreuses espèces qui, jusqu’alors, passaient sous les radars."

 

"L'intérêt pour l’ADN environnemental marin s'est manifesté dans les années 2010 avec les Danois qui ont été les premiers à s'y consacrer. Mais, avec l’entreprise française SpyGen basée au Bourget-du-Lac [entre Chambéry et Aix-les-Bains], nous avons réalisé nos premiers essais en mer en 2016-2017 grâce aux Explorations de Monaco. Nous avons pris beaucoup de risques au départ ! Maintenant, je peux affirmer sans conteste que la recherche française n’est plus du tout en retard dans cette investigation de l'ADN environnemental du milieu marin. Nous sommes un des groupes de recherche avec le plus d’échantillons au niveau mondial, du Pôle Nord jusqu’au Pôle Sud en passant par les tropiques. Mais c'est évidemment dans nos eaux, sur le littoral méditerranéen français, que nous détenons le plus d'informations précises au sujet de la biodiversité côtière, grâce à de nombreuses campagnes de filtration et d’analyse de l’ADNe."

 

"La Mission BioDivMed 2023 marque une étape déterminante dans ce leadership mondial de la cartographie marine fondée sur l’ADN environnemental. Grâce à la forte implication de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse nous allons pouvoir établir des Sites Sentinelles le long du littoral méditerranéen français. Nous y observerons pour plusieurs années les tendances, au moins jusqu'en 2027 inclus. C'est une démarche unique au Monde…"

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Remise des échantillons d'ADN environnemental (ADNe) au Professeur David Mouillot (Directeur Scientifique / UMR Marbec - Université de Montpellier) en polo bleu avec, de gauche à droite : Yvan Griboval (Directeur des Expéditions OceanoScientific & Skipper du LOVE THE OCEAN), Léa Griboval (Responsable Vitesse & Profondeur), Pierre Friant (Second & Pilote du Vanguard-Suzuki), Léni Guillotin (Biologiste marin / Responsable Scientifique), Justine Camus (Coordinatrice de l'Expédition OceanoScientific / Responsable trajectoire GPS). Photo OceanoScientific

"J'ai travaillé longtemps sur des données issues de comptages visuels en plongée, par caméra ou en recueillant des données de pêche. Nous obtenions entre dix et quinze espèces par échantillon sur le littoral méditerranéen. Désormais, avec l’ADNe, nous avons accès aux espèces de petites tailles, les gobies, les espèces crypto-benthiques et aux espèces furtives, rares, comme le requin ange, soit plus de 30 espèces par échantillon. En fait, pour la première fois, on peut établir des cartographies quasiment complètes de la biodiversité en poissons et crustacés sur un site donné. C’est vraiment unique, à la fois au niveau de la gamme des espèces que l’on va détecter et au niveau du maillage spatial, car nous échantillonnons une Station tous les 10 kilomètres de littoral [5,4 milles nautiques]. Nous disposons donc désormais d'une vision quasiment exhaustive de la biodiversité en Méditerranée française, qui sera complétée par l’inférence de modèles."

 

"J'ai évoqué uniquement la présence d’espèces. Nous arrivons à avoir des occurrences, on récupère un brin d’ADN d’une espèce, on considère qu’elle est présente... Le prochain challenge, c’est d'obtenir des estimations d’abondance ou de densité d'une espèce sur un lieu donné. Combien d’individus sont sur un Site Sentinelle, quelles sont leur taille, leur genre, leur stade de maturité. Ça c’est un tout autre challenge qui va demander à filtrer des fragments d’ADNe bien plus longs que ceux qui nous renseignent sur l’individu. Nous y travaillons ardemment avec le Centre d’Écologie Fonctionnelle & Évolutive - UMR CEFE basé à Montpellier."

 

Il est à noter que le CEFE, créé en 1961 sous la dénomination de Centre d'Études Phytosociologiques et Écologiques - CEPE, avant de prendre le nom de Centre d'Écologie Fonctionnelle & Évolutive en 1987, est devenu une Unité Mixte de Recherche (UMR) en 2003 avec quatre tutelles : le Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS, l'École Pratique des Hautes Études - EPHE, l'Institut de Recherche pour le Développement - IRD et l'Université de Montpellier. Dirigé depuis 2019 par Marie-Laure Navas, l'UMR CEFE vise à comprendre la dynamique, le fonctionnement et l’évolution du vivant de "la bactérie à l’éléphant" et "du génome à la planète". Il s’appuie sur trois ambitions : Comprendre le monde vivant pour anticiper ce que sera demain ; Conduire à des innovations et répondre aux attentes de la société ; Pratiquer une science "rassembleuse" et diverse dans ses approches disciplinaires. C'est par conséquent un acteur essentiel de l'étude de la biodiversité marine par l'ADNe.

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Le Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier), interviewé à bord du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN 

le 19 juillet 2023, est un spécialiste de l'ADNe des poissons et crustacés, utilisé pour déterminer avec exhaustivité la biodiversité marine d'un site. Photo OceanoScientific

David Mouillot reprend : "Au-delà de l’abondance, cela permettra des avancées majeures en termes de génétique et de connectivité des populations. Tous ces éléments sont cruciaux pour la gestion des stocks. Bien sûr, pour l’instant, nous avons plus une vision orientée sur la conservation et la biogéographie. Mais la nouvelle génération des études d'ADN environnemental contribuera à une meilleure connaissance des ressources halieutiques, donc à une possible meilleure gestion de la pêche. Ce sera vrai, à la fois dans la délimitation des réserves, dans l’identification de nouveaux stocks à des profondeurs jusqu’alors méconnues ou sous-exploitées. Nous pourrions même envisager, pourquoi pas, d'établir des notions de connectivité à large échelle entre les différents stocks de poissons. Nous espérons vraiment disposer à court ou moyen terme d'un outil d’aide à la décision très pertinent. Ce sera une plus-value essentielle à la préservation de la biodiversité marine."

 

"Je tiens à préciser que la Méditerranée, que j'aime de plus en plus, n'est pas la mer terriblement polluée avec plus de plastique que de poissons que certains décrient. Plus on l'étudie et plus on découvre des trésors cachés. Je fais partie des optimistes, de ceux qui pensent que dans vingt ans on va laisser aux générations futures une mer plus propre, plus poissonneuse et à la biodiversité plus diversifiée qu'aujourd'hui, notamment grâce aux efforts de protection mis en place par les pouvoirs publics comme par les associations locales et, surtout, grâce à une meilleure gestion de la pêche, de l'exploitation raisonnée de la ressource. C'est pourquoi je crois plus que jamais à une Science mise concrètement au service de l'Humanité…"

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Pour réaliser les Expéditions OceanoScientific ADNe Méditerranée, le pneumatique Vanguard-Suzuki a été équipé d'un matériel conçu par Yvan Griboval pour garantir une qualité de prélèvement identique en toutes conditions, pour une meilleure exploitation des échantillons collectés. Photo OceanoScientific

Mercredi 17 avril 2024

Les éponges au service de l'Humanité

Nous avons évoqué dans notre newsletter du 10 avril l'immense patrimoine corallien français de 58.000 kilomètres carrés, disséminé dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique, sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Nous avons également mis en évidence que cette fantastique richesse nationale n'est pas exploitée comme elle devrait l'être logiquement, notamment au profit de la jeunesse française et des entrepreneurs de notre territoire. Nous avons aussi démontré qu'aujourd'hui ces ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers (Blasiak et al., 2018), sans que les sites d'origine des organismes marins qui génèrent les molécules d'intérêt à usage de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement ne bénéficient du moindre euro réalisé par ces exploitants sous pavillons étrangers. Nous sommes à l'initiative du Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, fruit de plus de trois années de travail. Nous proposons une démarche simple et efficace de SOUVERAINETÉ NATIONALE qui conjugue : exploitation vertueuse, préservation de la biodiversité et réel partage des avantages. Tout ce que le Protocole de Nagoya est censé mettre en œuvre, sans aucun succès. Pour le moins pas en France. Explication à suivre…

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Grâce à la génétique, sans tuer ni blesser les éponges, apparues sur la Planète il y aurait 650 millions, voire 750 millions d'années, il va être possible d'en extraire les précieuses molécules d'intérêt au service de l'Humanité : Santé, Bien-être, Services à l'Environnement. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)

Concepteur du projet REFRACOR 2030, Yvan Griboval explique : "Lorsque je suis revenu de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2026-2017, qui fut la première campagne de collecte de données scientifiques à l'interface Air-Mer - à la voile et en solitaire de surcroît - dans le Courant Circumpolaire Antarctique sous les trois grands cap continentaux et que je partageais mon expérience au gré de conférences ou devant des élèves du primaire (CM1-CM2), j'ai pris conscience qu'évoquer les données collectées qui n'avaient aucune valeur marchande ne mobilisait absolument pas mes auditeurs. Cela ne les incitait pas à préserver l'Océan. Je passais donc complètement à côté de la cible. Simplement parce qu'en général ce qui n'a pas de valeur : marchande, affective, personnelle…,  ne justifie pas d'être respecté, préservé. Puisque cela ne vaut rien. Pourquoi diable étais-je allé si loin au péril de ma vie collecter ces données physico-chimiques, bien que de qualité, pour lesquelles seul un groupe restreint de scientifiques avait un intérêt. Un faible intérêt puisque n'engageant aucun euro pour se les procurer…"

 

"Alors, je me suis documenté pour savoir ce qui pourrait avoir de la valeur dans l'Océan au point de générer un intérêt assez fort du plus large public pour qu'il ait envie de le protéger. Car ma démarche était et demeure de mobiliser les Terriens à préserver la Mer et sa biodiversité. Sans aller bien loin, la littérature scientifique étant abondante, je me suis documenté au sujet des récifs coralliens. Pas de doute, les organismes qui y sont nichés recèlent des ressources quasiment infinies pour des usages au profit de l'Humanité. Tous les scientifiques consultés, dont, en priorité, Denis Allemand, Directeur Scientifique du Centre Scientifique de Monaco, réputé pour y étudier et élever des coraux depuis la fin des années 80, ont confirmé le bien-fondé de ce choix."

 

"Encore fallait-il se décider à se concentrer sur un organisme marin en particulier, tellement la richesse de la biodiversité de ces sites coralliens est immense. Les scientifiques s'accordent à estimer qu'ils accumulent environ 25% des organismes marins de l'Océan qui représente lui-même 71% de la Planète. Premier réflexe : s'intéresser au corail. Jusqu'au moment où une conversation à Brest en marge du One Ocean Summit, le 10 février 2022, avec l'éminent biologiste Gilles Bœuf - avec qui je m'étais entretenu pour la première fois à son bureau lorsqu'il était Président du Muséum National d'Histoire Naturelle - m'orienta définitivement vers les spongiaires (éponges) : "Des animaux extraordinaires qui méritent de s'y intéresser car ils peuvent apporter beaucoup aux êtres humains", selon Gilles. Ensuite, la rencontre avec Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE au sein de la Station Marine d’Endoume (Marseille) et sûrement le plus grand spongiologue français en activité à ce jour, disciple lui-même de Jean Vacelet, me convainquit de concentrer les efforts des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens et du Projet REFRACOR 2030 sur le thème des éponges."

 

"Mais en creusant le sujet, j'ai découvert que pour extraire les précieuses molécules, ces principes actifs à usage de la santé des êtres humains, il était nécessaire de disposer d'immenses quantités d'organismes vivants. J'en veux pour preuve la découverte en 1969 par le Professeur Kenneth L. Rinehart (1929-2005) de l'Université de l'Illinois (États-Unis) selon laquelle un extrait d'une ascidie (Ecteinascidia tubinata) de la Mer des Caraïbes recélait des molécules actives anticancéreuses (Ecteinascidin 743). Cette molécule a été purifiée en 1984 au sein de l'Université de l'Illinois. Mais son possible usage à des fins d'anticancéreux n'a été publié qu'en 1996 par le Professeur Elias James Corey, chimiste au sein de l'Université de Harvard (États-Unis) et Prix Nobel de Chimie 1990. Le brevet d'usage de cette molécule, commercialisée aujourd'hui par l'entreprise espagnole PharmaMar, a été déposé par Harvard. Mais revenons à l'essentiel : il a été nécessaire de tuer une tonne d'ascidies pour obtenir un gramme de principe actif. Or, il faut au moins cinq grammes pour un essai clinique !"

 

"Bref, je découvrais avec stupeur que mettre en évidence la richesse moléculaire des organismes marins des récifs coralliens ne pouvait qu'encourager le pillage et la destruction des précieux récifs, l'appauvrissement de leur fantastique biodiversité. Tout l'opposé de ma démarche initiale !"

 

"Que de nuits blanches à ressasser ce paradoxe… Jusqu'à la rencontre avec le Professeur Christian Siatka, Généticien devenu depuis vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens. "Si je te prends un cheveu, un morceau d'ongle, je ne te fais pas mal et j'obtiens ton ADN", m'expliqua-t-il fort simplement. "Et si tu fais de même avec de minuscules morceaux d'éponges, tu obtiendras leur ADN. Il sera possible d'y rechercher des molécules d'intérêt par des travaux de bio-informatique sans avoir besoin, ni de tuer, ni de blesser la moindre éponge et encore moins de retourner la déranger sur son récif".

 

"Dans ces conditions, il devenait possible de valoriser le patrimoine récifal français en s'intéressant aux éponges, réputées pour leurs propriétés exceptionnelles. Il s'avérait surtout possible également de préserver les précieuses données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction, elle-même en phase d'accélération du fait du dérèglement climatique. Voici donc comment se bâtirent les fondamentaux du Projet REFRACOR 2030."     

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Les récifs coralliens français sont aujourd'hui un spectacle naturel (magique !) pour les touristes et le terrain

d'exploration de la recherche scientifique fondamentale. Ils sont aussi une réserve infinie de molécules d'intérêt

à usage des êtres humains. Un patrimoine national à préserver. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches

CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)

Nous avons déterminé trois grands objectifs au Projet REFRACOR 2030 :                      

       

Premier objectif : Préserver le fantastique patrimoine des REssources FRAnçaises CORalliennes de : Méditerranée - Océan Atlantique / Mer des Caraïbes - Océan Indien - Océan Pacifique et d'en permettre l'usage vertueux grâce à un traitement génétique (numérique) qui ne tue ni ne blesse les organismes marins. 

 

Deuxième objectif : Garantir au territoire d'origine des échantillons prélevés un profit significatif généré par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle - incluant le dépôt de brevets pour une protection renforcée - relative à l'usage de molécules d'intérêt issues d'organismes marins. Pour cela il est nécessaire d'établir une parfaite traçabilité des échantillons, puis des données numériques qui en sont issues. La blockchain nous le permet.

