Expédition
OceanoScientific Porifera Corse 2024
Mercredi 17 juillet 2024
PARI GAGNÉ : Premiers séquençages ADN réussis !
Ce mercredi 17 juillet demeurera une date majeure de l'association OceanoScientific. Un immense succès ! C'est en effet ce matin-là au cœur de l'été, entre les murs épais du Muséum d'Histoire Naturelle de Nîmes (1895) où est nichée l'École de l'ADN dirigée par le Professeur Christian Siatka, généticien de renom par ailleurs Professeur de l'Université de Nîmes, vice-Président de OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera, que les premiers séquençages ADN de minuscules échantillons de spongiaires collectés durant l'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 ont été réalisés. Clara Bayol, future ingénieure biologiste en stage de fin d'études chez OceanoScientific, a réalisé elle-même toute la procédure d'extraction d'ADN sous les directives du Professeur Siatka. Le résultat est à la hauteur de plus de quatre années d'obstination à progresser sur une voie qui généra tellement de critiques et de mépris de la part de moult scientifiques et d'observateurs sur le thème universel préalable à toute innovation : "Vous n'y arriverez jamais, c'est impossible !"
Premier résultat : 10 microgrammes d'ADN au total dans le tout premier échantillon. Et plus encore dans les suivants. "C'est une très bonne quantité d'ADN, très exploitable !", affirme avec le sourire le Professeur Christian Siatka, sous le regard de Clara Bayol. Photo OceanoScientific
"Cela fait plus de quatre ans que je rêve à ce moment, tellement décrié", explique Yvan Griboval à l'initiative du Projet REFRACOR 2030 de préservation des données génétiques du patrimoine récifal français, notamment pour exploiter vertueusement les molécules d'intérêt des éponges marines. "Pour offrir l'opportunité à des jeunes de bâtir une carrière professionnelle dans les domaines de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement au gré de l'émergence de nouveaux métiers de l'Économie Bleue par usage de la bio-informatique et de l'Intelligence Artificielle (IA)".
"Preuve est désormais faite que ce projet de constitution de la première banque de données génétiques d'organismes marins au gré d'expéditions à la voile en autonomie totale sans émission de CO2, dans des zones maritimes ouvertes - hors Parcs marins et Aires Marines Protégées (AMP) - est réaliste. Ce sera donc à la fois l'occasion d'alimenter des étudiants en séquences ADN pour y rechercher des molécules d'intérêt, que pour sauvegarder des données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction au profit de la recherche fondamentale".
Et le Professeur Christian Siatka de préciser : "Les étapes de dosage au NanodropTM nous ont permis de quantifier les ADN extraits et d'évaluer leur pureté. Les excellents résultats d'extraction obtenus permettent de réaliser les prochaines étapes de séquençage sur NanoporeTM".
Les minuscules échantillons de douze espèces différentes d'éponges marines recueillis dans le cadre de l'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 sont remis par Yvan Griboval et Clara Bayol au Professeur Christian Siatka (au centre) à l'École de l'ADN (Nîmes). Photo OceanoScientific
Avant d'entamer le séquençage des échantillons de spongiaires, le Professeur Christian Siatka expose à Clara Bayol la procédure rigoureuse qui doit mener à l'extraction d'ADN dans les meilleures conditions, avec les plus grandes chances de succès. Photo OceanoScientific
Devant la caméra de Aurore Partouche, qui réalise la vidéo qui témoignera de cette étape cruciale du Projet REFRACOR 2030 et qui alimentera les réseaux sociaux, Clara Bayol recueille les microscopiques parcelles de l'échantillon d'une éponge pour préparer l'extraction d'ADN. Photo OceanoScientific
Étape cruciale de centrifugation pour purifier l'ADN. Le Professeur Christian Siatka réalise les opérations
sous l'œil attentif de Clara Bayol. Photo OceanoScientific
Le nettoyage des colonnes de purification contenant l'ADN fixé est désormais réalisé, on va savoir si l'ADN
de l'éponge est accessible. Ou pas... Photo OceanoScientific
Écran du MinIONTM (Oxford Nanopore Technologies) au terme du premier séquençage long read du génome d'une éponge, affichant plus de 53 millions de nucléotides analysés. Photo Christian Siatka - École de l'ADN
Mercredi 5 juin 2024
Plein succès
pour l'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024
L'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 a été réalisée au Sud de la Corse du 25 mai au 4 juin aux abords du Golfe de Porto-Vecchio, soit en dehors du Parc marin de Bonifacio, avec le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN et le semi-rigide Vanguard motorisé Suzuki. C'était la première phase-test du projet REssources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, évoqué dans nos Newsletters du 10 et du 17 avril. Le résultat est parfaitement conforme aux objectifs pourtant ambitieux : douze espèces différentes de spongiaires (éponges marines) ont été collectées et leurs 32 petits échantillons ont été conditionnés pour extraire l'ADN de ces organismes marins aux multiples propriétés, probablement riches en molécules d'intérêt au profit de la Santé et du Bien-être. Cette première Expédition OceanoScientific sous-marine a été réalisée notamment grâce au concours bienveillant de Dive Lyon, magasin spécialisé pour les plongées Tek dirigé par Rémi Prat et de Bonifacio Plongée, le club de référence du Sud de la Corse dirigé par le sympathique Jordi Rossi.
