Questions - Réponses
Questions posées par les Kids à l'occasion de liaisons téléphoniques par satellite
École Jean Charcot - 14150 Ouistreham le Mardi 13 décembre 2016
- CE2 - Monsieur Sébastien Hoonaert
- CM1 - Mesdames Françoise Genon et Céline Commeureuc
École Saint Louis - 14390 Cabourg le Jeudi 15 décembre 2016
- CM1 - Monsieur Laurent Laschenaie
- CM1-CM2 - Madame Cathy Bellavoine
- CM2 - Mesdames Muriel Roleau et Vanessa Boulais
École de La Condamine - 98000 Monaco le vendredi 16 décembre 2016
- CE2 - Aurélien Ranaldi
- CE2 - Mylène Puget
- CM1 - Laeticia Canel
- CM2 - Madame Jessica Corso
Pourquoi as-tu choisi l'albatros comme symbole sur ton bateau ?
L'albatros est l'emblème de l'association OceanoScientific et des expéditions autour de l'Antarctique de la Campagne OceanoScientific, parce que c'est un oiseau qui vit justement exclusivement dans les mers qui bordent le continent antarctique. C'est vraiment le symbole de cette partie du monde, où nous allons collecter des données pour la communauté scientifique internationale.
Comment as-tu eu ce bateau extraordinaire ?
C'est un voilier de performance que j'ai imaginé, qui a été conçu par le cabinet d'architecture Finot-Conq qui a réalisé quatre bateaux vainqueurs du Vendée Globe, puis qui a été construit et préparé en Normandie sous mon contrôle et selon mes directives.. Il a coûté deux millions d'euros et nous n'avons toujours pas fini de le payer. Mais on peut considérer que c'est le voilier dont je rêvais lorsque j'avais 12-15 ans : une voilier rapide d'une quinzaine de mètres pour faire le tour du Monde en solitaire.
Comment faut-il faire pour devenir une exploratrice comme vous ?
Il faut rêver. Il faut avoir envie d'aller là où personne ne va par curiosité et par envie de raconter ce qu'on va voir, ce qu'on va vivre. Il ne faut jamais, jamais, laisser s'envoler les rêves, mais toujours croire qu'on va le réaliser, car les rêves se réalisent toujours à force de volonté. Il faut te dire que tout est possible. Il suffit de le vouloir assez fort.
Est-ce que c'est difficile d'affronter cette aventure ?
Ce qui est difficile c'est la préparation. Si tout est bien préparé, l'aventure peut être réalisée, voire être agréable. C'est donc tout le travail avant de larguer les amarres qui est difficile. Et puis, quand on a des déceptions, des difficultés pendant la préparation, il ne faut jamais lâcher, jamais renoncer. Ça, parfois, c'est vraiment difficile.
Combien de voiles as-tu sur ton voilier ? As-tu des voiles de secours ?
Boogaloo a une grand-voile, une grande voile d'avant qui s'appelle un Solent et une plus petite qui est la Trinquette. Je déroule l'une ou l'autre selon la force du vent. Ou je les roule toutes les deux et j'utilise alors : soit un Gennaker, une sorte de très grand foc pour le vent de travers, soit un Spi pour le vent arrière. Et puis j'ai un Tourmentin, un tout petit foc de tempête. Mais je n'ai pas à proprement parler de voiles de secours.
Quels animaux avez- vous croisés ?
Je n'ai pas vu beaucoup d'animaux depuis que je suis parti de Monaco. De rares oiseaux, quelques dauphins et beaucoup de poissons volants depuis que je navigue dans les alizés et que je me rapproche de l’Équateur dans des eaux chaudes.
Avez-vous vu un albatros ?
Il n'y a pas d'albatros dans l'Hémisphère Nord, ni dans l'Hémisphère Sud avant d'atteindre le 35-40e parallèle Sud. Donc pour l'instant je n'en ai pas vu, mais j'en verrai lorsque j'aurai dépassé Cape-Town, à la pointe de l'Afrique du Sud.
Avez-vous vu des dauphins blancs ?
Non, les dauphins blancs sont très rares et je ne vois que des dauphins plus ou moins gris.
Est-ce que tu as de la joie quand tu vois des animaux ?
Évidemment, je suis très heureux lorsque je vois des animaux et assez triste en ce moment dans l'alizé, le matin, lorsque je remets à l'eau les pauvres poissons volants qui ont atterri sur le pont dans la nuit et qui n'ont pas réussi à retrouver le chemin de la mer. De temps en temps, lorsque je manœuvre et qu'il y en a un qui arrive sur le pont, je l'aide à vite repartir.