 

Troisième objectif : Permettre la création de nouveaux métiers de l'Économie Bleue par le traitement génétique (numérique) des ressources françaises coralliennes au profit des lycéens et des jeunes étudiants jusqu'à BAC + 3, prioritairement à ceux originaires des sites de prélèvement des échantillons d'organismes marins. Par exemple, former prioritairement les jeunes Guadeloupéennes et Guadeloupéens à la génétique appliquée aux organismes marins du Parc national de la Guadeloupe en collaboration avec les filières pédagogiques locales. L'Intelligence Artificielle (IA) aidera à établir un pont entre le travail des étudiants, d'une part et l'univers français des start-ups et celui des industries concernées, d'autre part. 

 

À moyen terme, l'objectif est de mettre au point le texte d'un cadre réglementaire applicable à TOUTES les ressources françaises coralliennes et de le présenter à la communauté internationale en guise de document fondateur d'une future réglementation internationale pour renforcer le Protocole de Nagoya, afin de préserver aussi bien le vivant que les données génétiques (numériques) qui en sont issues. Une innovation majeure !

 

À plus long terme, l'objectif est de participer ainsi au financement de la mise en œuvre d'Aires Marines Protégées et de Réserves Naturelles Nationales en compensant la diminution des recettes d'exploitation touristique des récifs coralliens - qui menace leur biodiversité - par des profits financiers garantis par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle relative à l'usage de molécules d'intérêt issues des organismes marins des sites concernés.

 

FINALITÉ DU PROJET REFRACOR 2030                         

       

En résumé, la finalité du projet de souveraineté nationale REFRACOR 2030 est de : Protéger efficacement et valoriser vertueusement le patrimoine des fantastiques ressources sous-marines françaises ; Créer des filières d'excellence pour les jeunes en collaboration durable avec nos Outre-mer ; Développer l'Économie Bleue de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement conformément à l'Objectif 7 de France 2030 : "Produire en France au minimum 20 biomédicaments, en particulier contre les cancers, les maladies rares, les maladies chroniques, dont celles liées à l'âge".

 

Désormais, nous réalisons la phase-test du Projet REFRACOR 2030 au gré de la mise en œuvre des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens, à la voile en autonomie totale sans émission de CO2 avec notre Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, intégralement équipé en plateforme de recherche océanographique, grâce au soutien de nos partenaires et mécènes, mais également d'industriels qui mesurent l'intérêt d'une exploitation vertueuse des ressources coralliennes pour en préserver la biodiversité. Une démarche dans l'intérêt des populations des sites coralliens concernés, car ce seront les premiers gardiens du trésor national !

 

Parallèlement, nous proposons au gouvernement français une ébauche de convention de préservation de notre patrimoine récifal national. Nous espérons qu'elle sera reprise par l'ensemble des pays réunis au sein des Nations Unies. Cela tombe bien : leurs représentants seront à Nice du 5 au 15 juin 2025 à l'invitation du Président de la République Emmanuel Macron dans le cadre de la troisième Conférence pour l'Océan - UNOC Nice 25…

Mercredi 10 avril 2024

Au pays où le soleil ne se couche jamais…

La France est présente dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique. Sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Il est donc légitime de déclarer que le soleil ne se couche jamais sur notre pays. Il est doté du deuxième espace maritime au Monde (Zone Économique Exclusive - ZEE) avec 11.035.000 km² derrière les États-Unis (11.351.000 km²) et largement devant les Australiens (8.505.348 km²). La France dispose surtout du plus grand domaine sous-maritime au Monde (11.614.000 km²), soit un patrimoine inestimé …et inestimable. Surtout, un patrimoine inexploité ! Ou, pour le moins, dont les ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers. Explication ci-après…

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Cette carte de la France et de ses départements et régions d'outre-mer ainsi que de ses collectivités d'outre-mer

- DROM-COM précédemment dénommés DOM-TOM - met en évidence que le soleil brille toujours quelque part

sur son territoire. Il est donc juste d'affirmer que "la France est le pays où le soleil ne se couche jamais".

Carte Superbenjamin d'après BlankMap World

Selon le Ministère de la transition écologique et de de la cohésion des territoires en 2021 : "La France compte 58.000 km2 de récifs coralliens et leurs lagons, soit près de 10% des récifs mondiaux derrière l'Australie, l'Indonésie et les Philippines".

 

Or, de ces quatre pays, c'est probablement la France qui dispose de la plus grande puissance de recherche scientifique au service de l'étude des récifs coralliens et de leur biodiversité sous toutes ses formes. Un leadership en la matière acquis grâce au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), à l'Institut Français de Recherche pour le Développement (IRD) et à l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), pour ne citer que les quatre instituts emblématiques qui font la fierté de notre pays. Il faut y adjoindre les nombreuses Unités Mixtes de Recherche (UMR) adossées à des facultés dotées de professeurs internationalement réputés par la qualité de leurs travaux.

 

C'est ainsi que les Français publient de nombreuses études scientifiques de grande valeur. Des trésors qui tombent dans le domaine public dès leur parution. Ou comment dilapider le patrimoine récifal français au profit des grands pôles industriels étrangers. Une étude de l'Université de Stockholm l'a mis en évidence en juin 2018, au gré d'un travail réalisé par cinq chercheurs dont le Français Jean-Baptiste Jouffray : Corporate control and global governance of marine genetic resources - 06 June 2018 - Robert Blasiak, Jean-Baptiste Jouffray, Colette C. C. Wabnitz, Emma Sundstrom, Henrik Österblom.

 

Selon cette étude, les Big Six de la chimie : BASF, Bayer, Dow Chemical, DuPont, Monsanto et Syngenta détenaient à la fin de l'année 2017 un total de 84% des brevets relatifs aux ressources génétiques issues d'organismes marins. À elle seule, la société allemande BASF, leader mondial de la chimie, en détenait 47%, dont un bon nombre relatif à des organismes coralliens. Pourtant, l'Allemagne ne dispose d'aucun récif corallien tropical. À moins que cela ne nous ait échappé… Mais l'Allemagne, comme une majorité de nations, bénéficie également du sacro-saint partage gratuit des données entre instituts scientifiques. Dont, évidemment, les résultats de la performante recherche fondamentale française effectuée sur des organismes prélevés dans notre patrimoine corallien !

 

Ainsi, les industriels étrangers accèdent aux fantastiques ressources récifales patrimoniales de la France sans bourse délier, sans contribuer à la formation scolaire et universitaire française, sans favoriser le développement de startups de biotech, sans financer la healthtech tricolore. Leurs produits manufacturés issus des ressources récifales tricolores peuvent donc menacer notre souveraineté industrielle dans des secteurs à forte valeur ajoutée, sans enfreindre aucune loi, sans risquer une seule sanction. Avouez qu'ils auraient tort de se priver, ne les en blâmons pas.

 

Car aucune règlementation internationale, ni même française, n'existe à ce jour pour protéger efficacement les ressources génétiques (données numériques) d'organismes vivants, terrestres ou marins.

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Observez bien ces superbes organismes marins photographiés sur les récifs coralliens du Parc national de la Guadeloupe. Au-delà de leurs couleurs exceptionnelles, ils recèlent probablement des molécules d'intérêt à usage de la Santé. Photo Claude Lefebvre avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe

D'aucuns et ils sont nombreux, argueront que le Protocole de Nagoya - adopté en 2010 et entré en vigueur en France le 12 octobre 2014 - protège le Vivant et qu'il prévoit le "partage des avantages" potentiellement acquis. C'était probablement le vœu pieux qui animait ses créateurs. Il n'en est rien.

 

Force est de constater que ce texte, contraignant administrativement, ne protège pas les données génétiques (données numériques issues du Vivant) pour de multiples raisons. Ce sont presque exclusivement des chercheurs et chercheuses d'instituts d'État qui collectent le vivant à destination d'études scientifiques fondamentales. Mais ce sont des sociétés privées sans lien avec eux qui en font un usage commercial plusieurs années ou dizaines d'années plus tard, grâce aux publications scientifiques tombées dans le domaine public. Or, les premiers ne sont liés d'aucune manière aux industriels qui interviennent en bout de chaîne. Car aucune traçabilité n'est établie entre l'échantillon issu du récif corallien (français) et la molécule d'intérêt qui en est issue à des fins d'exploitation commerciale. 

 

En effet, les autorisations de collecte d'échantillons du vivant n'imposent pas d'engagement formel de restitution d'une part des avantages acquis tant que l'usage commercial n'est pas précisément identifié. Dans le meilleur des cas, cet usage commercial ne peut parfois être confirmé qu'environ dix à quinze ans après la collecte de l'échantillon de vivant : Cinq à sept ans d'études fondamentales et de publication ; au moins cinq ans, si ce ne sont dix de plus, de recherche appliquée ; puis trois ans de démarches pour une mise sur le marché. Nous avons donc l'habitude de comparer ce Protocole de Nagoya à une raquette de tennis sans cordage. Ce n'est pas l'idéal pour jouer à armes égales avec nos homologues industriels…

 

Les brevets déposés ne concernent pas les données génétiques elles-mêmes, car le Vivant est inaliénable. Il appartient indéfiniment à la Nature. Seul son usage est brevetable. Or, il suffit à un industriel disposant, comme les géants de la Chimie, d'un pool de juristes spécialisés dans la protection de la propriété industrielle, pour breveter une fonctionnalité simple de la molécule en question, dans le but que personne d'autre n'en étudie d'autres propriétés. C'est une habile manière de "verrouiller" la molécule à son profit, sans pour autant enfreindre quelque loi que ce soit. Dissuasif !

 

Jusqu'à maintenant le travail de recherche relatif à des molécules d'intérêt issues d'organismes marins, dont l'étude approfondie de son innocuité et de sa capacité à soigner telle ou telle maladie, était long et fastidieux. Extrêmement coûteux, surtout ! Désormais, l'apport de l'Intelligence Artificielle (IA) ouvre des horizons qui semblaient inatteignables il y a encore deux ou trois ans. De ce fait, l'extraordinaire, le fantastique, l'inestimable patrimoine récifal français s'avère une source de richesse insoupçonnée, le vecteur de développement de métiers émergents de l'Économie Bleue. Sous réserve de ne pas s'endormir dans l'illusion soporifique de l'application du Protocole de Nagoya, qui est à la jeunesse et à l'économie française un rempart aussi "efficace" que le furent les 108 ouvrages et les 750 kilomètres de la Ligne Maginot au printemps 1940.

 

Heureusement, nous avons une solution efficace à proposer pour que la France exploite vertueusement ses innombrables richesses coralliennes, en veillant à ce que chaque territoire d'origine des échantillons d'organismes marins étudiés soit assuré contractuellement de profiter effectivement des avantages acquis, même très longtemps après que les échantillons aient été collectés. Pas seulement des chimères du Protocole de Nagoya ! Pour cela, nous mettons en œuvre une protection inviolable des connaissances accumulées au profit de la France, des jeunes Françaises et Français, car c'est bien de leur Avenir dont il est question. C'est le Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030. À découvrir mercredi 17 avril dans la Newsletter hebdomadaire titrée : Les éponges au service de l'Humanité…

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L'îlet Fajou - ou îlet à Fajou - est une petite île inhabitée au cœur du Grand Cul-de-sac marin dans le Parc national

de la Guadeloupe. Cernée par les récifs coralliens, elle est presque entièrement couverte de mangrove et n'émerge

que de quelques mètres. Photo Céline Lesponne avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe 

Mercredi 3 avril 2024

Kerkennah, sentinelle de Méditerranée

À la mi-avril, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN mettra le cap sur la Tunisie et plus particulièrement sur l'archipel des îles Kerkennah, situé face au port de Sfax au nord du Golfe de Gabès, pour y mener l'Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024, avant de se rendre à Bizerte pour réaliser des actions communes avec la fondation La Saison Bleue, présidée par Rym Benzina Bourguiba, par ailleurs Marraine du LOVE THE OCEAN. Kerkennah, site historique du commerce des éponges, est également le témoin des conséquences du dérèglement climatique qui frappe la Méditerranée. C'est une sentinelle de l'évolution de la biodiversité, comme de l'élévation du niveau de la mer qui impacte la qualité des terres arables et, par conséquent, les ressources terrestres, sources d'alimentation des populations littorales.

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Cette image de spongiaires représente ce qu'on aimerait découvrir lors de l'Expédition OceanoScientific

Récifs Coralliens Tunisie 2024 durant la seconde quinzaine du mois d'avril. Mais il se pourrait que la réalité des fonds

marins de Kerkennah soit toute autre… Photo Zerazi.com

Comme Soumaya Hmila l'a rappelé sur le site Blue Tunisia sous le titre : "Trésors engloutis de Kerkennah : Le déclin des éponges marines" : "Les éponges marines, familièrement appelées "Nchef" dans la région de Sfax, incarnent l’essence même de l’identité tunisienne. La Tunisie figurait en effet parmi les pionniers mondiaux de l’exportation de ce produit. Kerkennah se distinguait comme l’un des principaux producteurs à l’échelle nationale. Cependant, ce joyau maritime, autrefois si abondant, a quasiment disparu aujourd’hui pour des raisons multiples. La pollution, la surexploitation, la pêche illicite et les ravages du changement climatique ont conjointement épuisé les stocks d’éponges à Kerkennah, témoignant ainsi de la fragilité de cet héritage marin qui fut autrefois une fierté nationale". 

 

"En dépit de leur simplicité structurelle, ces organismes jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes marins. Agissant comme des filtres, les éponges peuvent purifier l’équivalent de leur propre volume d’eau en quelques secondes, contribuant ainsi à l’épuration de leur environnement aquatique en retenant les particules organiques fines".

 

"Faisant partie intégrante de l'héritage Tunisien depuis l'An 202 de notre ère, la commercialisation des éponges a sculpté des pans entiers de l’histoire de la Tunisie, générant emplois et prospérité au sein des communautés de pêcheurs".