L'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 en 58 secondes : https://youtu.be/l7IkpZSvH4M
Dream Team : les trois plongeuses professionnelles : Justine Camus (Plongeuse professionnelle / Coordinatrice de l'Expédition), Michèle Leduc (Plongeuse scientifique professionnelle / Cheffe des Opérations Hyperbares), Manon Gomez y Gimenez (Plongeuse scientifique professionnelle) au terme de leur première journée de collecte à bord de la plateforme de logistique océanographique LOVE THE OCEAN avec les tout premiers échantillons de spongiaires collectés. Photo OceanoScientific
Il est 6h00, le soleil se lève sur le Golfe de Porto-Vecchio. À bord du catamaran LOVE THE OCEAN, l'équipe qui va partir plonger se prépare. Photo OceanoScientific
L'équipe d'exploration, de gauche à droite : Manon Gomez y Gimenez (Plongeuse scientifique professionnelle), Clara Bayol (Ingénieure biologiste / Responsable de la sécurité en surface), Michèle Leduc (Plongeuse scientifique professionnelle / Cheffe des Opérations Hyperbares) et Justine Camus (Plongeuse professionnelle / Coordinatrice de l'Expédition). Photo OceanoScientific
Le Vanguard - Suzuki est sur la zone de plongée, de gauche à droite : Justine Camus, Manon Gomez y Gimenez et Michèle Leduc se préparent à plonger dans des fonds de quatre à onze mètres. Photo OceanoScientific
La première tâche des plongeuses scientifiques est d'identifier un individu sur lequel sera (peut-être) prélevé un petit échantillon qui ne blessera pas l'organisme marin, puisqu'il se reconstituera, comme un cheveu ou un ongle repousse sur un être humain. Ici Justine Camus sur l'épave du navire cimentier PINELLA à proximité de la Roche de la Pecorella.