Quelle autre espèce sous-marine vivante as-tu rencontré (à part les poissons et les dauphins) ?
En me rapprochant de l'Équateur il y a beaucoup de sargasses qui flottent en surface. Ce sont de petites algues toutes enchevêtrées les unes dans les autres, qui se sont décrochées du fond de la mer à environ 5 000 mètres de profondeur et qui dérivent désormais en surface. Beaucoup de petits poissons, de minuscules crustacés s'agrippent autour. Il y a un véritable écosystème qui se crée autour d'elles. Mais je ne vois pas tous les animaux qui y vivent. Juste les sargasses qui dérivent et, souvent, se prennent dans le gouvernail et dans l'hydro-générateur.
Est-ce que tu as vu des requins ?
Non, pas de requin à l'horizon. C'est très rare d'en voir. De toute ma vie de marin, je n'en ai vu qu'un. Mais un gros, qui suivait le voilier en attendant que quelque chose ou quelqu'un tombe à l'eau pour le manger.
Est-ce que tu pêches ?
Je ne pêche pas à bord de Boogaloo, ce n'est vraiment pas un bateau pour cela. A la vitesse à laquelle nous allons, nous ne pêcherions que des thonidés ou des dorades coryphènes et je serais bien dans l'embarras si je me retrouvais avec un tel poisson à bord...
As-tu vu des baleines ?
Non, pas de baleine à l'horizon. Là où je navigue en ce moment en me rapprochant de l’Équateur c'est normal, les eaux sont beaucoup trop chaudes pour ces animaux d'eaux froides. J'en verrai peut-être au sud du Pacifique, c'est possible.
Comment vas-tu ?
Je vais bien, je suis en bonne forme physique et je suis heureux d'être en mer.
Vous arrive-t-il de vous ennuyer ?
Je ne m'ennuie pas du tout et je ne vois pas le temps passer. Par exemple, aujourd'hui, je me suis dit tiens, cela va faire une semaine que je suis parti de Cartagena. En fait, cela en fera deux.
Êtes-vous fatigué ?
Je n'ai pas la sensation de fatigue. Maintenant que je suis très au large, loin des routes des cargos et loin aussi des zones de pêche, je peux dormir par tanches de 1h30 à deux heures. Donc, je me repose bien.
Vous sentez-vous en bonne santé ?
Oui, je suis en super bonne santé et, au moins, là où je suis j'ai l'assurance que l'air que je respire n'est pas pollué par les usines ni les gaz d'échappement des voitures et camions !
Vous réveillez-vous souvent pendant la nuit ?
En voilier, les jours et les nuits se ressemblent. On alterne des périodes de veille, avec des manœuvres et des périodes de repos, avec des phases de sommeil. C'est vrai que je suis plus éveillé lorsque la lune luit fort et que le ciel est bien dégagé avec des millions d'étoiles. C'est tellement magique....
Vous reste-t-il assez de nourriture ?
On a toujours un peu tendance à embarquer trop de nourriture et, par ailleurs, je ne mange pas beaucoup lorsque je suis en mer. Juste lorsque j'ai faim et je me force un peu afin de consommer assez de calories et de vitamines pour être en forme. En tous cas, je ne vais pas manquer de vivres !
Est-ce que tu arrives à dormir ?
Une fois que je décide que je vais prendre du repos, je m'endors quasiment instantanément. Même lorsque Boogaloo saute dans tous les sens et tape dans chaque vague. C'est une grande chance de pouvoir le faire, afin de pouvoir bien récupérer.
Comment vas-tu aujourd'hui, après un mois de voyage ? Es-tu heureux ?
Je vais bien depuis que je suis parti de Monaco le 17 novembre. Et je suis super heureux d'avoir déjà parcouru tout ce chemin sans problème majeur. Ni mineur d'ailleurs.
Quelle sensation cela fait de dormir sur un bateau ?
J'aime beaucoup dormir sur un bateau. Un petit bateau comme Boogaloo, où on a l'impression d'être en pleine nature, mais à l'abri quand même. C'est une sensation très agréable. En ce qui me concerne...
Avez-vous le mal de mer ?
Non, j'ai cette chance extraordinaire de ne pas être sujet au mal de mer. Parfois je suis un peu nauséeux, souvent le signe d'une forte fatigue et/ou d'une mauvaise alimentation. Il m'arrive de vomir trois fois rien et après ça va mieux. Un peu comme, à terre, quand on ne digère pas un aliment. Mais je n'ai jamais le mal de mer qui rend incapable de faire le moindre mouvement. Heureusement, car je ne pourrais pas faire ce que je fais actuellement !