 

Ce que Mohamed Hamdane confirme sur le site Culture & Patrimoine de Tunisie : "Les éponges étaient ramassées selon la nationalité des pêcheurs : soit au scaphandre pour les Grecs dont c'était la spécialité ; soit au trident pour les Tunisiens et les Italiens (Siciliens) ; soit avec un système de filet traîné sur les fonds et nommé "Gangave". La pêche étant malgré tout intensive, les fonds à éponges marquèrent dès la fin du XIXe Siècle et au début du XXe Siècle des signes d'appauvrissement. Pour tenter de trouver des solutions à ce problème, plusieurs chercheurs publièrent des études, dont la plus remarquée fut celle de Jean Servonnet et Fernand Lafitte en 1888". Rien n'y fit : la surpêche des éponges tunisiennes ne cessa de s'intensifier…

 

"Néanmoins, à Sfax, négociants et pêcheurs s'inquiétaient de cette situation. Ainsi, en 1903, le gouvernement tunisien décida d'installer au large du port de Sfax un petit laboratoire sur pilotis qui avait pour mission d'analyser les conditions de reproduction et de croissance des éponges. Il fut dirigé pendant trois années par Raphaël Dubois (1849-1929), pharmacien, médecin et professeur à la Faculté des Sciences de Lyon, lui-même assisté sur site par Antoine Allemand, dit Allemand-Martin (1876-1948)". Comme le Professeur Karim Ben Mustapha (Institut National des Sciences et Technologies de la Mer - INSTM) nous le rappelle : "Ce laboratoire de biologie marine in situ en Tunisie en 1903 fut le premier en Afrique et dans le monde arabe pour l'étude des spongiaires et de la spongiculture".  

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À environ un mille nautique du port de Sfax (Tunisie), le laboratoire sur pilotis des professeurs Raphaël Dubois et Antoine Allemand a probablement été, en 1903, le premier en Afrique et dans le monde arabe pour l'étude des spongiaires et de la spongiculture. Photo d'archives Antoine Allemand transmise par Karim Ben Mustapha (INSTM)

Paul Gourret (1859-1903), qui fût en 1893 Directeur-adjoint de la Station Biologique d'Endoume (Marseille) - dont sont issus également les célèbres spongiologues français Jean Vacelet et Thierry Pérez - a d'ailleurs travaillé aux côtés du Professeur Allemand-Martin, qui disait de ce laboratoire unique en son genre : "Ce n'est pas un laboratoire ouvert aux personnes qui se proposent d'étudier les diverses branches de la biologie marine et encore moins un laboratoire pédagogique ou d'enseignement biologique. Il est situé à 1 500 mètres au large du port de Sfax. Cet emplacement a été choisi pour avoir toujours des eaux vives, exemptes des souillures du littoral. C'est une maisonnette en bois construite sur pilotis d'une surface de neuf mètres par cinq, émergeant de la mer comme un îlot. Son gardien est un kerkennien. C'est un des meilleurs plongeurs à nu de la contrée et il s'entend à merveille pour soigner les cultures sous l'eau et les surveiller"

 

"En 1906, Antoine Allemand-Martin publiait d'ailleurs les résultats de son travail qui permettaient enfin de mieux connaître la vie des éponges, mais aussi leur mode de culture. Sa recommandation étant, une fois de plus déjà à cette époque, de protéger les herbiers de posidonie et les hauts-fonds, en particulier du Golfe de Gabès, au Nord duquel se situe l'archipel des îles Kerkennah".

 

Si les Tunisiens exploitèrent leurs propres éponges, il ne faut pas sous-estimer l'impact des pêcheurs grecs et, surtout, siciliens sur la ressource des spongiaires des récifs coralliens de Tunisie. Comme souvent, le pillage du patrimoine maritime de la rive Sud de la Méditerranée par la rive Nord fit la richesse des Nordistes.

 

Alfonso Campisi le rappelait dans les colonnes du magazine La Presse en février 2021 en se référant à l'histoire de l'exploitation des éponges : "Difficile d’établir avec certitude quand a débuté l’aventure du commerce des éponges en Méditerranée. Une chose est sûre, leur usage remonte à plus de 2 700 ans. Le poète Homère (VIIIe Siècle avant J.-C)décrivait d'ailleurs Pénélope utilisant les éponges pour laver ses plats. Et la légende évoque Héphaïstos, dieu grec du feu et maître des arts de la forge et du travail des métaux, s’en servant pour nettoyer ses glorieuses créations. Au milieu du XXe Siècle, après la Seconde Guerre Mondiale, les villes de Trapani en Sicile et de Sfax en Tunisie, ont été liées par une activité économique importante fondée sur la pêche au corail et aux éponges".

 

"La période de pêche à l’éponge, ou "sponsi" en sicilien, s’effectuait entre février et novembre. Jusqu’en 1956-1957, une flotte de plus de soixante petites embarcations a été utilisée pour la pêche à l’éponge. Une expédition depuis les côtes siciliennes pouvait durer trois mois. La navigation de Trapani à la côte africaine durait un peu plus d’une journée. Les pêcheurs d’éponges, qui composaient l’équipage, appartenaient presque toujours à une même famille. La pêche commençait toujours par le rite de la prière. Les pêcheurs invoquaient Dieu et tous les saints protecteurs avant même de sortir du port !"

 

"La présence à Sfax et dans le Golfe de Gabès des pêcheurs de Trapani a également été attestée en 1869 dans l’Annuaire scientifique et industriel, qui décrivait la pêche aux coraux et aux éponges sur la côte tunisienne comme une "pêche italienne" (!) qui employait environ 7 000 marins siciliens et tunisiens pendant la saison estivale".

 

"Il était difficile de ramasser des éponges en apnée, sachant que les plus belles étaient aussi les plus profondes. Les récits oraux, transmis d'une génération à l'autre, prêtent aux premiers plongeurs pêcheurs d'éponges des capacités hors du commun. Selon les textes anciens, ils descendaient nus à près de soixante mètres de profondeur pendant plus de cinq minutes pour collecter les précieuses créatures. Ceux qui ont réussi cet exploit sont devenus de véritables héros. Au retour dans leur village d'origine, ils se vantaient de leurs exploits et du fait qu'ils aient survécu aux terribles tempêtes, aux vagues et aux dures conditions de vie à bord".

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La Société Tunisienne d’Exportation des Produits Maritimes et Agricoles (STEPMA Éponges) est spécialisée

dans le traitement et l’exportation des éponges naturelles de la Mer Méditerranée depuis sa fondation en 1963,

suite à la reprise de la société Colettis Frères crée en 1946. Le tri des éponges, ici au début des années 60,

était une phase importante de leur exploitation. Photo d'archives STEPMA Éponges

Si la ressource des spongiaires a fortement diminué tout au long du XXe Siècle et plus particulièrement à partir des années soixante, bon nombre d'actions sont engagées pour que les éponges renaissent sur les récifs du Golfe de Gabès.

 

Cependant, une autre menace pèse sur Kerkennah, comme Lucile Étienne (Université Paris Diderot) l'a exposé dès 2014 dans sa thèse : "Accentuation récente de la vulnérabilité liée à la mobilité du trait de côte et à la salinisation des sols de l'archipel de Kerkennah".

 

Lucile Étienne explique ainsi que "l’archipel de Kerkennah est constitué de petites îles et d’îlots dont l’altitude maximale est de seulement treize mètres. La transition entre la terre et la mer est le plus souvent très douce. Cela implique que de vastes espaces sont impactés par une salinité élevée. Les espaces les plus bas, où la nappe est parfois affleurante, sont composés de "sebkhas" qui sont des terres salées et spécifiques des milieux semi‑arides. À Kerkennah, ces sebkhas représentent 45% de la surface des îles. Elles sont dites littorales, car elles sont reliées à la mer par un exutoire. Les échanges d’eau entre terre et mer sont donc normaux et les sebkhas peuvent être inondées durant la période hivernale, puis sèches pendant l’été". La thèse de Lucile Étienne a donc porté sur : "La salinité des sols agricoles près du littoral et les problématiques qui y sont associées".

 

"Ces questions sont particulièrement importantes" souligne-t-elle, "en raison de trois facteurs qui touchent l’archipel : l’élévation du niveau de la mer ; l’évolution du climat vers l’aride ; l’évolution des pratiques culturales".

 

"Le Golfe de Gabès connait en effet une élévation du niveau de la mer particulièrement importante, au moins depuis les années 1950 (Saidani, 2007). Cela a pour conséquence le recul de la côte et donc la perte de terres potentiellement arables, mais aussi la salinisation de la nappe souterraine dont l’eau est utilisée pour l’irrigation".

 

"Le climat évolue vers l’aride depuis les années 1970, avec une élévation des températures et un allongement de la période estivale, ce qui entraine une évaporation et une évapotranspiration plus intenses. Il en résulte donc un stress hydrique plus important (Dahech, 2012)".

 

"L’évolution de ces facteurs naturels implique un stress sur la végétation, puisque les plantes ont besoin de plus d’eau et que l’eau disponible est de plus en plus salée. De surcroît, elle a conduit à l’extension parfois importante des sebkhas de l’archipel. Elles ont en effet gagné en moyenne 18% de leur surface initiale entre 1963 et 2010 (Étienne, 2014)".

 

"Associées aux sècheresses des années 1960 et 1980 (Hénia, in Arnould et Hotyat, 2003), les pratiques culturales ont évolué depuis les années 1960 avec la reconversion de parcelles de palmeraie en oliveraies, jusqu’à l’installation des périmètres irrigués et drainés des sites de Melitta et de Ramla en 1995. Or, l’eau utilisée pour l’irrigation est issue de deux puits profonds d’eau saumâtre. Cette eau saumâtre est utilisée dans les périmètres drainés, mais est aussi revendue illégalement en dehors de ces derniers. Cette situation a des conséquences non négligeables sur la qualité des sols. Les sècheresses fréquentes et l’installation des périmètres drainés ont malheureusement conduit au progressif abandon des pratiques agricoles anciennes".

 

"L’extension spatiale de la salinité est associée au phénomène naturel de l'extension spatiale des sebkhas. Mais celui-ci est décuplé par des causes anthropiques : de l'abandon des pratiques anciennes qui garantissaient un équilibre naturel, à la mauvaise gestion des eaux d’irrigation".

 

Plus que jamais, cette situation, conséquence de l'impact de l'Homme sur la Nature, est inquiétante, mais pas irréversible. Les efforts conjugués des scientifiques, notamment ceux de l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer - INSTM et des associations de protection de l'environnement marin, à l'image de La Saison Bleue, réussissent à mobiliser les pouvoirs publics sans lesquels, en Tunisie comme en France, aucune politique durable de régénération des zones naturelles sensibles ne serait possible.

Mercredi 27 mars 2024

Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024

À la mi-avril, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, basé au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed) de Port Saint Louis du Rhône, mettra le cap sur le Sud-Est du bassin méditerranéen occidental pour une courte Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024 dans l'archipel des îles Kerkennah, au niveau de la ville côtière de Sfax, puis à Bizerte, avant de pointer ses étraves vers Marseille. Ce sera l'occasion de réaliser des actions communes avec la fondation La Saison Bleue, présidée par Rym Benzina Bourguiba, par ailleurs Marraine, avec Theresa Zabell (Espagne) du LOVE THE OCEAN. Le choix des Kerkennah - sanctuaire important de conservation des oiseaux - est dicté par le fait qu'elles sont réputées pour leur importance historique dans la production d'éponges commerciales. Rappelons que près de 150 espèces d'éponges ont été répertoriées en Tunisie, dont cinq à vocation commerciale. La pêche aux éponges sur ce site remonte a priori à l'An 202 de notre ère. La pêche se pratiquait à pied ou en apnée par des fonds souvent inférieurs à trois mètres. Mais la ressource a diminué drastiquement du fait de la surpêche, de la pollution et de l'élévation de la température de l'eau mer. Or, il est question de recréer les conditions adéquates pour que la ressource de spongiaires se développe à nouveau... 

 

Cette navigation d'environ 1 300 milles nautiques (2 400 km) sera l'occasion de réaliser une phase de tests en navigation hauturière du boîtier OCEANO VOX, conçu et développé par Antoine Cousot dans le cadre du projet "Citizen into Science" supporté par la Fondation PURE OCEAN en collaboration avec l'Ifremer, à l'initiative de Lucie Cocquempot.

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Trajet de l'Expédition OceanoScientific Récifs Coralliens Tunisie 2024 au départ de Port Saint Louis du Rhône à destination de l'archipel des Kerkennah, puis de Bizerte (Tunisie), avec retour en France, à Marseille. Carte Boatbookings.com

La Saison Bleue, créée en 2018, se consacre : à la valorisation du littoral tunisien et de ses multiples activités et ressources ; à des actions de protection et de connaissance des côtes et des écosystèmes marins, ainsi qu’au soutien d'initiatives des collectivités littorales et des acteurs du Maritime. C'est aussi l'organisatrice du Forum Mondial de la Mer-Bizerte, présidé par Pascal Lamy. La Tunisie, c'est trois mille ans de civilisation maritime depuis que les Phéniciens y ont établi un de leurs nombreux comptoirs, mille ans environ avant J.-C. Près de huit millions de Tunisiens vivent sur un littoral de 1 300 kilomètres, ou de 2 300 kilomètres si on ajoute îles et lagunes.

 

Quelques informations au sujet des spongiaires, nommés plus familièrement : éponges, grâce au résumé des publications des chercheurs français Eva Ternon et Olivier P. Thomas tel qu'il a été réalisé sur le site Planet Vie.

 

Les éponges sont des animaux marins non mobiles qui vivent fixés sur le sédiment. Ce sont donc des animaux benthiques. Leur répartition couvre l’ensemble des mers et des océans de la Planète. Si elles sont particulièrement présentes et étudiées en milieu océanique tropical, elles se développent aussi dans les zones tempérées, depuis les faibles profondeurs jusqu’à plus de 2 000 mètres de fond. On en trouve également en eaux douces et saumâtres.

 

Les plus vieux fossiles d’éponges marines trouvés sont datés de plus de 760 millions d’années, indiquant que les éponges ont survécu aux grandes extinctions du Cambrien et du Crétacé, aux périodes de glaciation et aux autres variations climatiques majeures.

 

Comment des animaux aussi vulnérables en apparence ont-ils pu traverser les âges ? La réponse réside dans la chimie de ces organismes marins exceptionnels. Au cours de leur longue évolution, les éponges ont développé au sein de leurs tissus un arsenal de composés organiques, appelés "métabolites spécialisés", qui présentent une toxicité plus ou moins marquée. Nous savons maintenant que ces métabolites sont utilisés par l’éponge pour lutter contre les infections et/ou l’invasion de bactéries et de champignons dans leurs tissus.

 

Ce bouclier chimique permet également à l’éponge de signaler sa présence dans un but de sa propre protection. En effet, les éponges marines sont soumises à plusieurs dangers du fait de leur immobilité. Elles ne peuvent pas fuir les prédateurs ; ne peuvent pas stopper les organismes envahissants et elles doivent lutter pour maintenir et conquérir un espace vital. 

 

Au cours de leur vie, les éponges encroûtantes - qui forment une sorte de pellicule sur le substrat sur lequel elles s'installent - tendent notamment à s’étaler sur le substrat sur lequel elles sont fixées. Elles dissuadent la fixation d’autres organismes sur ce même substrat en signalant leur présence à l’aide de leurs composés toxiques.