Photo OceanoScientific
Découvrir une éponge marine, parfois âgée de plusieurs centaines (milliers ? millions ?) d'années, est toujours un émerveillement. Ici une Crambe crambe. C'est une espèce d'Éponge encroûtante orange-rouge de la famille des Crambeidae. Photo OceanoScientific
Pendant que Justine filme le travail des scientifiques, Manon identifie l'espèce dont un petit échantillon va être prélevé. Michèle photographie l'individu pour enrichir la fiche descriptive de cet échantillon. Profondeur et position GPS complètent les informations relatives à la collecte. Photo OceanoScientific
Une fois le petit échantillon prélevé, il est conditionné dans un sachet Ziploc pour être remonté à bord du LOVE THE OCEAN afin que Clara Bayol puisse aussitôt le conditionner et le préserver dans un liquide de conservation adéquat. Photo OceanoScientific
Pendant que l'équipe de plongée recueille les précieux échantillons, le catamaran LOVE THE OCEAN est sagement au mouillage dans le Golfe de Porto-Vecchio. Aurore Partouche réalise le montage des vidéos sous-marines de la veille et Yvan Griboval prépare le planning du jour suivant. Photo OceanoScientific
À bord du LOVE THE OCEAN, dans la cabine à usage scientifique, Clara Bayol (Ingénieure biologiste) conditionne les petits échantillons de spongiaires en les préservant dans un liquide de conservation qui ne risque pas d'altérer leur ADN selon le protocole recommandé par le Professeur (Généticien) Christian Siatka. Photo OceanoScientific
Chaque échantillon de spongiaire est conservé dans un tube spécial de 110 mm de long et 30 mm de diamètre, dans un liquide qui permet d'éviter toute altération de l'ADN de l'individu dont est issu cet échantillon. Photo OceanoScientific
De retour au siège de l'association OceanoScientific, les 32 échantillons sont prêts à être dispatchés à destination : du Professeur Christian Siatka (École de l'ADN) pour permettre la fabrication de kits de séquençage pour les lycéennes et les lycéens des classes de Seconde, Première et Terminale ; de Éric Ginoux, Directeur de la société Life & Soft pour un séquençage ADN profond avec le matériel scientifique le plus efficace à ce jour, afin de préserver dans une base de données inédite les données génétiques de ces organismes marins menacés par la Sixième Extinction. Photo OceanoScientific
Mercredi 29 mai 2024
Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024
L'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024, réalisée avec le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN et le semi-rigide Vanguard motorisé Suzuki, va débuter ce jeudi 30 mai 2024 ses premières plongées professionnelles dirigées par Justine Camus (OceanoScientific) dans les zones les plus accessibles et les moins sensibles du Parc marin de Bonifacio. C'est un aboutissement au terme de quatre années intensives pour démarrer ce projet très innovant. Mais c'est surtout le début de la première phase-test du projet REssources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, évoqué dans nos Newsletters du 10 et du 17 avril. Nous nous engageons donc dans cette véritable croisade pour faire reconnaitre les récifs coralliens français comme un patrimoine national à préserver, à valoriser et à exploiter vertueusement au profit de la jeunesse française et des entreprises tricolores de toutes tailles, de la pousse naissante au grand groupe industriel. Nous considérons qu'il s'agit-là d'un sujet de Souveraineté Nationale. Et nous venons en Corse pour observer scientifiquement la biodiversité du Parc marin de Bonifacio, dans le strict respect des réglementations locales.
Rencontre avec un groupe de dauphins bleu et blanc au lever du jour sur le trajet entre Port Saint Louis du Rhône, notre base technique, et le Sud de la Corse. La biodiversité marine de la Méditerranée est d'une grande richesse. Photo OceanoScientific
Mercredi 15 mai 2024
Pourquoi s'intéresser aux éponges ?
Il y a près de cinq ans que l'association OceanoScientific a orienté ses activités exploratoires à vocation scientifique à destination des récifs coralliens français. Il y a plus de trois ans que la décision a été prise de se concentrer sur les spongiaires, les éponges marines. Premiers animaux multicellulaires apparus sur la Planète il y a 760 millions d'années, les éponges recèlent des molécules d'intérêt pour la Santé (Humaine - Animale), le Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et les Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution). Il y a encore peu de temps, l'exploitation de ces trésors pour l'Humanité nécessitait de prélever beaucoup d'animaux vivants. Il nous paraissait donc inconcevable d'en favoriser le pillage en démontrant les bienfaits potentiels de ces organismes marins pour l'Humanité. Jusqu'à la rencontre avec le Professeur Christian Siatka, Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN, devenu depuis vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera. Avant la fin de ce mois de mai, nous allons entamer (enfin !) la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 avec notre Lagoon 570 LOVE THE OCEAN.
Les éponges marines (spongiaires) recèlent des molécules d'intérêt pour la Santé (Humaine - Animale), le Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et les Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution). Éponges des Antilles - Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Le Professeur Christian Siatka nous a donc orienté sur la voie de la génétique. Avant lui, le Professeur Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS à l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie Marine - IMBE basé à la Station Marine d’Endoume (Marseille), nous a communiqué sa passion pour les spongiaires, lui qui sillonne inlassablement le Monde entier pour mieux connaître ces "drôles" d'animaux benthiques sessiles qui peuplent les récifs coralliens et en sont de précieux facteurs de la bonne santé de la biodiversité ambiante.