Pas trop difficile de rester seul sur Boogaloo ?
Je suis seul dans les faits à bord de Boogaloo, mais pas en pensées. Je suis près des êtres que j'aime, mon épouse Cécile, mes enfants, mes amis. Au contraire, peut-être, je pense plus à eux qu'à terre dans le tourbillon des mille et une choses qui encombrent le quotidien d'un terrien.
Votre famille vous manque-t-elle ?
Évidemment, j'aimerais être proche de ma famille, surtout en cette période de Noël, mais lorsqu'on a un esprit de marin et d'explorateur c'est nécessaire de pouvoir partir ...et de revenir avec de belles histoires, avec des aventures à partager. En famille, justement.
À l'approche de Noël ne vous sentez-vous pas trop seul ?
Pour être vraiment sincère, je n'ai jamais vraiment aimé Noël. Ou tout du moins, depuis tout petit, je ressens une immense tristesse à l'approche de Noël. C'est plus juste que de dire que je n'aime pas Noël. Mais je n'aime pas du tout ce sentiment de tristesse intimement lié à Noël. Comme enfant, comme adulte et comme père de famille, rien n'a changé, je suis triste. Heureux de voir mes proches heureux. Mais triste, voilà. Alors cette année, tout seul avec Boogaloo en pleine mer, je ne sais pas....
Cela te plait-il toujours d'être seul en mer ?
Oui, c'est un grand bonheur, un immense privilège de pouvoir aller seul en mer comme je le fais. J'ai beaucoup de chance, j'en suis conscient et je remercie toutes celles et tous ceux qui me permettent de réaliser ce rêve de petit garçon.
Le bonheur est-il avec vous ?
Oh que oui, le bonheur est avec moi !
Quelles conditions météo rencontrez-vous actuellement ?
Depuis le départ de Monaco, en dehors de la Méditerranée et le long des côtes marocaines juste après le Détroit de Gibraltar, j'ai de très bonnes conditions météo. Cela permet de couvrir de belles distances en 24h00 et de me rapprocher de la zone d'expédition scientifique : autour de l'Antarctique.
A quelle vitesse se déplace le bateau ?
Dans l'absolu, Boogaloo va vite en toutes circonstances pour un voilier de seize mètres. C'est vraiment un bateau de performance. Après, tout dépend de la force et de la direction du vent, mais en moyenne, nous allons à 10-11 nœuds. Comme mon ami Loïck Peyron a coutume de le dire : "en voilier on va à la vitesse d'une vieille dame à bicyclette". Mais il exagère un peu Loïck, je vais quand même un peu plus vite. Mais pas beaucoup...
Pourquoi avez-vous mis le cap à l’ouest ?
Sur l'Océan, il n'y a pas de routes prédéfinies pour un voilier. Il faut, soit faire avec ce qu'on a ; soit aller chercher des conditions favorables, parfois en faisant un grand détour. C'est le cas lorsque je vais plusieurs jours cap à l'Ouest, alors que la route théorique est plein Sud. Mais après plusieurs jours à nous éloigner de la route logique, nous pénétrons dans un régime de vents portants qui nous font aller vite cap au Sud.
Est-ce que Boogaloo va bien ?
Boogaloo est en grande forme, il surfe et galope sur les vagues sans jamais ralentir, sans jamais fatiguer. Et je veille à sa grande forme et à ne pas trop le fatiguer. La route est longue...
Avez-vous eu un problème technique avec votre voilier ?
Pour l'instant, nous avons de la chance, notre préparation semble efficace et nous ne rencontrons aucun problème technique. C'est rassurant pour la suite. Mais il faut être particulièrement vigilant, avec beaucoup d'humilité, car tout peut toujours arriver. Alors, prudence !
Comment feras-tu quand il y aura de gros orages ou de la pluie ?
La pluie, en mer, c'est plutôt une très bonne chose, car cela permet d'enlever tout ou partie de la couche de sel qui s'amoncelle sur chaque objet, qui rend le pavillon français à l'arrière comme du carton et qui transforme les cordages en bâtons. Les orages, c'est différent. On n'aime pas, nous les marins. On craint la foudre qui touche le mât et détruit tout l'électronique à bord. Voire pire. On n'aime pas les fortes rafales sous les orages. Normalement c'est dans le Pot au Noir qu'ils sont le plus violents, le plus redoutés. Mais je pense que nous allons y échapper, au moins à la descente de l'Atlantique.