 

Les mécanismes derrière la biosynthèse de ces métabolites sont encore mal connus à ce jour. Toutefois, il semblerait que les bactéries symbiotes de l'éponge y participent activement. Ainsi, chaque espèce d’éponge développe une formidable "armoire à pharmacie" qui lui est propre. À ce jour, ce sont plus de 6 500 métabolites spécialisés qui ont été caractérisés parmi 8 000 espèces de spongiaires recensées.

 

Ces cinquante dernières années, cette "armoire à pharmacie" marine a été largement étudiée pour des applications humaines au profit de la santé. Cette science des produits naturels marins a conduit à la découverte de nombreuses molécules d'intérêt, originales et complexes, jusqu’alors jamais rencontrées dans la faune et la flore terrestres. La plupart de ces molécules bioactives sont testées contre des maladies humaines afin de déterminer leur efficacité potentielle en tant que médicament. Mais elles peuvent également être utilisées au profit du bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) comme des services à l'environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).

 

Notons que trois composés issus d’éponges marines ont été approuvés par la Food and Drug Administration américaine. Ils sont commercialisés comme anticancéreux (cancer du sein et leucémie) et antiviral (herpes) aux États-Unis comme dans certains pays européens, dont la France. Une quinzaine d'autres molécules candidates issues des éponges font actuellement l’objet de tests cliniques. Et les scientifiques s'accordent à considérer que les molécules d'intérêt recelées par les éponges sont innombrables...

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De dimensions réduites, facile à installer, le boitier OCEANO VOX est positionné en façade de la table à cartes

du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. Il communique avec la terre grâce à une constellation de nano satellites.

Sa vocation est d'équiper les bateaux de plaisance (voile & moteur) pour offrir un service innovant aux propriétaires comme aux compagnies d'assurances afin d'améliorer la sécurité en mer. Photo OceanoScientific

OCEANO VOX est une solution disruptive, imaginée par Antoine Cousot, d’acquisition de données en mer afin d’offrir à tous les plaisanciers la possibilité de s'impliquer dans l’amélioration de la sécurité en mer et pour une meilleure connaissance de l'Océan. Il s'agit de collecter automatiquement à bord des navires, dont les voiliers de plaisance, des données scientifiques essentielles pour parfaire les prévisions météorologiques en les transmettant automatiquement à terre grâce au réseau de nanosatellites Kinéis. Cet outil sera également utile aux compagnies d'assurances pour réduire les risques consécutifs aux phénomènes météorologiques extrêmes (cyclones) et exceptionnels.

 

Ce projet "Citizen into Science", coordonné par Lucie Cocquempot (Ifremer), a été lauréat de l'Appel à Projets 2023 de la fondation PURE OCEAN. Grâce à cela, un premier jeu de balises OCEANO VOX de la taille d’une grosse boite d'allumettes sera déployé en zone arctique pendant l’été 2024 au sein d’une flotte volontaire de voiliers de plaisance hauturière. Les données météo collectées seront mises à disposition de l’Ifremer, partenaire scientifique du projet.

Mercredi 20 mars 2024

Sensibiliser les plus jeunes en priorité

Depuis sa création, le 7 janvier 2011, l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific priorise la sensibilisation des jeunes des classes de CM1-CM2 des écoles de ses sites de prédilection : de Monaco à Port Saint Louis du Rhône, base technique du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, actuellement amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Ainsi, mardi 19 mars, c'était l'occasion pour Yvan Griboval, Président de OceanoScientific et Marin-Explorateur, Clara Bayol, Ingénieure biologiste et Cécile d’Estais, Déléguée Générale de l’association, de rencontrer des élèves des trois écoles primaires de la commune de Port Saint Louis du Rhône : Paul Éluard, Jules Verne et Romain Rolland. Dans chaque classe, nombreux sont les enfants qui vont fréquemment en mer en famille, que ce soit pour pêcher ou faire de la voile au départ de cette commune entre Mer Méditerranée, Golfe de Fos et Rhône, aux portes de la Camargue. Ces vocations de marins en herbe sont favorisées par l'initiative du Maire, Martial Alvarez, qui a institué pour chaque classe de CM1-CM2 une semaine complète de cours de voile à la Base nautique municipale de Port Saint Louis du Rhône, située dans le quartier de Carteau. La sensibilisation de ces jeunes à la préservation de leur milieu naturel s'adresse à des oreilles attentives. Le message prospèrera sans aucun doute dans leur cercle familial.  

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Enthousiasme des élèves de CM1-CM2 de la classe de Adeline Bosc de l'École primaire

Paul Éluard de Port Saint Louis du Rhône. Photo OceanoScientific

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Sensibilisation des élèves de CM1-CM2 de la classe de Aude-Emmanuelle Navarro-Pages de l'École primaire Jules Verne de Port Saint Louis du Rhône. Photo OceanoScientific

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Rencontre des élèves de CM1-CM2 de la classe de Cindelle Logeais Toubi de l'École primaire Romain Rolland

de Port Saint Louis du Rhône. Photo OceanoScientific

Mercredi 13 mars 2024

Faux départ… et programme à rebâtir

Après la longue attente de trois semaines d'une fenêtre météo favorable, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN a quitté notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône, où il était amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed), mardi 12 mars en milieu de matinée. La veille, tout l'avitaillement - à 90% des produits Lyophilisé & Co sans lesquels nous n'envisageons pas de quitter le port ! - avait été réparti dans les coffres et placards, nombreux sur les catamarans Lagoon. Derniers arrivés, les produits de notre partenaire Conserverie La Belle-Iloise, issus d'une pêche responsable et qui égayent nos repas à terre comme en mer depuis plusieurs dizaines d'années, étaient stockés à bord à leur tour.

 

Enfin, nous pouvions déguster la joie de nous engager dans le Golfe du Lion avec une Tramontane de 25 à 30 nœuds de travers. LOVE THE OCEAN filait entre 9 et 10 nœuds sous deux ris et trinquette sur une mer raisonnablement agitée. Cependant, au premier croisement de cargo, il s'avéra que le système de positionnement AIS était inopérant. L'AIS (Automatic Identification System) permet d'identifier les navires croisés, leur type, leur cap et leur vitesse et d'être identifié soi-même de la même manière. Cet outil est destiné à éviter les abordages. Il est indispensable lorsqu'on navigue en Méditerranée, surtout pour se rapprocher puis pour emprunter le Détroit de Gibraltar. Conséquence : Retour au Ponton K de Nautismed mercredi 13 mars à 7h15, où Nicolas Escande (AD Nautic Port-Saint-Louis-du-Rhône) a remis l’émission/réception AIS en service en quelques minutes. Ce problème était causé par un fil partiellement débranché. L'électricien/électronicien l’identifie et reconnecte le câble en moins de temps qu'il ne faut pour l'expliquer. Mais le marin ne sait pas le résoudre dans la jungle des câbles entremêlés qui courent derrière la façade de la table à cartes. Désormais, la fenêtre météo s'est refermée. Il est donc nécessaire de rebâtir un programme en observant avec acuité les prévisions météo…

Grand soleil, Tramontane de 25 à 30 nœuds et mer raisonnablement agitée : LOVE THE OCEAN traverse le Golfe du Lion en galopant à 9-10 nœuds. Ce catamaran Lagoon 570 est particulièrement à l'aise dans ces conditions agitées.

Photo OceanoScientific

Joie d'avoir terminé l'ultime préparation au départ en Expédition OceanoScientific, de gauche à droite : Yvan Griboval (Skipper) ; Cécile d'Estais (Déléguée Générale de OceanoScientific - Coordinatrice de l'avitaillement des Expéditions OceanoScientific et de l'optimisation de la vie à bord) ; Clara Bayol (Ingénieure biologiste) ; Helena Nyhlén (ex-Propriétaire du Lagoon 570 DRAGOON devenu LOVE THE OCEAN). Selfie OceanoScientific

Sortie du chenal de Port-Saint-Louis-du-Rhône mardi 12 mars : Yvan Griboval (Skipper) à la barre, Clara Bayol (Ingénieure biologiste) sur le toit de la cabine et l'ancienne propriétaire suédoise du Lagoon 570, Helena Nyhlén, derrière le cagnard EXSYMOL Monaco. Photo OceanoScientific

Mercredi 6 mars 2024

Au bon vouloir d'Éole…

En attente d'une fenêtre météo favorable, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est toujours stationné à notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône, sous les rafales du Mistral au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Avec la précieuse assistance de Christian Dumard, notre routeur de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017, nous étudions sans discontinuer les modèles météo : GFS l'Américain, ECMWF l'Européen et, bien sûr, Arome le Français. Et nous multiplions les routages sur TZ Navigator, installé sur le PC de LOVE THE OCEAN et sur notre iPad par notre partenaire ROM-arrangé. L'objectif n'est pourtant pas compliqué : Éviter de partir sous les rafales d'un Mistral ou d'une Tramontane trop violentes dans le Golfe du Lion, puis éviter de s'opposer à un fort Sud-Ouest pour longer les côtes espagnoles, s'engager dans la mer d'Alboran - la partie la plus occidentale du bassin méditerranéen, entre le Maghreb (Algérie - Maroc) et l'Espagne - puis embouquer le Détroit de Gibraltar avec un vent portant, ou de face, mais faible. Or cela fait trois semaines que nous cherchons la fenêtre favorable …et l'attente continue. Avec espoir toutefois, car les dépressions qui courent d'Ouest en Est sur l'Atlantique ont tendance à remonter au gré du développement du fameux anticyclone des Açores et la situation devrait nous permettre d'appareiller sous peu. Enfin !

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Sous les rafales de Mistral, le pavillon OceanoScientific flotte fièrement sur le catamaran Lagoon 570 

LOVE THE OCEAN au Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Photo OceanoScientific

"La succession de très fortes dépressions en Atlantique qui ont impacté la situation météorologique en Méditerranée durant ce mois de février est exceptionnelle, mais nous l'avons déjà vécue durant l'hiver 2020-2021 par exemple", explique Christian Dumard. On serait tenté d'en déduire que c'est un marqueur du dérèglement climatique. Ce que Christian Dumard modère : "Il faut dissocier Météorologie et Climatologie. Si la Météorologie nous permet de disposer de prévisions et de constater des phénomènes dépressionnaires et anticycloniques, la Climatologie s'inscrit sur un temps long. Ce n'est que dans au moins une dizaine d'années, en étudiant l'évolution de la météorologie sur une longue période avec des outils identiques d'observation qu'il sera possible, ou pas, d'attribuer les phénomènes exceptionnels que nous vivons - il est vrai, de plus en plus fréquemment - à un dérèglement climatique. Avec peu de recul, il est impossible de tirer des conclusions fiables."

 

Christian Dumard, routeur réputé pour avoir contribué aux succès de nombreux coureurs océaniques en solitaire comme en équipage autour de la Planète, conseiller météo du Vendée Globe et de nombreuses courses au large, est également le cofondateur avec Basile Rochut de la jeune société Marine Weather Intelligence, qui décuple l'efficacité conjuguée de l'exceptionnelle expérience de Christian Dumard et des outils offerts par l'Intelligence Artificielle. De ce fait, il n'est plus seulement question d'apporter une assistance aux coureurs d'océans en compétition comme en exploration ou en plaisance. L'objectif est désormais d'effectuer des analyses météo et des routages maritimes pour le transport de marchandises à risques qui nécessitent des conditions de navigation spécifiques. Il est également question d'aider à diminuer l'impact environnemental de la navigation commerciale et des super yachts. Le but est de favoriser une réduction des émissions de CO2 par le choix de routes maritimes avec des vents et courants portants. Cela permettra d'éviter de contraindre le navire à pousser ses moteurs et à augmenter ses émissions de gaz toxiques pour faire face à des vents et courants contraires. Une route plus longue sur la carte, peut se révéler d'une durée équivalente à une route plus courte face à des éléments naturels qui ralentissent le navire et en augmentent le coût en carburant …et en émission de CO2 !

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Préparer une Expédition OceanoScientific, c'est envisager un maximum de situations et en prévenir les conséquences. C'est notamment constituer une pharmacie la plus complète qui soit, en intégrant les précieux compléments alimentaires de notre partenaire monégasque PhytoQuant. Photo OceanoScientific

Mercredi 28 février 2024

LOVE THE OCEAN : Catamaran de formation professionnelle

Quand le Golfe du Lion rugit avec des vents de plus de 40 nœuds - Force 9 / Fort coup de vent sur l'Échelle de Beaufort (photo ci-dessous) - mieux vaut laisser les amarres bien souquées à terre ! La minuscule fenêtre météo espérée ce lundi matin 26 février n'a pas permis de quitter notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est ainsi toujours amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed), fin prêt à mettre cap au Sud-Ouest pour la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030. La veille météo a donc repris. Une nouvelle fenêtre météo, plus fiable semble-t-il, se précise dans quelques jours. Hâte d'appareiller !

 

C'est l'occasion de faire progresser les objectifs de l'association OceanoScientific tels que nous les avons présentés dans les Newsletters des 17 et 24 janvier : Science & Humanité / Formation des jeunes & Économie Bleue. Le catamaran LOVE THE OCEAN a démarré sa carrière d'OceanoScientific Explorer l'an dernier comme Base Totem Navigante du programme FAçade Méditerranéenne EXemplaire - FAMEX 2030, dont est issu le Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. En ce début d'année 2024, cette plateforme devient un véritable catamaran de formation professionnelle, grâce à de multiples collaborations, dont celle, déterminante, avec l'École de l'ADN grâce au Professeur Christian Siatka, Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN - présidée par le Professeur Philippe Berta - mais également vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030.

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Si le violet était la couleur préférée de Florence Arthaud, c'est surtout celle redoutée des marins lorsqu'elle illustre

une carte météo. Elle met en évidence des vents de 40 nœuds (quatre barbules sur la hampe indiquant la direction

du vent), voire de 50 nœuds (flèche sur la hampe), sachant que les rafales peuvent atteindre une dizaine de nœuds supplémentaires ! Capture d'écran Windy.app du 27 février - 08h03 de la prévision météorologique

du 28 février à 11h00 (heure locale) dans le Golfe du Lion.

"Je rêve de permettre à nos étudiants de faire des travaux pratiques en mer à la voile avec vous, de sortir des salles de cours !" Lorsque le Président de l'Université de Toulon, Xavier Leroux, me transmet son souhait avec enthousiasme à l'occasion de mon premier rendez-vous avec lui et son adjoint Frédéric Guinneton mardi 12 octobre 2021 en fin de journée, cette idée se grave dans ma mémoire. Réaliser le rêve du Président Leroux devient une évidence. A force de volonté, nous y arrivons cette année", explique Yvan Griboval.