Désormais, le Professeur Christian Siatka, est le mieux à même d'exposer pourquoi nous nous intéressons aussi passionnément aux éponges : "Les éponges marines (spongiaires) sont des organismes clés dans les écosystèmes marins qui font partie des formes de vie les plus anciennes et les plus primitives de la vie animale sur Terre. Elles ont en effet colonisé les océans il y a environ 760 millions d'années. Elles sont fascinantes non seulement pour leur rôle de filtration de l'eau, mais également comme source de diversité microbienne impressionnante, offrant un réservoir pour la bioprospection. Leur microbiome complexe est composé d'une multitude d'unités taxonomiques opérationnelles, chacune jouant un rôle écologique spécifique et contribuant à la santé et à la survie de l'hôte."
"Les technologies de séquençage de nouvelle génération (NGS) ont révolutionné notre capacité à analyser ces communautés microbiennes, produisant des données génétiques détaillées qui révèlent des informations précieuses sur l'adaptation et la fonction de ces organismes. En parallèle, l'application de l'intelligence artificielle (IA) à ces données a permis une exploration plus poussée, identifiant des séquences génétiques rares et établissant des liens phylogénétiques complexes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la recherche biomédicale et biotechnologique. Ces avancées ont également des implications pour la résilience des écosystèmes marins face aux changements environnementaux et pour la conservation de la biodiversité marine."
"En définitive, l'alliance de ces technologies de pointe illustre le potentiel immense des écosystèmes marins et promet de catalyser des progrès significatifs dans la biotechnologie marine. C'est évidemment une source durable de nouveaux métiers à court et moyen terme pour les jeunes."
"L'étude détaillée du microbiome des éponges marines révèle non seulement la diversité des espèces bactériennes présentes, mais aussi la richesse fonctionnelle de ces communautés. Des études métagénomiques et métabolomiques ont montré que les microbiotes d'éponges produisent une gamme de métabolites secondaires, dont certains possèdent des propriétés antibactériennes, antifongiques et antivirales (Pita et al., 2018)."
"Ces métabolites sont non seulement des candidats prometteurs pour des applications pharmaceutiques, mais ils sont également essentiels pour la survie et la santé de l'éponge, suggérant une symbiose évoluée pour la défense contre les pathogènes et la compétition inter-espèces."
Les scientifiques ont recensé environ huit mille espèces d'éponges, mais ils supputent qu'il y a probablement le double, le triple, voire plus depuis que des missions très profondes ont permis d'en découvrir à plus de deux mille mètres de fond. Éponges des Antilles - Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
"La récente révolution des technologies de séquençage de nouvelle génération (NGS) a permis de générer des quantités massives de données génétiques à partir des éponges et de leurs communautés microbiennes."
"Les plateformes de NGS, long read et short read, offrent une résolution sans précédent des profils génétiques, révélant non seulement l'identité des espèces présentes, mais aussi leur fonctionnement biologique potentialisé (Taylor et al., 2013)."
"L'analyse bio-informatique de ces vastes ensembles de données a mis en lumière l'adaptation spécifique des microbiotes d'éponges à leur environnement et à leur hôte, et les stratégies métaboliques qu'ils emploient pour prospérer dans les habitats marins diversifiés (Fan et al., 2012)."
"L'ampleur des données produites par le séquençage de nouvelle génération pose des défis en matière de stockage, de gestion et d'analyse des données. C'est ici que les outils bio-informatiques deviennent indispensables. Ils permettent de gérer des bases de données volumineuses et d'appliquer des algorithmes de traitement de données pour annoter les séquences et prédire leur fonction (Quince et al., 2017)."
"L'usage de l'Intelligence Artificielle (IA) dans les études marines constitue une avancée majeure, en particulier dans l'analyse complexe du séquençage. Les algorithmes d'apprentissage machine, tels que les réseaux de neurones convolutifs et l'apprentissage en profondeur, peuvent traiter et interpréter ces grandes quantités de données de séquençage avec une précision et une rapidité sans précédent."
"L'application de ces outils d'IA a permis de révéler des relations phylogénétiques complexes, d'identifier des séquences génétiques rares et de prédire des fonctions métaboliques, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour la caractérisation de nouvelles espèces microbiennes et la découverte de composés bioactifs (Moitinho-Silva et al., 2017)."