Les conditions de navigation sont-elles bonnes sur les côtes du Brésil ?
Normalement, au mois de décembre, les conditions de navigation le long du Brésil sont favorables pour permettre de gagner vers le Sud. Mais il se peut aussi qu'il y ait de fortes dépressions.
Quelles étaient les conditions dans le Pot au Noir ?
Je viens tout juste d'entrer dans la zone où se situe le Pot au Noir habituellement, mais il n'est pas au rendez-vous. Il est beaucoup plus à l'Est en ce moment. Et j'en suis ravi, car c'est une zone difficile à naviguer à la voile. Ne pas avoir le subir est une réelle chance que je savoure à sa juste mesure.
As-tu vu de grosses vagues ?
Nous dévalons de belles vagues en ce moment, mais la grosse houle du Sud, c'est pour dans un mois, lorsque nous serons dans le Courant Circumpolaire Antarctique, dans des zones maritimes surnommées les Quarantièmes Rugissants et les Cinquantièmes Hurlants, en référence au bruit que fait le vent lorsqu'il souffle dans ces contrées hostiles.
Météo-France annonce du mauvais temps, essaye de faire de ton mieux pour échapper au mauvais temps !
Merci beaucoup pour ce conseil judicieux ! Grâce à nos partenaires Météo-France, nous bénéficions de très bonnes prévisions météorologiques, qui me permettent de choisir des routes où la brise ne souffle pas en tempête. Et je bénéficie des conseils d'un routeur - Christian Dumard - qui étudie la météo de son bureau, en utilisant aussi bien les bulletins météo européens, américains, qu'australiens et il m'aide à prendre la bonne route, en évitant le mauvais temps.
As-tu eu beaucoup de vent ?
Dans l'ensemble nous avons une brise plutôt forte, oui, qui correspond à ce que Boogaloo aime bien pour aller vite régulièrement.
Est-ce que le sillage provoque de grosses vagues ?
Pour qu'un sillage provoque de grosses vagues, il faut que la partie immergée du bateau, ce qu'on appelle la carène, soit très volumineuse. Comme celle d'un cargo, d'un paquebot, par exemple, qui déplace beaucoup d'eau lorsqu'il avance.. Or, la carène de Boogaloo ressemble plutôt à une celle d'une planche à voile, très plate. Alors, non, notre sillage ne fait pas de grosses vagues, juste de belles gerbes d'écume et d'embruns du fait de la vitesse.
As-tu déjà essuyé un grain ?
Dans ma carrière de marin, je ne compte plus les grains. Et des méchants. Mais depuis que nous sommes partis de Monaco, nous n'en avons eu seulement dans le Détroit de Gibraltar et après, le long des côtes marocaines. Ils pas trop méchant, ça allait...
Est-ce que tu as déjà eu peur de chavirer ?
Je ne crains pas de chavirer en monocoque, car il y a une quille avec un gros lest en plomb de plusieurs tonnes à son extrémité qui évite, justement, que le voilier ne se couche et qu'il risque de chavirer.
Est-ce que cela vous fait peur d'être seul sur votre voilier dans une tempête ?
Pour l'instant je n'ai jamais connu la peur sur un voilier, même dans des conditions délicates. Par contre, le stress de casser quelque chose, oui je l'ai déjà ressenti et je le vivrai encore, évidemment. Le tout c'est qu'il ne dure pas trop longtemps ce stress, et qu'il ne se transforme pas en angoisse, car, à ce moment-là, la peur se rapprocherait.
Pourquoi utilises-tu un réveil car tu n’es pas dans une course comme le Vendée Globe ?
D'une part, même dans de bonnes conditions, on ne peut pas laisser un voilier livré à lui-même trop longtemps. Il faut toujours demeurer vigilant. D'autre part, si je suis assuré de me réveiller, alors je peux m'endormir paisiblement et atteindre vite le sommeil réparateur. Enfin, disposer d'un réveil qui fait beaucoup de bruit, comme mon SamSam, me garanti un réveil à l'heure fixée, sans stress.
As-tu déjà eu envie de casser SamSam le réveil qui te casse la tête ?
Pauvre SamSam, qui me rend bien service, oh que non je n'ai pas envie de lui casser la tête. Et c'est un cadeau de mes enfants Quentin, Malo et Léa, alors j'en prends au contraire grand soin...
Avez-vous dépassé l’Équateur ?