 

C'est le cas dès maintenant, en embarquant Clara Bayol pour une traversée de l'Atlantique et la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 programmée en Guadeloupe au mois d'avril. Puis nous enchaînerons en juillet sur notre deuxième Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée sous la direction du Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier). 

 

Clara Bayol mêle avec talent son statut d'étudiante en fin de troisième année de formation d'ingénieur ChemBiotech à Strasbourg avec un double cursus Chimie & Biotechnologies de l'École Supérieure de Biotechnologies et de l'École de Chimie, Polymères et Matériaux …et celui de double championne du Monde de match-racing - compétitions de voile en duels à la manière de l'America's Cup.

 

"En réalisant son stage de fin d'études au sein de l'association OceanoScientific, Clara va passer de la théorie à la pratique à bord du catamaran LOVE THE OCEAN - en autonomie énergétique et sans émission de CO2 - au service des innovations majeures que sont la préservation et la valorisation des données génétiques d'organismes marins récifaux menacés d'extinction, ainsi qu'à la collecte d'ADN environnemental (ADNe). La finalité dans ce second cas est, outre une réelle connaissance scientifique de la biodiversité littorale, d'aider à terme les pêcheurs côtiers à pratiquer une pêche durable pour une alimentation durable", précise Yvan Griboval. "Forte de cette expérience et des compétences acquises sur le terrain au contact des Professeur Christian Siatka ainsi que du Professeur David Mouillot et de son équipe, Clara sera en capacité de présenter aux lycéens les nombreux débouchés qu'offre l'usage de la génétique appliquée à la biodiversité marine". Il s'agit de ces fameux nouveaux métiers de l'Économie Bleue. Ils émergent grâce au rapide développement des connaissances scientifiques conjugué à l'usage de l'Intelligence Artificielle (IA). Les premiers lycéens à bénéficier des "Ateliers Biodiversité Marine" seront ceux de Port-Saint-Louis-du-Rhône, Ville Partenaire de l'association OceanoScientific.

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De gauche à droite : Clara Bayol, stagiaire de l'association OceanoScientific de fin d'études ChemBiotech d'ingénieur

en double cursus Chimie & Biotechnologies et Julien Verne, collaborateur de la société ROM-arrangé (Lorient & Mauguio) qui vient d'installer le boitier OCEANO VOX pour un test océanique financé partiellement par

la Fondation Pure Ocean dans le cadre d'un appel à projets remporté par "Citizen into Science", initiative coordonnée par Lucie Cocquempot (Ifremer). Photo OceanoScientific

La première mission de Clara Bayol a été d'assister Julien Verne (ROM-arrangé) lors de l'installation du boitier OCEANO VOX. Il s'agit d'une solution disruptive, imaginée par Antoine Cousot, d’acquisition de données en mer afin d’offrir à tous les plaisanciers la possibilité de s'impliquer dans l’amélioration de la sécurité en mer et une meilleure connaissance de l'Océan. Cet outil sera également utile aux compagnies d'assurances.

 

Ce projet "Citizen into Science", coordonné par Lucie Cocquempot (Ifremer), a été lauréat de l'Appel à Projets 2023 de la fondation PURE OCEAN. Grâce à cela, un premier jeu de balises OCEANO VOX de la taille d’une grosse boite d'allumettes sera déployé en zone arctique pendant l’été 2024 au sein d’une flotte volontaire de voiliers de plaisance hauturière. Les données météo collectées seront mises à disposition de l’Ifremer, partenaire scientifique du projet.

 

Pour fiabiliser cette solution innovante avant le déploiement arctique, la balise OCEANO VOX sera donc testée préalablement en conditions océaniques à bord du catamaran LOVE THE OCEAN au gré d'une double traversée de l'Atlantique Nord. Le petit boitier fixé en façade de la table à cartes transmettra automatiquement toutes les heures des données météorologiques in-situ vers la terre via une constellation de nano satellites. Cela impose une compression importante des données, mais permet en contrepartie de réduire drastiquement les coûts d’acquisition de ces données inédites.

 

Il s'agit en fait d'une déclinaison à l'usage des plaisanciers d'une des fonctions de l'OceanoScientific System (OSC System) conçu par Yvan Griboval dès 2006 grâce au concours de la regrettée Fabienne Gaillard, puis de Thierry Reynaud (Ifremer), de Gilles Reverdin (CNRS - INSU - LOCEAN), de Pierre Blouch et Jean-Baptiste Cohuet (Météo-France) et de Denis Diverrès (IRD Bretagne - IMAGO).

 

Rappelons que cet OSC System a été mis au point en trois ans (2006-2009), puis développé ensuite sur différents navires à voile sur tous les grands océans, de l'Arctique à l'Antarctique sur un trajet équivalent à deux fois le tour du Monde. Le logiciel OSC-Software est désormais développé par ROM-arrangé, après la première campagne océanographique réalisée à l'interface Air-Mer avec succès à la voile sans émission de CO2 sous le 40e Sud durant soixante jours sans escale sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn, au gré de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017 réalisée en solitaire par Yvan Griboval de Monaco à Monaco.

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De la taille d'une grosse boite d'allumettes, facile à installer, le boitier OCEANO VOX communique avec la terre

grâce à une constellation de nano satellites. Sa vocation est d'équiper les bateaux de plaisance (voile & moteur) pour offrir un service innovant aux propriétaires comme aux compagnies d'assurances afin d'améliorer la sécurité en mer. Photo OceanoScientific

Mercredi 21 février 2024

Port Navy Super Services

Il y a tout juste un an, la tâche était délicate lorsque nous avons dû sélectionner une base technique sur le littoral méditerranéen pour transformer notre catamaran Lagoon 570 de 2001, tout juste acquis, en une plateforme OceanoScientific Explorer dénommée LOVE THE OCEAN, puis nous engager à y effectuer les maintenances annuelles sur un cycle de huit ans. Nous n'avions alors aucune réelle connaissance des professionnels du secteur. Plus de 45 ans d'activités professionnelles sur les côtes de Manche et d'Atlantique avaient forgé de solides habitudes dans cette zone, notamment auprès de l'excellente base technique V1D2 Marine Services (Caen - Normandie). Après de nombreuses démarches, notre choix s'est porté sur Port Navy Service à Port-Saint-Louis-du-Rhône, où nous avons placé la préparation de notre Lagoon LOVE THE OCEAN sous la coordination de Frédéric Switala et de Benoît Gabriel (META Yachts Services). À quelques jours de larguer les amarres pour la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030, nous ne pouvons que nous féliciter d'avoir fait le bon choix. Nous apprécions la collaboration avec les élus de la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône, en particulier avec le Maire, Martial Alvarez et ses équipes du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Sur le site de Port Navy Service - escale officielle du Club Lagoon - nous avons bénéficié de la présence de spécialistes compétents pour une préparation de qualité en vue de navigations océaniques au long cours sereines. Désormais, il faut attendre que la tempête "Louis" et ses conséquences méditerranéennes aillent souffler ailleurs pour que le LOVE THE OCEAN mette le cap au Sud-Ouest...

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Le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN effectue sa manœuvre pour accoster au quai de Port Navy Service.

Photo de drone Maeve Fabre - Port Navy Service

Depuis mai dernier, Port Navy Service, dirigé par Philippe Froment, et le Club Lagoon ont marié leurs compétences pour offrir des avantages exclusifs aux propriétaires des catamarans produits par CNB (Groupe Bénéteau) membres du Club Lagoon. Cela garantit aussi bien une place au port de premier choix, que des remises exceptionnelles sur les services portuaires et bien d'autres privilèges encore. Ce partenariat est taillé sur mesure pour les amoureux des Lagoon, …comme nous ! D'ailleurs, LOVE THE OCEAN est un des Ambassadeurs du Club Lagoon. Cette communauté d'excellence offre à ses membres l'accès à un réseau de marinas prestigieuses dans de nombreux pays et des réductions exclusives sur la Boutique Lagoon en ligne.

 

Chez Port Navy Service, outre l'engagement multidisciplinaire de META Yachts Services - comparable à ce qui se pratique dans la préparation de voiliers de course océanique en Manche et Atlantique - nous avons bénéficié des services de la talentueuse et rigoureuse équipe de Christophe Ortin (Atelier Marine Services), qui est intervenue avec efficacité sur nos deux moteurs Yanmar, leurs saildrives et notre générateur Onan. Ils sont également en charge du suivi de la maintenance du moteur Suzuki qui équipe notre annexe Vanguard. Un tandem précieux à l'efficacité avérée pour réaliser les Expéditions OceanoScientific ADNe Méditerranée.

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Port Navy Service est une base technique de plus en plus réputée. Il est fréquent d'y rencontrer de célèbres marins comme Paul Meilhat qui y hiverne son catamaran personnel. Ou de célèbres navires, comme ici

la goélette TARA qui sort de sa campagne sur le Rhône et se prépare à retourner naviguer en mer.

Photo de drone Maeve Fabre - Port Navy Service

Tout le matériel Raymarine a été installé par Nicolas Escande (AD Nautic - The Wind Ship), qui a également contrôlé et remis en service l'éclairage intérieur, ainsi que quelques équipements électriques comme le guindeau, essentiel dans nos missions océanographiques. Quant aux travaux de sellerie, ils ont été réalisés par Stéphane Lebar (WBS Yacht Service - Global Nautic).

 

Deux entreprises extérieures sont intervenues à bord de LOVE THE OCEAN durant son séjour à Port-Saint-Louis-du-Rhône. ROM-arrangé, LA référence de la capitale de la course océanique mondiale (Lorient) en matière d'équipements informatiques et de liaisons satellitaires, grâce à son antenne de Mauguio (près de Montpellier), a équipé notre catamaran du meilleur matériel en ce domaine. YACHTELEC, société basée à La Ciotat, réputée dans le milieu du yachting de prestige et des super yachts, mais également unique représentant sur le littoral méditerranéen français des dessalinisateurs de la marque italienne Idromar, a remis en état cette garantie d'autonomie sans limite en matière d'eau douce. Un complément important à l'autonomie énergétique produite par les 2 000 watts des panneaux solaires. De quoi naviguer et explorer sans émission de CO2, même au cœur de sites maritimes sanctuarisés…

 

À l'heure où nous mettons en ligne, alors que la tempête "Louis" risque de ravager le Nord de nos côtes atlantique et celles de la Manche jusqu'à loin dans les terres, sa partie Sud va engendrer une grosse tempête de Sud-Ouest, pile face aux étraves du LOVE THE OCEAN. La Nature impose son rythme qu'il faut respecter. Résultat, nous allons devoir attendre la fenêtre du jeudi 29 février qui se profile à l'horizon météorologique pour larguer les amarres. Quelques jours à demeurer au Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône où nous n'escomptons pas revenir à notre base technique de Port Navy Service avant la seconde moitié du mois d'août. Nous y effectuerons la maintenance annuelle avant d'entamer le Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. Un gros mois le long du littoral méditerranéen de Nice à La Grande Motte et nous rejoindrons Bordeaux à la mi-décembre. Ce sera l'occasion de participer à la célébration des 40 ans de la marque Lagoon (140 ans du Groupe Bénéteau) au ponton du chantier CNB, sur la rive droite de la Garonne.   

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Le Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône, spécialement conçu pour accueillir des catamarans, est exceptionnel douze mois sur douze, qu'il s'agisse d'hiverner face au Mistral ou de faire une escale au calme durant l'été, lorsque les marinas alentour débordent et sont excessivement bruyantes. Un site d'escale que nous recommandons !

Photo OceanoScientific

Mercredi 7 février 2024

Cap sur le Parc national de la Guadeloupe

Alors que la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 était programmée de longue date à destination de l'île Juan de Nova (Océan Indien - Iles Éparses - France - TAAF), le Conseil d'Administration de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific a entériné ce mardi 6 février la mise en adéquation de ses campagnes tropicales avec sa stratégie globale. En lieu et place de Juan de Nova, cette première mission se fera de l'autre côté de l'Atlantique, dans le Parc national de la Guadeloupe, en étroite collaboration avec la direction de ce site exceptionnel et avec ses propres partenaires scientifiques et pédagogiques. Comme l'explique ci-dessous Yvan Griboval, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, c'est un changement de cap en totale cohérence avec notre orientation stratégique : axer toutes nos actions à vocation scientifique pour "Guider les jeunes vers les nouveaux métiers de l'Économie Bleue". La préparation de notre plateforme océanographique innovante - se déplaçant à la voile en totale autonomie énergétique sans émission de CO2 - se termine actuellement à Port-Saint-Louis-du-Rhône sous la coordination de Frédéric Switala et de Benoît Gabriel (META Yachts Services).

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Le Parc national de la Guadeloupe, dans lequel se situe l'anse de Grand Cul-de-Sac Marin au Nord de l'île,

est un site d'exploration riche d'une grande biodiversité. Il subit, comme tout l'arc antillais, la conjonction des conséquences du dérèglement climatique et de la pression anthropique. Y recueillir par séquençage ADN in-situ les données génétiques d'organismes marins en voie de disparition du fait de la Sixième Extinction, est de première importance pour sauvegarder précieusement ce patrimoine de la Guadeloupe.

Photo Anne Chopin avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe

"Comme nous souhaitons réaliser des Expéditions OceanoScientific dont la finalité soit directement liée au profit de la jeunesse des territoires explorés, Juan de Nova, une des cinq îles éparses inhabitées, dont l’intérêt scientifique est inchangé, ne répondait plus à nos priorités", expliquait Yvan Griboval au sortir du Conseil d'Administration, mardi 6 février au soir. "Mais ne pas pouvoir emmener des lycéennes et des lycéens découvrir la génétique moléculaire à bord de notre catamaran de 17 mètres, n'est pas la seule raison de ce changement d’objectif.

 

En effet, malgré l'enthousiasme sincère des scientifiques très compétents des universités de Mayotte et de La Réunion avec lesquels nous démarrions une collaboration, aucun programme scientifique ne pouvait abriter notre Expédition OceanoScientific, du fait de son caractère extrêmement innovant, hors les standards océanographiques traditionnels. Personne n'imagine que réaliser du séquençage ADN in-situ est possible et, surtout, utile pour favoriser la préservation et la valorisation de données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction et la pression anthropique !