"L'intégration de l'IA et des technologies de séquençage avancées de nouvelle génération (NGS) dans l'étude des éponges marines est une avancée majeure pour la science. Elle permet de décrypter la complexité des communautés microbiennes, d'établir des cartographies phylogénétiques précises et de découvrir des gènes aux potentielles applications thérapeutiques".
En conclusion, de telles opportunités scientifiques ouvrent de nouvelles voies professionnelles, tant en termes de recherche que d'exploitation. Il s'agit des métiers émergents de l'Économie Bleue au sujet desquels nous souhaitons mobiliser les jeunes lycéennes et lycéens au moment où ils doivent faire des choix d'orientation conformément au dispositif Parcoursup.
Ce sera le thème de la deuxième édition du Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain, programmée durant le premier trimestre de l'année scolaire 2024-2025, décrétée Année de la Mer par le Président de la République pour mener à la troisième Conférence des Nations Unies pour l'Océan - UNOC Nice 25, qui se tiendra dans la cité de la Baie des Anges du 5 au 15 juin 2025.
La première Expédition OceanoScientific Porifera du cycle 2023-2030 va conduire l'équipage de la plateforme de logistique océanographique LOVE THE OCEAN au Sud de la Corse. Elle naviguera en autonomie totale, sans émission de CO2, bien que son équipage la mènera dans des zones accessibles à tous. Éponges de Méditerranée - Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Mercredi 17 avril 2024
Les éponges au service de l'Humanité
Nous avons évoqué dans notre newsletter du 10 avril l'immense patrimoine corallien français de 58.000 kilomètres carrés, disséminé dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique, sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Nous avons également mis en évidence que cette fantastique richesse nationale n'est pas exploitée comme elle devrait l'être logiquement, notamment au profit de la jeunesse française et des entrepreneurs de notre territoire. Nous avons aussi démontré qu'aujourd'hui ces ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers (Blasiak et al. 2018), sans que les sites d'origine des organismes marins qui génèrent les molécules d'intérêt à usage de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement ne bénéficient du moindre euro réalisé par ces exploitants sous pavillons étrangers. Nous sommes à l'initiative du Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, fruit de plus de trois années de travail. Nous proposons une démarche simple et efficace de SOUVERAINETÉ NATIONALE qui conjugue : exploitation vertueuse, préservation de la biodiversité et réel partage des avantages. Tout ce que le Protocole de Nagoya est censé mettre en œuvre, sans aucun succès. Pour le moins pas en France. Explication à suivre…
Grâce à la génétique, sans tuer ni blesser les éponges, apparues sur la Planète il y aurait 650 millions, voire 750 millions d'années, il va être possible d'en extraire les précieuses molécules d'intérêt au service de l'Humanité : Santé, Bien-être, Services à l'Environnement. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Concepteur du projet REFRACOR 2030, Yvan Griboval explique : "Lorsque je suis revenu de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2026-2017, qui fut la première campagne de collecte de données scientifiques à l'interface Air-Mer - à la voile et en solitaire de surcroît - dans le Courant Circumpolaire Antarctique sous les trois grands cap continentaux et que je partageais mon expérience au gré de conférences ou devant des élèves du primaire (CM1-CM2), j'ai pris conscience qu'évoquer les données collectées qui n'avaient aucune valeur marchande ne mobilisait absolument pas mes auditeurs. Cela ne les incitait pas à préserver l'Océan. Je passais donc complètement à côté de la cible. Simplement parce qu'en général ce qui n'a pas de valeur : marchande, affective, personnelle…, ne justifie pas d'être respecté, préservé. Puisque cela ne vaut rien. Pourquoi diable étais-je allé si loin au péril de ma vie collecter ces données physico-chimiques, bien que de qualité, pour lesquelles seul un groupe restreint de scientifiques avait un intérêt. Un faible intérêt puisque n'engageant aucun euro pour se les procurer…"
"Alors, je me suis documenté pour savoir ce qui pourrait avoir de la valeur dans l'Océan au point de générer un intérêt assez fort du plus large public pour qu'il ait envie de le protéger. Car ma démarche était et demeure de mobiliser les Terriens à préserver la Mer et sa biodiversité. Sans aller bien loin, la littérature scientifique étant abondante, je me suis documenté au sujet des récifs coralliens. Pas de doute, les organismes qui y sont nichés recèlent des ressources quasiment infinies pour des usages au profit de l'Humanité. Tous les scientifiques consultés, dont, en priorité, Denis Allemand, Directeur Scientifique du Centre Scientifique de Monaco, réputé pour y étudier et élever des coraux depuis la fin des années 80, ont confirmé le bien-fondé de ce choix."