Je n'ai pas encore coupé La Ligne, comme on dit lorsqu'on franchit l’Équateur en bateau. Mais il approche...
Est ce que vous avez souvent des déchets comme ceux ramassés en Méditerranée ?
Une fois au large on voit moins de déchets. Pour deux raisons. La première est que plus on s'éloigne des côtes moins on est vigilant à tout le temps regarder autour de soi s'il n'y a pas des bateaux et des obstacles en tous genres. La seconde raison est qu'au large les déchets ont été broyés par les vagues et qu'ils se sont transformés en minuscules particules. La pollution est bien présente, sous sa forme la plus insidieuse, mais on ne la voit pas.
Le temps est-il convenable pour respecter la durée de 110 jours de voyage ?
Oui, tout va bien pour une navigation d'environ 110-120 jours comme imaginés au départ, auxquels il faut ajouter évidemment, le temps passé en escale. Mais je ne fais pas une course, je ne tente pas un record, alors je ne suis pas à quelques jours près...
Êtes-vous dans le planning ?
Dans l'ensemble, le planning est respecté, en dehors du temps passé en escale. Mais il n'y a aucune obligation de ne pas s'arrêter. Par conséquent, le bon planning est celui que j'établis au fil du temps.
Avez-vous hâte d’arriver en Antarctique ?
Je ne vais pas en Antarctique, je vais tourner autour de l'Antarctique. C'est très différent. Et oui, j'ai hâte d'arriver dans le Courant Circumpolaire Antarctique et démarrer l'expédition scientifique.
Dans combien de temps arriveras-tu en Antarctique ?
Nous allons pénétrer dans le Courant Circumpolaire Antarctique dans un petit mois, vers le 15 janvier.
Quelle est la plus belle chose que vous ayez vue depuis votre départ de Monaco ?
Ce que j'ai vu de plus beau depuis le départ de Monaco, c'est la mer. Et le ciel. Et la mer... Et le ciel aussi, sans un seul nuage, avec une belle lune presque ronde et des millions d'étoiles. Avec une étoile filante aussi.
Est-ce que votre technique de transformation de l’eau fonctionne bien ?
Le dessalinisateur fonctionne très bien, surtout lorsque l'eau est autour de 25° comme en ce moment à proximité de l’Équateur. Je le fais fonctionner environ 1h30 tous les deux jours et j'obtiens toute l'eau douce dont j'ai besoin.
Comment fais-tu pour nous envoyer des lettres ?
Je rédige un texte sur mon ordinateur personnel (Mac) ou sur l'ordinateur de bord (PC), puis je mets le fichier dans un mail que j'expédie par liaison satellite à Cécile, mon épouse et Déléguée générale de l'association OceanoScientific qui organise notre expédition. Cécile met le texte en forme, corrige les fautes de frappe, parce qu'à bord ce n'est pas toujours facile de mettre le doigt sur la bonne touche lorsque Boogaloo saute dans tous les sens, puis vous l'expédie après l'avoir mis sur le site Internet de l'association. C'est assez simple en fait.
Avez-vous croisé des skippers du Vendée Globe ?
Toute la flotte du Vendée Globe est très, très loin devant. Et les premiers remonteront l'Atlantique Sud près du Cap Horn, alors que nous serons à l'opposé, près du Cap de Bonne-Espérance. Donc il n'y a aucune chance de se voir ou même de s'approcher. Par contre, je vais peut-être croiser Thomas Coville (Sodebo) près de l’Équateur, alors qu'il remonte triomphalement vers Brest dans le cadre de sa tentative de record du tour du monde en solo.
Y a-t-il beaucoup de bateaux autour de vous ?
Je suis actuellement dans un véritable désert océanique, il n'y a aucun bateau : pas de cargo, de paquebot ou de pêcheur. Rien. Que Boogaloo.
Avez-vous rencontré des pirates ?
Je ne suis pas dans Astérix avec les pirates qui surgissent toutes les cinq pages et que Obélix envoie par le fond en quelques coups de sangliers bien placés. Mais la question est loin d'être sotte, car il y a de plus en plus de zones maritimes de par le Monde qui sont infestées de pirates très dangereux, qui n'hésitent pas à tuer l'équipage pour piller le bateau. Justement, une des zones les plus dangereuses, peut-être même LA zone la plus dangereuse est pile dans mon Est, très loin de moi heureusement. C'est le Golfe de Guinée, sous la corne de l'Afrique. Pas question d'y pointer l'étrave de Boogaloo...