 

Autodidacte, je suis un instinctif. Alors, j'ai tenu à faire spécialement le déplacement à Saint-Pierre à La Réunion pour un entretien le 21 septembre dernier avec Madame la Préfète des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et avec ses responsables de départements. En 90 minutes d'entretien, j'ai perçu que l'accueil que nous réserverait l'Administration des TAAF ne serait pas à la hauteur de notre engagement. J'ai estimé que l'effort de nos mécènes et partenaires pour nous permettre de mener à bien cette mission d'exploration - par des fonds de cinq à huit mètres pour préserver des données génétiques inconnues - ne serait pas récompensé par une collaboration constructive pour mener cette entreprise au succès. J'en ai déduit que les deux fois 80-90 jours de navigation avec incursion dans les Quarantièmes Rugissants sous le Cap de Bonne-Espérance devait être a minima reporté lorsque l'administration des TAAF comprendrait l’enjeu. L'enthousiasme du Bureau de l'Action de l'État en Mer (BAEM) de la zone de l'Océan Indien Sud-Ouest n'a pas suffi à contrebalancer cette position des TAAF. 

 

L'idée de travailler à la réalisation d'une "preuve de concept" en Guadeloupe, toujours aux mêmes dates que celles retenues pour Juan de Nova : lundi 8 au vendredi 19 avril inclus, s'est imposée comme une évidence. Le premier contact avec Valérie Séné, Directrice du Parc national de la Guadeloupe et avec sa collaboratrice Sophie Bédel, a confirmé cette évidence. Autre élément en faveur de ce choix d'une mission dans le lagon de Grand Cul-de-Sac Marin, l'École de l'ADN, présidée par les Professeurs Philippe Berta et Christian Siatka, est en cours d'implantation en Guadeloupe pour favoriser l'accès des jeunes aux métiers de la génétique. Christian Siatka, vice-Président de l'association OceanoScientific, est aussi notre généticien référent embarqué en son statut de Directeur Scientifique. Réaliser la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 dans cette île des Antilles Françaises accélèrera la mise en œuvre de ce projet au profit des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens.

 

Nous mettrons donc le cap sur la Guadeloupe fin février avec enthousiasme et ravis de pouvoir entamer une collaboration avec les équipes du Parc national de la Guadeloupe et avec ses partenaires scientifiques et pédagogiques".

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L'anse de Grand Cul-de-Sac Marin est un joyau de biodiversité marine du Parc national de la Guadeloupe,

au Nord de l'île. C'est probablement un des sites maritimes ultramarins français les plus contrôlés pour en assurer une préservation durable, grâce aux équipes qui le gèrent avec passion. Cependant, bon nombre de ses organismes sont encore méconnus, surtout en ce qui concerne leurs caractéristiques génétiques.

Carte publiée avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe

Mercredi 31 janvier 2024

Plastimo LOVE THE OCEAN

Plastimo fut le premier partenaire technique & fournisseur officiel du skipper d'usine du Chantier Bénéteau, Yvan Griboval, en juin 1981 à l'occasion de la TWOSTAR, la transat en double anglaise sur le trajet Plymouth (GB) - Newport (E-U), courue avec François Carpente sur FIRST, un First 35. Rien d'étonnant que 43 ans de fidélité plus tard, Plastimo s'engage à nouveau dans une aventure menée par Yvan Griboval, désormais Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN"Pour mener à bien des explorations océanographiques à la voile sans émission de CO2 dans des zones maritimes peu fréquentées et parfois hostiles, le premier souci concerne la sécurité à la fois du navire, mais également de son équipage. Or, Plastimo (Groupe Alliance Marine) offre la gamme des équipements les mieux adaptés pour garantir de naviguer en toute sécurité et de parer aux fortunes de mer auxquelles tout marin s'expose en quittant le port", explique Yvan Griboval. "Travailler avec les meilleurs en tous domaines augmente nos chances de succès et garantit à nos partenaires que nous veillons à mettre le maximum de chances de notre côté pour que nous portions fièrement leurs couleurs à bord du LOVE THE OCEAN".

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Mercredi 24 janvier une franche et cordiale poignée de mains entre Frédéric Blaudeau, Directeur Marketing & Communication de Plastimo (à gauche) et Yvan Griboval scelle l'accord de collaboration entre Plastimo et l'association OceanoScientific au titre des navigations d'intérêt général réalisées par le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN sur le cycle des Expéditions OceanoScientific 2024-2030. Photo OceanoScientific - Plastimo

Qui aurait imaginé - et sûrement pas Antoine Zuliani, tout entrepreneur innovant qu'il était en créant Plastimo à Lorient en 1963 - que la marque morbihannaise serait 60 ans plus tard présente dans 90 pays avec pas moins de 1 600 revendeurs en France !

 

Tout comme Benjamin Bénéteau, grand-père de Madame Annette Roux, ne pouvait pas imaginer en créant son chantier sur les bords de la Vie en Vendée en 1884, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, que 140 ans plus tard sa petite-fille en aurait fait un mastodonte international de l'industrie nautique, accumulant les titres de leaders mondiaux, à commencer par celui de constructeur de catamarans de plaisance avec la marque Lagoon, qui fête cette année ses quarante ans !

 

Marque emblématique de la plaisance, Plastimo accompagne les navigateurs et les professionnels du nautisme sur toutes les mers du Globe. Les gammes propriétaires portent l’ADN de la marque et sont complétées par une sélection de marques spécialistes réputées, dont bon nombre sont issues de l'univers du Groupe Alliance Marine.

 

Plastimo, ce sont 12 000 produits qui mettent en exergue les quatre valeurs fondamentales de l’équipage Plastimo : Sécurité - Ergonomie - Plaisir du Pratiquant - Service au Professionnel. Quatre points cardinaux de Plastimo, société réputée par ailleurs pour ses fameux compas toujours réalisés dans ses propres ateliers historiques, non loin de la base des sous-marins de Lorient, désormais à quelques encablures des immenses bâtiments des plus grandes écuries de course océanique au Monde devenue la célèbre Sailing Valley - Lorient La Base.

 

La sécurité est au cœur même de l'ADN de Plastimo depuis son origine, lorsque ses brassières de sauvetage "Plein Ciel" étaient l'uniforme de l'emblématique École de Voile Les Glénans. La sécurité a toujours été le fil conducteur du développement de la marque, comme en témoignent les derniers gilets de sauvetage, longes et harnais nés dans le département R&D de Lorient.

 

Plastimo et OceanoScientific partageant les valeurs fondamentales relatives à la nécessaire préservation de la biodiversité marine, il est donc naturel que Plastimo embarque sur le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN …pour de longues navigations…

Mercredi 24 janvier 2024

Guider les jeunes vers les nouveaux métiers

de l'Économie Bleue

Après avoir présenté le nouveau Conseil d'Administration de l'association OceanoScientific dans la Newsletter du 10 janvier ; en ayant évoqué les objectifs scientifiques du cycle de sept ans de 2024 à 2030 dans celle du 17 janvierYvan Griboval, à la fois Président de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific, Directeur des expéditions et skipper du catamaran Lagoon 570 adapté en plateforme océanographique LOVE THE OCEAN, présente désormais l'objectif majeur de OceanoScientific sous forme d'une interview, validée par les membres du Conseil d'Administration. C'est le fruit d'un long parcours qui a débuté il y a bientôt vingt ans, en 2005, lorsqu'a germé le projet de profiter des voiliers qui naviguent dans des zones maritimes peu fréquentées et spécifiquement sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn, pour recueillir des données océanographiques d'intérêt, tout en utilisant ces aventures humaines pour sensibiliser le plus large public à respecter et à aimer l'Océan. La première grande évolution, telle qu'évoquée le 17 janvier dernier, a été la décision d'assister les scientifiques sous réserve que les données recueillies aient un usage direct au profit de l'Humanité. La finalité de notre démarche consiste désormais à tout mettre en œuvre : nos Expéditions OceanoScientific, comme tous les autres événements de l'association et les prises de parole qui en résultent, pour une unique cause de grande envergure : favoriser l'accès des jeunes aux nouveaux métiers de l'Économie Bleue.

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Si le célèbre artiste-photographe-plongeur niçois Greg Lecoeur a saisi-là une scène merveilleuse de la vie d'un récif corallien en bonne santé, nous y décelons l'objet des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030.

C'est-à-dire des organismes marins dont de minuscules échantillons recueillis sans les blesser vont permettre au Professeur Christian Siatka d'en séquencer l'ADN pour, à terme, rechercher les molécules d'intérêt pour la Santé, le Bien-être et les Services à l'Environnement au profit des jeunes en faveur des nouveaux métiers de l'Économie Bleue.

Photo Greg Lecoeur (Tous droits réservés)

Question - Pourquoi orienter les missions de l’association vers une sensibilisation des jeunes lycéens et étudiants aux nouveaux métiers de l’Économie Bleue ?

 

Yvan Griboval - "Lorsque je suis revenu le 2 juin 2017 au Yacht Club de Monaco au terme de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017, j'ai rapporté un seul mot de mon aventure : "EFFICACITÉ", que j'essaye depuis de décliner …le plus efficacement possible ! 

 

Orienter nos campagnes océanographiques pour qu'elles soient fléchées au service de l'Humanité est une première étape. Nous avons effectivement démarré sur ce thème l'an dernier à l'occasion de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023.

 

En 2005-2006, s'il y a cette volonté de s'orienter vers une activité philanthropique relative à une meilleure connaissance de l'Océan pour mieux le préserver pour les générations futures, c'est parce que je vais à nouveau devenir Papa. Parce que je prends conscience que mon fils ou ma fille ne connaitra jamais la Nature telle qu'elle était dans les années 60-70, lorsque je passais l'essentiel de mon temps libre sur l'estran des rivages du Pays de Caux (Normandie) et dans la bande côtière d'un mille nautique tout au plus (1 852 mètres) où les ressources halieutiques prospéraient à profusion et paraissaient inépuisables.

 

Lorsque que l'enfant attendu s'est avéré être deux vrais jumeaux et leur sœur, donc des triplés (!), mes convictions se sont renforcées. J'ai alors peu-à-peu abandonné mon univers d'origine : la Communication Événementielle dans le domaine de la voile sportive, pour me consacrer progressivement, puis à 100%, au développement de ce qui est devenu l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific. Dans cette démarche, Cécile d'Estais-Griboval, mon épouse et la Super Maman des Triplés, a rejoint très tôt l'association OceanoScientific, animée de la même énergie que moi pour œuvrer avec passion en pensant évidemment à la génération de nos enfants de bientôt 17 ans, mais surtout aux générations futures, sans distinction aucune, ni d'origine ni de nationalité.

 

Deux autres étapes ont été décisives.

 

La première, lorsque nos triplés nés en juin 2007 avaient une dizaine d'années et que je revenais de mon périple en solo autour de la Planète. Je leur ai exposé la nécessité de s'intéresser à un maximum de sujets en prévision de leur vie professionnelle dans des métiers, qui, probablement n'existaient pas encore. D'où l'impérieuse nécessité d'être curieux et de ne limiter d'aucune manière leurs rêves. Car l'impossible d'un jour se révélera une évidence le lendemain, à force de volonté, à condition de n'être contraint ni dans sa propre réflexion, ni dans ses actions.

 

La seconde étape est plus récente. Ce fut il y a tout juste un an. Lorsque les trois têtes blondes, bien ancrées dans cette période "exquise" qu'est l'adolescence, se sont trouvées en Seconde Générale en situation de choisir trois spécialités. Ce choix fondamental étant le préambule de l'abandon d'une des trois spécialités au terme de la Première. Pour clore une Terminale avec une sélection resserrée de matières afin de s'adapter au moule de Parcoursup. Bref, tout l'inverse de ce que je recommandais à nos triplés cinq ans plus tôt !

 

Alors que des milliers de nouveaux métiers émergent en tous domaines, notamment du fait d'outils sans cesse plus performants - sans oublier l'apport de l'Intelligence Artificielle !... - pourquoi devrait-on limiter les acquis scolaires de cette jeune génération sous prétexte de s'adapter à un moule fondé sur des filières pédagogiques d'un autre siècle ?

 

Lorsque j'avais de vingt à trente ans en 1970-90, être autodidacte en ne disposant d'aucun diplôme s'avérait potentiellement un gros handicap. Ce ne fût pas mon cas et j'en suis fier. Aujourd'hui, le statut d'autodidacte est plutôt un atout qu'un frein à une carrière passionnante dans un nouveau métier. Une activité professionnelle à concevoir et à développer soi-même grâce aux nombreux atouts dispensés tant par l'État français que par les collectivités territoriales. Aucun autre pays que la France, n'offre de telles opportunités aux jeunes. Aidons-les à s'en saisir à bon escient."

 

Question - Comment allez-vous concilier les missions majeures de l’association OceanoScientific avec cet élan vers les nouveaux métiers émergeants de l’Économie Bleue ?

 

Yvan Griboval - "D'abord un constat. De nombreux adolescents développent une phobie scolaire et se retrouvent totalement démotivés au point d'avoir strictement aucune appétence pour les cours dispensés au lycée" alors qu'il y tout ce qu'on veut sur Internet", comme cela est répété à l'envi par les ados récalcitrants. 

 

Force est de constater autour de nous que le nombre de ceux que nous dénommons "Les "Naufragés de l'Éducation Nationale" est significatif : enfants démotivés, jeunes étudiants désabusés.

 

Or, jamais le domaine maritime et ses extensions n'a été autant synonyme d'emplois d'avenir, si ce n'est peut-être à la fin du XIXe et au début du XXe. Et encore, j'en doute. Il n'y avait pas alors à disposition de moyens de communication universels qui offrent aujourd'hui une audience internationale à la moindre prise de parole sur les réseaux sociaux, outils de développement mondial parmi d'autres...

 

Un exemple simple. Les Australiens ont rompu le contrat avec la France qui devait leur livrer des sous-marins. Américains et Anglais ont pour cela argué de je ne sais quels arguments pour décrédibiliser notre pays et nos compétences en ce domaine. Avant de se rétracter récemment et d'annoncer l'impossibilité de livrer les fameux sous-marins anglo-saxons. La raison ? Une absence de main-d'œuvre qualifiée, faute de filières pédagogiques adaptées aux nouvelles technologies développées par des ingénieurs toujours plus créatifs, à des matériaux toujours plus sophistiqués. 

 

Dans notre domaine de l'usage de la génétique appliquée à des organismes marins issus des récifs français coralliens, de nombreuses tâches, expressions du biomimétisme, sont à inventer pour établir un lien efficace entre : la collecte des minuscules échantillons ; le séquençage ADN ; la recherche et la valorisation de molécules d'intérêt ; l'usage industriel et commercial qui pourrait en être fait in-fine.

 

Dans les projets très innovants que nous portons, précisons, en ce qui concerne la valorisation de données génétiques (numériques) et la commercialisation de produits issus de celles-ci, que nous militons ardemment auprès des autorités françaises de tutelle pour que tout brevet relatif à l'usage du vivant demeure inaliénablement détenu à un tiers par le territoire d'origine des échantillons séquencés. Pas moins. Soit une avancée majeure par rapport aux règles internationales régies par le fameux Protocole de Nagoya, que je considère, en ce qui me concerne, malheureusement aussi efficace qu'une raquette de tennis sans cordage.