"Encore fallait-il se décider à se concentrer sur un organisme marin en particulier, tellement la richesse de la biodiversité de ces sites coralliens est immense. Les scientifiques s'accordent à estimer qu'ils accumulent environ 25% des organismes marins de l'Océan qui représente lui-même 71% de la Planète. Premier réflexe : s'intéresser au corail. Jusqu'au moment où une conversation à Brest en marge du One Ocean Summit, le 10 février 2022, avec l'éminent biologiste Gilles Bœuf - avec qui je m'étais entretenu pour la première fois à son bureau lorsqu'il était Président du Muséum National d'Histoire Naturelle - m'orienta définitivement vers les spongiaires (éponges) : "Des animaux extraordinaires qui méritent de s'y intéresser car ils peuvent apporter beaucoup aux êtres humains", selon Gilles. Ensuite, la rencontre avec Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE au sein de la Station Marine d’Endoume (Marseille) et sûrement le plus grand spongiologue français en activité à ce jour, disciple lui-même de Jean Vacelet, me convainquit de concentrer les efforts des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens et du Projet REFRACOR 2030 sur le thème des éponges."
"Mais en creusant le sujet, j'ai découvert que pour extraire les précieuses molécules, ces principes actifs à usage de la santé des êtres humains, il était nécessaire de disposer d'immenses quantités d'organismes vivants. J'en veux pour preuve la découverte en 1969 par le Professeur Kenneth L. Rinehart (1929-2005) de l'Université de l'Illinois (États-Unis) selon laquelle un extrait d'une ascidie (Ecteinascidia tubinata) de la Mer des Caraïbes recélait des molécules actives anticancéreuses (Ecteinascidin 743). Cette molécule a été purifiée en 1984 au sein de l'Université de l'Illinois. Mais son possible usage à des fins d'anticancéreux n'a été publié qu'en 1996 par le Professeur Elias James Corey, chimiste au sein de l'Université de Harvard (États-Unis) et Prix Nobel de Chimie 1990. Le brevet d'usage de cette molécule, commercialisée aujourd'hui par l'entreprise espagnole PharmaMar, a été déposé par Harvard. Mais revenons à l'essentiel : il a été nécessaire de tuer une tonne d'ascidies pour obtenir un gramme de principe actif. Or, il faut au moins cinq grammes pour un essai clinique !"
"Bref, je découvrais avec stupeur que mettre en évidence la richesse moléculaire des organismes marins des récifs coralliens ne pouvait qu'encourager le pillage et la destruction des précieux récifs, l'appauvrissement de leur fantastique biodiversité. Tout l'opposé de ma démarche initiale !"
"Que de nuits blanches à ressasser ce paradoxe… Jusqu'à la rencontre avec le Professeur Christian Siatka, Généticien devenu depuis vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera. "Si je te prends un cheveu, un morceau d'ongle, je ne te fais pas mal et j'obtiens ton ADN", m'expliqua-t-il fort simplement. "Et si tu fais de même avec de minuscules morceaux d'éponges, tu obtiendras leur ADN. Il sera possible d'y rechercher des molécules d'intérêt par des travaux de bio-informatique sans avoir besoin, ni de tuer, ni de blesser la moindre éponge et encore moins de retourner la déranger sur son récif".
"Dans ces conditions, il devenait possible de valoriser le patrimoine récifal français en s'intéressant aux éponges, réputées pour leurs propriétés exceptionnelles. Il s'avérait surtout possible également de préserver les précieuses données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction, elle-même en phase d'accélération du fait du dérèglement climatique. Voici donc comment se bâtirent les fondamentaux du Projet REFRACOR 2030."
Les récifs coralliens français sont aujourd'hui un spectacle naturel (magique !) pour les touristes et le terrain
d'exploration de la recherche scientifique fondamentale. Ils sont aussi une réserve infinie de molécules d'intérêt
à usage des êtres humains. Un patrimoine national à préserver. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches
CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Nous avons déterminé trois grands objectifs au Projet REFRACOR 2030 :
Premier objectif : Préserver le fantastique patrimoine des REssources FRAnçaises CORalliennes de : Méditerranée - Océan Atlantique / Mer des Caraïbes - Océan Indien - Océan Pacifique et d'en permettre l'usage vertueux grâce à un traitement génétique (numérique) qui ne tue ni ne blesse les organismes marins.
Deuxième objectif : Garantir au territoire d'origine des échantillons prélevés un profit significatif généré par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle - incluant le dépôt de brevets pour une protection renforcée - relative à l'usage de molécules d'intérêt issues d'organismes marins. Pour cela il est nécessaire d'établir une parfaite traçabilité des échantillons, puis des données numériques qui en sont issues. La blockchain nous le permet.
Troisième objectif : Permettre la création de nouveaux métiers de l'Économie Bleue par le traitement génétique (numérique) des ressources françaises coralliennes au profit des lycéens et des jeunes étudiants jusqu'à BAC + 3, prioritairement à ceux originaires des sites de prélèvement des échantillons d'organismes marins. Par exemple, former prioritairement les jeunes Guadeloupéennes et Guadeloupéens à la génétique appliquée aux organismes marins du Parc national de la Guadeloupe en collaboration avec les filières pédagogiques locales. L'Intelligence Artificielle (IA) aidera à établir un pont entre le travail des étudiants, d'une part et l'univers français des start-ups et celui des industries concernées, d'autre part.
À moyen terme, l'objectif est de mettre au point le texte d'un cadre réglementaire applicable à TOUTES les ressources françaises coralliennes et de le présenter à la communauté internationale en guise de document fondateur d'une future réglementation internationale pour renforcer le Protocole de Nagoya, afin de préserver aussi bien le vivant que les données génétiques (numériques) qui en sont issues. Une innovation majeure !
À plus long terme, l'objectif est de participer ainsi au financement de la mise en œuvre d'Aires Marines Protégées et de Réserves Naturelles Nationales en compensant la diminution des recettes d'exploitation touristique des récifs coralliens - qui menace leur biodiversité - par des profits financiers garantis par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle relative à l'usage de molécules d'intérêt issues des organismes marins des sites concernés.
FINALITÉ DU PROJET REFRACOR 2030
En résumé, la finalité du projet de souveraineté nationale REFRACOR 2030 est de : Protéger efficacement et valoriser vertueusement le patrimoine des fantastiques ressources sous-marines françaises ; Créer des filières d'excellence pour les jeunes en collaboration durable avec nos Outre-mer ; Développer l'Économie Bleue de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement conformément à l'Objectif 7 de France 2030 : "Produire en France au minimum 20 biomédicaments, en particulier contre les cancers, les maladies rares, les maladies chroniques, dont celles liées à l'âge".
Désormais, nous réalisons la phase-test du Projet REFRACOR 2030 au gré de la mise en œuvre des Expéditions OceanoScientific Porifera, à la voile en autonomie totale sans émission de CO2 avec notre Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, intégralement équipé en plateforme de recherche océanographique, grâce au soutien de nos partenaires et mécènes, mais également d'industriels qui mesurent l'intérêt d'une exploitation vertueuse des ressources coralliennes pour en préserver la biodiversité. Une démarche dans l'intérêt des populations des sites coralliens concernés, car ce seront les premiers gardiens du trésor national !
Parallèlement, nous proposons au gouvernement français une ébauche de convention de préservation de notre patrimoine récifal national. Nous espérons qu'elle sera reprise par l'ensemble des pays réunis au sein des Nations Unies. Cela tombe bien : leurs représentants seront à Nice du 5 au 15 juin 2025 à l'invitation du Président de la République Emmanuel Macron dans le cadre de la troisième Conférence pour l'Océan - UNOC Nice 25…