 

Bien évidemment, nous n'avons, directement ou indirectement, strictement aucun intérêt financier ou d'une autre nature, dans l'exploitation de ces données numériques issues du vivant.

 

Nous travaillons à ce projet depuis deux ans sous la dénomination de REssources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030. Nous aurons l'occasion d'en exposer les tenants et les aboutissants dans quelques semaines, une fois que nous serons en mer sur la route de notre première mission tropicale.

 

Grâce à l'apport déterminant du Professeur généticien Christian Siatka - présenté dans sa fonction de vice-Président de l'association OceanoScientific dans la Newsletter du 10 janvier - et à son expérience, à la fois comme Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN, mais également de concepteur et de fournisseur de kits d'ADN à plusieurs centaines de professeurs de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) de collèges et de lycées, il sera possible, les 17, 18 et 19 avril prochain, de sensibiliser des jeunes de 15-19 ans à l'usage de l'ADN appliqué aux organismes marins des récifs situés devant chez eux.

 

Nous réaliserons en effet à bord du Lagoon 570 transformé en OceanoScientific Explorer LOVE THE OCEAN des ateliers de séquençage in-situ dans le lagon, sous les directives du Professeur Christian Siatka, Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030.

 

L'objectif est donc bien de motiver ces jeunes à considérer les récifs coralliens non pas seulement comme des sites touristiques pour les Métropolitains et les étrangers, mais comme la promesse d'emplois, la garantie de pouvoir développer une activité professionnelle sans avoir besoin de se laisser aimanter par la Métropole et ses chimères."

Mercredi 17 janvier 2024

Mettre la Science au service de l'Humanité

Comme annoncé dans la Newsletter hebdomadaire du mercredi 10 janvier à l'occasion de la présentation du nouveau Conseil d'Administration, cette semaine nous évoquons les objectifs scientifiques de l'association OceanoScientific pour un cycle de sept ans, de 2024 à 2030 inclus. A l'occasion de la Newsletter du mercredi 24 janvier, nous révèlerons la finalité des actions OceanoScientific et des expéditions éponymes. De la création du Programme OceanoScientific, le 14 novembre 2016 à l'Expédition OceanoScientific Contaminants Méditerranée 2020, l'objectif prioritaire a été de collecter des données océanographiques physico-chimiques, notamment lors du tour du monde en solitaire destiné à réaliser l'Expédition OceanoScientific 2016-2017 qui fut la première campagne de collecte de données scientifiques à l'interface Air-Mer à la voile sans émission de CO2 sous le 40e Sud, dans le Courant Circumpolaire Antarctique, sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn. Yvan Griboval, à la fois Président de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific, Directeur des expéditions et skipper de la plateforme océanographique LOVE THE OCEAN, adaptée à partir d'un catamaran Lagoon 570,  présente ci-après ces objectifs sous forme d'une interview, validée par les membres du Conseil d'Administration.

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Les Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030 vont se concentrer sur l'étude des éponges qui peuplent le patrimoine récifal français. Toujours avec un voilier se déplaçant en autonomie énergétique sans émission de CO2. Il s'agira de recueillir de minuscules échantillons, sans tuer ni blesser les organismes marins étudiés, pour en effectuer un premier séquençage ADN à bord du catamaran LOVE THE OCEAN grâce à la cabine de génétique moléculaire

conçue par notre vice-Président, Christian Siatka. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS

de la Station Marine d’Endoume - IMBE (Marseille).

Question - Pourquoi vous intéresser désormais aux organismes marins récifaux ?

 

Yvan Griboval - "Tout d'abord, il est important de préciser que nous n'avons pas abandonné la collecte de données physico-chimiques. D'ailleurs, une quatrième version de l'OceanoScientific System (OSC System) a été développée et nous comptons l'installer dès que possible à bord du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. Mais, ce n'est plus l'axe prioritaire de nos Expéditions OceanoScientific.

 

Dans cet esprit, nous sommes actuellement en cours d'équipement de notre Lagoon 570 du système OCEANO VOX développé par Antoine Cousot en étroite relation avec Thierry Reynaud, chercheur de l'Ifremer qui a efficacement participé à l'élaboration de l'OSC System et à l'encadrement de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017. Grâce à un financement de la fondation PURE OCEAN du fait d'un appel à projets remporté en 2023, nous allons tester deux boîtiers OCEANO VOX sur de longues distances océaniques afin de permettre à Antoine de finaliser ce produit. Il est destiné in fine aux bateaux de plaisance dans le cadre d'une vaste opération pilotée par Lucie Cocquempot, porteuse de ce projet lauréat : "Citizen into Science" en tant que Coordinatrice de l'observation océanographique au sein de l'Ifremer, qui encourage la science participative depuis près de vingt ans.

 

Notons que ces données physico-chimiques sont de première importance lorsqu'on souhaite évaluer la pression anthropique sur la biodiversité marine, l'impact de l'Homme sur la Nature. Par conséquent, que le Lagoon 570 LOVE THE OCEAN soit équipé d'un tel matériel innovant est un véritable atout à faire fructifier au profit des instituts et des chercheurs qui consacrent d'importantes ressources à ces études. Cependant, il est complexe de recueillir des fonds pour cet usage…

 

Néanmoins, de 2018 à 2022, deux réflexions se sont progressivement enchaînées. La première est relative au retour d'expérience au gré des nombreuses conférences de restitution de mon tour du monde en solitaire de l'Expédition OceanoScientific 2016-2017.

 

Que je m'adresse à des élèves de CE2-CM1-CM2 - notre cible prioritaire ces années-là - ou à des adultes, à chaque évocation de la mission scientifique réalisée au profit de nos partenaires : Ifremer, Météo-France, IRD et CNRS, la même question fusait : "A quoi ça sert ce que vous avez collecté ?"

 

Je reconnais un certain malaise lorsque je lisais l'intérêt pour mon aventure décroître dans le regard de mes interlocutrices et interlocuteurs, quel que soit leur âge ; quand j'expliquais que ces données scientifiques recueillies loin de toute terre dans des mers hostiles, sous-entendu au péril de ma vie, étaient destinées à alimenter des bases de données totalement absconses pour le public. Au mieux - car c'était un engagement initial des excellents chercheurs qui encadraient les Expéditions OceanoScientific en question - il en résultait une publication scientifique à destination des "quelques" scientifiques concernés par le sujet. "Quelques", car on ne peut pas comparer raisonnablement l'audience d'une publication scientifique à celle d'un magazine d'informations générales.

 

Quand j'expliquais que ces données océanographiques, rares et de grande valeur scientifique, n'ont aucune valeur marchande ; que les chercheurs concernés ne déboursent pas le moindre euro pour y accéder et les utiliser, ni même pour participer significativement au financement des campagnes qui permettent de les recueillir, l'intérêt déjà entamé de mon auditoire devenait franchement critique sur le thème : "Tout ça pour ça ? ..."

 

Ce constat alimenta une profonde réflexion.

 

En effet, une des finalités des Expéditions OceanoScientific est d'utiliser l'aventure maritime de ses missions scientifiques innovantes à la voile dans des zones maritimes méconnues et peu fréquentées, pour sensibiliser le plus large public afin que chacune et chacun s'intéressent à l'Océan dans le but de le respecter, de le préserver pour les générations futures, d'aimer l'Océan. D'où, désormais, le nom de notre catamaran : LOVE THE OCEAN. Sans une adhésion aisée du public, l'objectif n'est pas atteint.

 

C'est durant le premier confinement, prisonnier de la situation dans notre maison de Cabourg (Normandie) avec interdiction formelle de fouler le sable humide de l'immense plage normande que la mer découvre si loin à marée basse (quel supplice !), que j'ai pris conscience que le dénominateur commun de l'Humanité était en fait la peur de la maladie, la peur de mourir, voire de vieillir.

 

Or, n'étant pas plongeur et ne fréquentant donc pas les merveilles des eaux tropicales, c'est grâce au talent de chercheur et de conteur de Denis Allemand, Directeur Scientifique du Centre Scientifique de Monaco que j'ai appris que les organismes marins qui peuplent les récifs coralliens recèlent potentiellement des molécules d'intérêt pour la santé humaine et le bien-être : dermatologie, cosmétologie, nutrition. Une porte s'ouvrait alors devant ma route d'autodidacte…

 

Si ma première intention, inspiré par l'expression de la passion communicative de Denis Allemand, a été de m'intéresser naturellement au corail, j'ai progressivement abandonné l'idée d'en faire l'Alpha et l'Omega des Expéditions OceanoScientific pour de multiples raisons, dont la plus décisive fut une conversation avec Gilles Boeuf mardi 8 février 2022 à Brest sur le chemin d'Oceanopolis durant le One Ocean Summit. Elle peut se résumer à ces quelques mots : "Yvan, si tu vas sur les récifs coralliens, intéresse-toi en priorité aux éponges, ce sont des animaux extraordinaires dont on ne sait peu de choses si ce n'est qu'ils peuvent apporter par biomimétisme des solutions au profit des humains…"

 

Il a suffi ensuite d'une autre rencontre, celle-là mercredi 17 août 2022, avec le Professeur Thierry Pérez, Spongiologue de renommée internationale établi à Marseille dans le quartier d'Endoume au sein de l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie marine et continentale (IMBE), pour être définitivement gagné par le virus des éponges, ces fantastiques animaux apparus en pionniers sur la Planète, il y aurait 650 millions d'années. 

 

Par ailleurs, j'avais été frappé par le dépit de mes auditoires de tous âges, comme des prospects chefs d'entreprises, que générait la prise de conscience que ces données océanographiques réputées uniques et de grande valeur n'ont en fait aucune valeur marchande. Et quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, il est difficile, voire impossible dans notre société consumériste, de justifier qu'il faille se battre pour la préservation de quelque chose, en fait, "qui ne vaut rien" à leurs yeux...

 

Grâce à l'hypothèse, justifiée par treize Prix Nobel de Médecine - ce n'est pas rien ! - que les organismes marins recèlent potentiellement des molécules d'intérêt pour la santé et le bien-être humains, il me semblait possible de valoriser ces animaux oubliés sur leurs rochers récifaux, donc de mobiliser pour leur préservation, à commencer par travailler à mieux les connaître."

 

Question - Mais plus vous démontrerez que ce qui est en libre accès dans la mer a de la valeur, plus vous augmenterez le pillage, la destruction de la biodiversité des récifs coralliens, à l'opposé du message que vous souhaitez véhiculer ?

 

Yvan Griboval - "C'est en effet un sujet qui m'a occupé de nombreuses nuits. Plutôt blanches et angoissantes ! Une équation qui me paraissait impossible à résoudre. Toutes les informations que je glanais de-ci, de-là mettaient en évidence que la recherche de molécules d'intérêt issues d'organismes marins nécessitait l'usage de centaines de kilos, de tonnes d'animaux vivants du fait des techniques de biologie utilisées pour cette recherche mortifère.

 

En autodidacte qui considère que ce qui est impossible n'est en fait ce qui n'a pas encore été réalisé, j'imaginais qu'en ayant recours à la génétique, en travaillant sur l'ADN des organismes marins, il y avait probablement une piste pour identifier ces fameuses molécules à forte valeur ajoutée …sans tuer ni blesser le moindre animal. A terre, je me bats au quotidien pour ne jamais tuer ni araignées, ni mouches, ce n'est donc pas pour, en mer, trucider des colonies d'animaux dont certains, comme les spongiaires, sont réputés être les premiers animaux multicellulaires à avoir élu domicile sur notre planète…

 

Mais lorsque je m'ouvrais de cette idée auprès de nos interlocuteurs chercheurs, il m'était poliment recommandé de "m'occuper de mon bateau à voile et de laisser les spécialistes faire de la Science". Pour le moins, c'est ainsi que je l'ai perçu...

 

Or, quand un autodidacte estime instinctivement qu'il y a un chemin là ou tout un chacun ne voit que la jungle la plus dense, il est parfois utile de demeurer attentif à ce qu'il va réaliser. La volonté, associée à une bonne dose d'obstination et à de l'enthousiasme, offre parfois des opportunités insoupçonnées… 

 

Comme l'univers de l'océanographie française moquait mon idée d'usage de données génétiques d'organismes marins, je me suis tourné dans le courant du mois de septembre 2021 vers un généticien qui ne connaissait rien d'autre des organismes récifaux que les superbes images des magazines vantant ces fonds marins enchanteurs. C'est ainsi que je me suis adressé au Professeur Christian Siatka, co-fondateur et Président du conseil scientifique de l'École de l'ADN et, entre autres fonctions prestigieuses, membre de l’Unité Propre de Recherche CHROME (UPR CHROME), …devenu en octobre dernier vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030.

 

Lorsque Christian m'expliqua qu'un cheveu, une rognure d'ongle, un peu de salive permet de recueillir avec précision l'ADN d'un être humain et donc, par conséquent, qu'il suffirait de quelques millimètres d'éponges pour recueillir leurs données génétiques desquelles il serait ensuite possible d’étudier les caractéristiques moléculaires, pour permettre de rechercher les « fameuses » molécules d'intérêt, j'ai pris conscience qu'une voie s'ouvrait en effet devant moi. Plutôt sous forme d'autoroute que de chemin vicinal !"

 

Question - Désormais quels sont précisément les objectifs scientifiques de l'association OceanoScientific ?

 

Yvan Griboval - "Nous avons deux objectifs en un. En un, parce que dans les deux cas il s'agit de génétique, de traitement, d'exploitation de l'ADN des organismes marins sans jamais les prélever de leur environnement, sans les blesser et encore moins les tuer.

 

Si la maturation du projet concernant les récifs coralliens a été progressive et plutôt longue à définir précisément, la décision relative à la collecte d'échantillons d'ADNe* a été beaucoup plus rapide.

 

Comme toujours dans la vie d'un autodidacte, ce sont les mystères de la Vie : les Rencontres, qui guident vers certaines voies plutôt que vers d'autres. En l'occurrence, un long échange vendredi 16 septembre 2022 à La Ciotat en marge du Festival Lumexplore avec Pierre Boissery, Expert en eaux côtières et littoral méditerranéen de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse a été déterminant. Nous nous sommes rapprochés l'un de l'autre sur le thème : "La Méditerranée n'est pas une poubelle, faisons-le savoir pour que cette mer à la riche biodiversité soit respectée comme elle le mérite, plutôt que d'être vilipendée comme un des espaces maritimes les plus pollués au Monde, une mer où tout est foutu, où il ne servirait à rien de se battre pour en préserver la biodiversité…"

 

Rapidement, Pierre Boissery m'a mis en contact avec le Professeur David Mouillot, chercheur de l'Unité Mixte de Recherche Marbec (UMR Marbec) établi au sein de l'Université de Montpellier. Coup de foudre professionnel mercredi 26 octobre 2022 au sein de son laboratoire avec ce pionnier de l'usage de l'ADNe* pour identifier avec précision les espèces qui peuplent des zones maritimes côtières.

 

C'est ainsi que l'association OceanoScientific a joué pleinement son rôle de logisticien de la science dans la Mission BioDivMed, réalisant sa première Expédition OceanoScientific ADNe* Méditerranée en juillet dernier, avant de s'engager sur un cycle de quatre années complémentaires sur ce thème en 2024-2027 pour créer des "Sentinelles de biodiversité", de Menton à La Grande Motte en ce qui nous concerne.

 

La Mission BioDivMed 2023 a consisté à réaliser un inventaire du vivant synchronisé et standardisé sur le littoral méditerranéen français et le sanctuaire Pelagos par l’utilisation de l’ADNe*, sous l’impulsion conjointe de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, de l’Université de Montpellier et d’un laboratoire commun financé par l’ANR entre l’Unité Mixte de Recherche Marbec (UMR Marbec) et l’entreprise SpyGen.

 

Ce partenariat inédit et exemplaire au service de la biodiversité marine a associé également la société Andromède Océanologie, à l’alliance Vigilife et à deux associations philanthropiques de Nice : We are Méditerranée de Greg Lecoeur et OceanoScientific.

 

Cette opération exceptionnelle a permis de cartographier pour la première fois à fine échelle et de manière synchrone la biodiversité marine de la zone côtière de Méditerranée française, y compris les lagunes, les embouchures de fleuves et les ports, jusqu’au Sanctuaire Pelagos entre la Corse et le continent afin de mieux comprendre les occurrences des espèces de poissons, de crustacés et de mammifères marins.

 

Jamais auparavant un tel inventaire synchronisé et standardisé en faveur de la biodiversité marine n’avait été engagé sur le territoire français. A ce titre, OceanoScientific a réalisé un record de 104 prélèvements de trente minutes en 52 Stations (voir carte ci-dessous) sur le parcours de 465 milles nautiques (862 km) de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 consacrée à cette collecte inédite d'ADNe* le long de la côte méditerranéenne française."

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Remise des échantillons d'ADN environnemental (ADNe) dans le port de La Grande Motte en juillet 2023 dans le cadre de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023. De gauche à droite : David Mouillot (Directeur Scientifique / UMR Marbec - Université de Montpellier), Yvan Griboval (Directeur de l'Expédition OceanoScientific & Skipper), Léa Griboval (Responsable Vitesse & Profondeur), Pierre Friant (Second & Pilote du Vanguard-Suzuki), Léni Guillotin (Biologiste marin / Responsable Scientifique), Justine Camus (Coordinatrice de l'Expédition OceanoScientific / Responsable trajectoire GPS). Photo OceanoScientific

Question - A vous écouter on comprend l'intérêt des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens pour l'Humanité. Au sujet des collectes d'échantillons d'ADNe, l'intérêt pour les êtres humains semble moins évident. Expliquez-nous…

 

Yvan Griboval - "En effet, les Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens vont permettre de valoriser les données génétiques pour la Santé (Humaine - Animale), le Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et les Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).

 

Si aujourd'hui l'ADNe* est un outil de qualité avérée pour identifier les espèces présentes dans des volumes d'eau jusqu'à 30 mètres de profondeur, ce qui demeure une grande innovation scientifique et qui a mis en évidence que des espèces imaginées disparues peuplent toujours effectivement les rivages côtiers français de la Mer Méditerranée, dans peu de temps le Professeur David Mouillot, aidé par les équipes de SpyGen, sera en mesure d'identifier non plus seulement la présence des espèces sur un site donné, mais également leur densité.

 

Cette information deviendra donc un fantastique atout à usage des pêcheurs côtiers - ceux de la "petite pêche" - qui pourront mettre leurs sites de pêche en jachère. C'est-à-dire supprimer un temps la pression de pêche sur leurs sites favoris, prospectés parfois sans relâche de grand-père en petit-fils, pour laisser la ressource halieutique se reconstituer, en allant pêcher ailleurs, sur les conseils des scientifiques, là où la ressource est plus abondante. Tout le monde y gagnera. La Nature d'abord. Le pêcheur ensuite, tant en chiffre d'affaires, car accédant à une ressource plus importante, qu'en garantie de disposer d'une ressource durable. Cela permettra à des jeunes de lui succéder sans crainte d'un lendemain sans poisson.

 

Ainsi, nous favoriserons à moyen ou court terme la mise en œuvre d'une pêche durable pour une alimentation durable.

 

En conclusion, nos travaux serviront toujours la Science Fondamentale - puisque notre statut de "Logisticiens de l'Océanographie" renforcera l'accès des chercheurs français à des données scientifiques de qualité. Mais notre vocation désormais prioritaire est d'encourager ce que je dénomme la "Science de l'usage", qui a pour finalité de "servir à quelque chose au plus vite pour l'Humanité".

 

Ainsi, je ne lirai plus dans le regard des jeunes qui m'interrogent sur le thème : "Monsieur ça sert à quoi ce que vous faites ? ..." une déception, mais au contraire un intérêt certain, voire la prise de conscience que des métiers d'Avenir de l'Économie Bleue sont en création, que de nouvelles voies professionnelles les concernent. Ce sera là l'objet de notre Newsletter du mercredi 24 octobre…"

*ADN environnemental

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En juillet 2023, OceanoScientific a réalisé un record de 104 prélèvements d'échantillons de trente minutes en 52 Stations sur le parcours de 465 milles nautiques (862 km) de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 consacrée à cette collecte inédite d'ADNe* le long de la côte méditerranéenne française. Photo OceanoScientific

10/01/24 Nouveau CA

Mercredi 10 janvier 2024

Remaniement du Conseil d'Administration

En ce début janvier, treizième anniversaire de l'association OceanoScientific (07/01/2011) où remanier est d'actualité en France, nous sommes heureux d'annoncer que notre Conseil d'Administration est désormais composé : de Yvan Griboval, Président ; du Professeur Christian Siatka, vice-Président ; de Béatrice Witvoet, Secrétaire Générale ; de Charlotte Bouery, Trésorière ; de Philippe de Boucaud et Richard Houbron. Saluons par ailleurs avec respect et gratitude, en les remerciant chaleureusement, les membres sortants : Rupert Schmid, co-Fondateur de cette ONG, Rémi Bollack, Juliette Declercq et Manon Praud. Précisons qu'au fil des treize années écoulées, les remarques, conseils et contributions de Rupert Schmid ont permis à OceanoScientific de grandir, parfois de doubler des caps difficiles, en allant sans cesse de l'avant dans l'esprit de conquête qui sied à une association philanthropique d'intérêt général dont l'objectif prioritaire est à la fois l'exploration d'espaces maritimes méconnus à la voile sans émission de CO2, mais également la sensibilisation des jeunes à l'impérative nécessité de RESPECTER et d'AIMER l'Océan.

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Le 27 décembre 2023 au coucher de soleil sur une Mer Méditerranée apaisée, le catamaran Lagoon 570 

LOVE THE OCEAN, mené en solitaire par Yvan Griboval, pointe ses étraves sur le Cap Lardier, la pointe Sud de la presqu'île de Saint-Tropez, en route vers le Pôle Nautisme de Port-Saint-Louis-du-Rhône pour parfaire la préparation au départ effectif de la première des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030. Photo OceanoScientific

Voici quelques précisions au sujet du nouveau Conseil d'Administration de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific, domiciliée à Nice, ville d'accueil du 5 au 15 juin 2025 de la troisième Conférence des Nations Unies pour l'Océan - UNOC Nice 25.

 

Yvan Griboval, Président, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, a souhaité avoir à ses côtés un vice-Président scientifique qui puisse assumer trois misions en une.

 

Sa première mission : Guider l'association pour favoriser l'usage de la science et spécifiquement de la génétique des organismes marins récifaux au profit de la Santé (Humaine - Animale), du Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et des Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).

 

Sa deuxième mission : Concevoir la cabine de biologie moléculaire du catamaran LOVE THE OCEAN de 17 mètres pour réaliser lui-même le séquençage ADN in-situ des échantillons dès leur sortie de l'eau, lorsque les scientifiques plongeurs les rapporteront à bord au terme de leurs explorations des récifs coralliens. Ce sera une réelle innovation scientifique.

 

Sa troisième mission : Réaliser des ateliers d'initiation à la génétique appliquée aux organismes marins et de séquençage ADN à bord ou à terre à proximité du catamaran LOVE THE OCEAN, afin de promouvoir les nouveaux métiers de l'Économie Bleue auprès des jeunes avant qu'ils ne s'engagent dans les filières identifiées de Parcoursup. Cette troisième activité sera une des spécificités innovantes des prochaines escales du Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. Elle sera mise en œuvre dès avril prochain. 

 

Le vice-Président est donc le Professeur Christian Siatka : Généticien, toxicologue, Professeur des Universités à l’Université de Nîmes, Directeur Adjoint du Master BIOTIN, Responsable de la Licence Professionnelle des Métiers de la Biotechnologie et membre de l’Unité Propre de Recherche CHROME (UPR CHROME). Il enseigne la Génétique Moléculaire, la Biotechnique, la Toxicologie et la Réglementation/Qualité. Christian Siatka est Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN, présidée par le Professeur Philippe Berta, par ailleurs député de la sixième circonscription du Gard. Il est impliqué dans des programmes de recherche en Génétique Humaine, Génétique Environnementale et Génomique Fonctionnelle. Christian Siatka est Lieutenant-Colonel de la Réserve citoyenne - Pôle Judicaire de la Gendarmerie Nationale et il est Expert auprès de la Commission Européenne.

 

Secrétaire Générale, Béatrice Witvoet, avocate au Barreau de Paris depuis 1992, est diplômée de l’Université Paris II en Droit Européen, en collaboration avec la Universidad Complutense de Madrid dans le cadre du programme Erasmus. Elle est titulaire d’un master éco-droit de Transports Internationaux à Paris I. Béatrice exerce au sein du Cabinet Bouloy Grellet et Associés pendant huit ans avant de fonder avec deux confrères le Cabinet LBEW. C'est un cabinet de niche spécialisé dans le secteur maritime : transport, logistique et risques industriels. Il œuvre pour des opérateurs de transport, acteurs de l’assurance maritime et industriels, en France comme à l’étranger. En 2004, Béatrice a fondé avec quatre autres femmes la branche française du réseau WISTA (Women International Shipping and Trading Association), forte aujourd’hui d’une centaine de membres. WISTA est présente dans quarante pays et compte trois mille membres. Administratrice du Cluster Maritime Français et de l’École Nationale Supérieure Maritime (ENSM), Béatrice Witvoet travaille sur divers grands projets d'envergure : promotion de l’assurance maritime française ; environnement juridique des Énergies Marines Renouvelables (EMR) ; attractivité des métiers de la mer auprès des femmes.

 

Trésorière, Charlotte Bouery, fille d'un officier de marine, a passé sa jeunesse sur les côtes françaises dans les grands ports militaires, à Cherbourg d'abord et Toulon ensuite. Diplômée d'une Maitrise en Sciences et Gestion de la faculté Paris-Dauphine, Charlotte a effectué une carrière dans la finance internationale comme négociante actions chez CDC IXIS. Après une pause de quelques années pour se consacrer à ses trois enfants, Charlotte Bouery s'est installée à Monaco en 2005 pour orienter sa carrière dans l'immobilier.

 

Diplômé de l’école française des nouveaux métiers de la communication (EFAP), Philippe de Boucaud a complété sa formation académique en management culturel à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), puis en relations internationales à Buenos Aires. Il s'est orienté ensuite simultanément vers le marché de l’art à New-York et la communication évènementielle à Paris. Cependant Philippe a réalisé un break de six ans pour partir à l'Aventure, naviguant sur tous les océans à bord de tous types de voiliers. Ces circonstances le mèneront par exemple à financer et à installer l’électricité dans Soweto ; à collaborer avec les équipes de Paul-Émile Victor : comme à intégrer le Cabinet du Président Carlos Menem. Homme de réseau, Philippe dirige aujourd’hui le cabinet BeCLAM influence & Culture et accompagne des entreprises privées et publiques dans l’élaboration de leur stratégie de communication, marketing digital, gestion de crise, lobbying, dans les conduites du changement, avec l’art comme levier de performance. Agitateur culturel, producteur de programmes télévisés, créateur de foires et commissaire d’exposition, cet entrepreneur incorrigible a également créé une maison de négoce de vins !

 

Richard Houbron est associé co-fondateur du multi-family office parisien : Experts en patrimoine. Il est professeur de finances à l'École d'Économie de la Sorbonne. Son parcours professionnel l'a tout d'abord conduit en banque d'investissement où il a exercé pendant quinze ans dans le secteur des Technologies - Médias Télécommunications (TMT), avant de devenir à son tour entrepreneur garant des intérêts patrimoniaux de ses clients dirigeants et de leur famille. 

 

Après avoir ainsi musclé son Conseil d'Administration, l'association OceanoScientific s'engage avec enthousiasme et de multiples compétences sur la période 2024-2030 dont le programme sera constitué de trois grandes actions : Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens 2023-2030Expéditions OceanoScientific ADNe* 2023-2027 ; Tour MER & MÉTIERS 2023-2030 - Révéler les vocations de Demain.

 

Les deux prochaines newsletters hebdomadaires du mercredi de l'association OceanoScientific seront consacrées à ce qui pourrait s'apparenter à une déclaration de politique générale.

 

En deux temps, sous forme d'une interview relue et validée par ce nouveau Conseil d'Administration, Yvan Griboval exposera : d'abord les grands axes de l'exploration scientifique à la voile sans émission de CO2 de ces sept prochaines années, mercredi 17 janvier ; ensuite, la finalité de toutes les actions de OceanoScientific, à savoir : orienter les jeunes et prioritairement les lycéens et bacheliers jusqu'à Bac + 3 vers les nouveaux métiers de l'Économie Bleue générés par l'impérative adaptation aux conséquences du réchauffement/dérèglement climatique.

 

*ADN environnemental

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Longer les côtes du littoral méditerranéen français est un pur enchantement, notamment lorsqu'on passe au large

du majestueux massif de l'Esterel, comme sur cette image prise en milieu d'après-midi du 27 décembre 2023.

Photo OceanoScientific

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